Vers tes autels Jupin, nous accourons joyeux !

par

A Liège
De toutes les opérettes d’Offenbach, La Belle Hélène (1864) est la plus théâtrale, en ce sens qu’elle contient le plus de dialogues. Le joyeux tandem Corinne et Gilles Benizio, connu à la scène sous son nom de clowns “Shirley et Dino”, a eu recours à la version tout à fait originale, rétablissant donc l’intégralité des “Jeux d’esprit” au premier acte (charade, calembour et bouts rimés) et du Jeu de l’Oie au second. Pour cela, il a été fait appel à une batterie de comédiens étincelants, acteurs avant tout mais chantant agréablement, renouant ainsi avec la tradition des années 1950 et des vedettes telles Duvaleix, Lucien Baroux ou Bourvil. Ainsi, le rôle de Calchas était-il joué/chanté par Bernard Alane et celui d’Ajax I par Manuel Durand. Quant à l’inénarrable Denis D’Arcangelo, il se tailla un franc succès en roi Ménélas, reprenant également le personnage de la suivante Bacchis. Côté chanteurs, l’équipe masculine était dominée par un très sonore Agamemnon (François Harismendy), l’amusant Oreste du ténor Alexander Swan, impayable chef de bande punk, l’Ajax II d’Ivan Geissler, le… bouillant Achille de Sébastien Romignon Ercolini, et surtout le très lyrique Florian Laconi en Pâris. Celui-ci a souligné la beauté de l’écriture vocale d’Offenbach, en particulier dans le si joli duo du rêve avec Hélène. La plus belle femme du monde était incarnée par Alexise Yerna, pilier de l’Opéra Royal de Wallonie, toujours aussi belle et entraînante, âme de cette production et largement ovationnée au salut final. Comment résister à ces tubes que sont la marche des rois et ses couplets immortels (“Je suis l’époux de la reine, -poux de la reine…”), l’air de Pâris “Au Mont Ida trois déesses”, l’ensemble “L’homme à la pomme”, la grande scène d’Hélène où Vénus fait “cascader la vertu”, le trio patriotique dans lequel Offenbach cite allégrement Rossini et Grétry, l’arrivée du Grand Augure (“Je suis gai, soyez gais, il le faut, je le veux”) ou le final exubérant “Pars pour Cythère” ? Décors et costumes brillamment colorés d’Isabelle Mathieu (ah, la tunique jaune de Ménélas !, la pizzeria balnéaire du dernier acte !), lumières finement ciselées (Jacques Rouveyrollis), tout concourait à une véritable fête visuelle. D’autant plus que le versant purement musical était parfaitement assuré par les choeurs (Marcel Seminara) et un orchestre chauffés à blanc, dirigés par le jeune Cyril Englebert. Citons enfin les plaisants intermède lors des changements de décors, lesquels flirtaient allègrement avec le jazz ou la musique de variétés (“Mais non mais non” d’Henri Salvador). Fête pour les yeux et les oreilles donc : le spectacle idéal de fin d’année, tel que l’Opéra Royal de Wallonie n’oublie jamais de proposer à son public fidèle et joyeux.

Bruno Peeters
Liège, ORW, le 30 décembre 2012

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