Il ne se passe pas de jour sans que paraissent aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs, des articles et des commentaires concernant James Levine et les accusations d'abus sexuels dont il fait actuellement l'objet.
La personnalité du chef américain, la place qu'il a prise tout au long de sa carrière, les rumeurs qui ont couru à son sujet pendant presque autant d'années et le contexte actuel de l'Affaire Weinstein sont autant de facteurs qui "libèrent la parole".
C'est indiscutablement une excellente chose. Elle doit être entendue et traitée adéquatement, et la (les) enquêtes(s) doivent se dérouler avec la rigueur que tout le monde est en droit d'en attendre.
Pour les milieux musicaux, le cas de James Levine est sans doute emblématique.
Il n'est pas le seul, ni là ni ailleurs.
Crescendo Magazine y reste vigilant et veille aussi, là comme ailleurs, à ne pas se laisser contaminer par les frissons et les humeurs dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Nous reviendrons sur l'Affaire Levine quand et si de nouveaux éléments probants sont communiqués.
A ce jour et à notre connaissance,
- quatre personnes se sont exprimées publiquement sur les agissements du chef à leur égard ;
- James Levine a rejeté ces allégations ;
- plusieurs institutions où il a dirigé ont, par communiqué officiel, rappelé leur engagement à la "Tolérance Zero" : l'Orchestre Philharmonique de Munich, le Verbier Festival, le Boston Symphony Orchestra, la Chicago Symphony Orchestra Association, le Festival de Ravinia, le Cleveland Institut of Music et le Metropolitan Opera qui a annoncé qu'il le retirait de l'affiche cette saison et qu'un ancien procureur était engagé pour faire la lumière sur les accusations portées contre lui ;
- des partisans de James Levine ont lancé une pétition en ligne pour qu'il soit réintégré au New York Metropolitan Opera (sans mention d'une éventuelle réhabilitation morale) ;
- la police de l'Illinois (USA), où se seraient produits dans les années 1980 ces cas d'abus sexuels, n'engage pas de poursuite parce que, dit-elle, elle ne dispose actuellement d'aucune preuve d'abus sexuels en 1986 et 1987 dans le cadre du travail de Levine au Ravinia Music Festival en raison des preuves difficiles et des témoignages disponibles ; elle précise encore que, même avec des preuves claires, elle ne pourrait engager aucune poursuite car, selon la législation de l'époque, les victimes étaient déjà majeures, et parce que la loi actuelle ne fournit aucune base légale pour examiner des faits remontant aux années '80.
Pour rappel : James Levine est né à Cincinnati en 1943 et, comme pianiste, il a commencé à jouer à 10 ans avec l'orchestre symphonique de sa ville natale. Il a étudié le piano et la direction avec Rudolf Serkin, Jean Morel et Rosina Lhevinne. Dans les années 1964 à 1970, il était chef adjoint du Cleveland Orchestra et il a fait ses débuts en 1971 au Metropolitan Opera de New York où il est devenu directeur musical en 1975.
Dans le même temps, il a dirigé dans des festivals : Salzbourg, Bayreuth, Chicago, Verbier.
En septembre 1999, il succédait à Sergiu Celibidache au poste de chef principal de l'Orchestre Philharmonique de Munich avant de déménager à Boston en 2004.
Ces dernières années, de plus en plus marqué par la maladie de Parkinson, il a été contraint à de nombreuses annulations jusqu'à ce qu'il convienne, avec le Metropolitan Opera, de se retirer avec le titre d'Emerite.