Le concert de gala 2023 des ICMA à Wroclaw

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La cérémonie de remise des prix des International Classical Music Awards, suivie en soirée du concert de gala annuel, s'est déroulée dans la grande salle Witold Lutoslawski du Forum national de musique Witold Lutoslawski (NFM) à Wroclaw, en Pologne. Ce concert s’est donné à guichets fermés. 

Dans son message introductif, Rémy Franck, président du jury, a remercié le NFM Wroclaw pour l'organisation des deux événements, pour son engagement et pour l'hospitalité dont les ICMA ont bénéficié lors de la préparation de ces prix. Les deux événements ont réuni de nombreux lauréats ainsi que les membres du jury des médias de musique classique participants de toute l'Europe.

L'Orchestre Philharmonique du NFM Wroclaw, sous la direction de son chef d'orchestre Giancarlo Guerrero, a débuté le concert avec le pianiste Alessandro Marangoni au piano, artiste lauréat d’un Special Achievement Award. Avec l'Andante spianato et grande polonaise brillante op. 22 de Frederyk Chopin, ils offraient non seulement une œuvre rarement entendue de l'un des plus grands compositeurs polonais, mais aussi une ouverture qui plongeait déjà dans les profondeurs interprétatives et ne restait pas simplement dans une splendeur virtuose.

Vient ensuite le dernier mouvement du Concerto pour violon, piano et orchestre à cordes de Nikolai Kapustin, où les deux lauréats du prix de musique de chambre, Maxim Lando, piano et Tassilo Probst, violon ont brillé avec cette musique vivante et techniquement exigeante. Le public est emporté dans un tourbillon musical. 

Le Prix du jeune artiste de l'année a été décerné à Sào Soulez Larivière. Dans la Romance op. 85 pour alto et orchestre de Max Bruch, le soliste a démontré de manière convaincante les atouts de l'instrument. Ainsi, surtout pour une romance, son alto a offert la sonorité et la douceur qui ouvrent sur le rêve e tle paysage orchestral romantique en fleurs.

L'artiste de l'année, Ermonela Jaho, a fait briller tout son talent dans l'air “Io son l'umile ancella” d'Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea, subtilement accompagnée par l’orchestre. 

Dans la Havanaise de Camille Saint-Saëns, Leonhard Baumgartner a hautement justifié son Prix Découverte. À 16 ans, il propose une interprétation musicalement sensible de la pièce, sans posture virtuose ; sa maîtrise technique de l'ouevre n'est qu'un préalable, non une fin en soi. L'orchestre a une fois de plus montré son talent dans un accompagnement attentif et de beaux accents solistiques. Le public a remercié ce soliste hautement charismatique de ses applaudissements soutenus.

Naxos a été honorée en tant que label de l'année. Représentant ce prix, Gabriel Schwabe a joué le troisième mouvement du Concerto pour violoncelle d'Antonín Dvořák. Soliste et orchestre ont montré le caractère romantique de l'œuvre sans exagérer dans l'expression. Avec cette pièce entraînante, les interprètes ont pris congé pour la pause.

La deuxième partie a commencé avec un petit ensemble, lauréat du Early Music Award. Carles Magraner a dirigé sa Capella de Ministrers avec de la musique sur des vers d'après Ibn Hazm. Cet ensemble à "cinq voix plus voix", au titre ibérique très ancien, nous a emmenés dans un monde complètement différent, révolu depuis longtemps, mais tout simplement fascinant.

Après cette excursion, l'Orchestre Philharmonique NFM Wrocław et Guerrero sont revenus sur scène. Tout d'abord, le pianiste Josu de Solaun, lauréat du prix Instrument solo, a entonné la Rhapsodie symphonique pour piano et orchestre à cordes de Joaquin Turina. On reste dans la sphère culturelle espagnole, mais avec un travail plus récent. Après les premiers coups d'accord, Solaun a pu aisément démontrer sa dextérité et sa subtilité en jouant avec les cordes de l'orchestre.

Le programme du concert passe les Pyrénées avec l'Élégie pour violoncelle et orchestre de Gabriel Fauré, arrangée pour contrebasse. Marc-André Teruel est le premier lauréat du nouveau ICMA Classeek Award. Et Teruel a démontré à quel point la contrebasse se prête à la performance en solo lorsqu'elle est jouée ainsi : élégance et sensualité. 

L'œuvre suivante était le Con moto pour orchestre de David Philip Hefti, lauréat du prix du compositeur. Sous une apparence compressée et utile, cette œuvre montre que Hefti est habile à rendre la musique moderne attrayante dans le son.

Ermonela Jaho est alors revenue pour chanter In Ombra di nube de Licinio Refice, une démonstration de technique de chant et d’expressivité. 

Vint ensuite le violoncelliste David Geringas, qui a remporté un prix pour l'ensemble de sa carrière, avec la prière juive sans paroles Kol Nidrei de Max Bruch. Geringas est suffisamment expérimenté pour permettre à la musique de se dérouler librement, donnant vie à la nature privée de la situation de prière.

Avant la fin de la soirée, Remy Franck a remis le prix du Forum national de la musique de Wroclaw au réalisateur Andrzej Kosendiak. Il s'agissait d'honorer le Forum en tant que noyau de l'éducation artistique et pour l'ampleur et l'intensité ainsi que la qualité de ses activités. Kosendiak a dédié le prix aux musiciens et, surtout, au public du Forum, sans l'intérêt et la dévotion desquels le lieu seul n'aurait pas de sens.

La conclusion en feu d'artifice revenait à  la “Toccata” de la Symphonie concertante op. 81 de Joseph Jongen. L'organiste Karol Mossakowski et le NFM Philharmonic Orchestra, sous la baguette de Giancarlo Guerrero, ont fait virevolter les notes dans une folie pyrotechnique. 

Wrocalw, NFN, 21 avril 2022

Crédits photographiques : (c) Karol Sokolowski

Uwe Krusch

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