Le jeu clair, intelligent et généreux de Piemontesi

par

Robert Schumann (1810 - 1856): Concerto pour piano en la mineur op. 54
Antonin Dvorak (1841 - 1904): Concerto pour piano en sol mineur op. 33
BBC Symphony Orchestra, dir. : Jiri Belohlavek, Francesco Piemontesi (piano)
2012 - LC 0540 - 60'14'' - Textes de présentation en français, anglais et allemand - Naïve
C'est avec plaisir que l'on retrouve le jeune pianiste suisse Francesco Piemontesi, ancien lauréat du Concours Reine Elisabeth, dans un disque consacré aux concertos pour piano de Schumann et Dvorak, accompagné par l'orchestre symphonique de la BBC. Ceux qui suivent le Concours Reine Elisabeth se souviennent d'un pianiste au jeu clair, intelligent et plein de générosité dans le son. En 2009, il reçoit une bourse et devient l'un des "New Generation Artists" de la BBC, ce qui lui permet de collaborer régulièrement avec cet orchestre, d'où ce disque. D'habitude, les pianistes aiment à coupler le Concerto pour piano de Schumann et celui de Grieg, d'autres par contre préfèrent lui rapprocher celui de Dvorak. C'est son choix et c’est tant mieux : le Concerto pour piano op 33 de Dvorak se fait trop rare au disque. On a en tête, bien sûr, les versions de Richter et de Firkusny mais peu de pianistes osent se lancer dans cette oeuvre un peu étrange... Un ami de Dvorak avait poussé le compositeur à écrire une oeuvre pour orchestre et piano mais le résultat fut différent de ce qu'on pouvait attendre à l'époque : un concerto pour piano où le piano semble un peu "faible" par rapport à l'orchestre. La partie pianistique fut retouchée, arrangée et étoffée pour la rendre plus virtuose mais c’est heureusement la version originale qui est jouée de nos jours. Cette oeuvre compte de très beaux passages mais par moments, il est vrai, on se serait attendu à plus d'ampleur dans l'écriture pianistique. On est loin du concerto romantique écrit pour mettre en valeur le pianiste. Bonne idée donc de le mettre en relation avec le célèbre Concerto pour piano de Schumann, chef-d'œuvre du genre. On retrouve chez Piemontesi toutes les qualités de jeu qu'on avait découvertes chez lui il y a six ans à Bruxelles : clarté, belles couleurs et grande aisance technique. On sent ici le fruit d'un intense travail avec l'orchestre car cette clarté spécifique chez Piemontesi se retrouve également dans l'orchestre de Belohlavek. Chaque détail est soigné, chaque fin de phrase est raffinée et le dialogue entre le piano et la masse orchestral est recherché. Le tout respire naturellement. On soulignera une très belle cadence du pianiste dans le premier mouvement du Concerto de Schumann, très chantée, lyrique et perlée! On apprécie le pianiste intelligent qui sait se faire plus petit que l'orchestre quand besoin est, il se plie aux exigences du texte. Cette version du concerto de Schumann n'est pas la plus fougueuse ou la plus passionnée mais c’est un plaisir d'écouter une version sobre, honnête et intègre. Le piano de Piemontesi est très schumannien: véloce, aérien et contrasté. Même réussite dans le Concerto de Dvorak ; un orchestre et un piano unis pour une vision simple et propre d'un concerto trop peu joué. Quel beau second mouvement ! Beau legato de Piemontesi et délicat sens des lignes mélodiques. Un beau son clair et contrôlé est une constante chez ce jeune pianiste. Le disque est une totale réussite pour découvrir un concerto méconnu et ré-entendre, dans une belle version simple et honnête, le Concerto de Schumann.
François Mardirossian

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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