Le Journal

Démission inattendue à Dallas

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Après sept ans et demi à la tête de l'Opéra de Dallas, Keith Cerny a remis sa démission cette semaine pour rejoindre le même poste à l'Opéra de Calgary dès le mois de janvier.

Venant de San Francisco, Keith Cerny est arrivé à Dallas en 2010, au moment où l'Opéra traversait une période extrêmement difficile sur le plan financier. Il a dû débuter son mandat par des décisions difficiles : diminuer le nombre de productions et de représentations annuelles et réduire le personnel. 
Il a redressé la situation et présenté à cinq reprises consécutives des budgets d'exploitation équilibrés, tout en développant des projets artistiques, d'expansion et d'innovations techniques dont un programme de diffusion simultanée très réussi et des programmes novateurs en matière de de sensibilisation communautaire.
C'est sous sa direction qu'a été lancé l'un des très rares programmes destinés aux femmes chefs d'orchestre et qu'a été accueillie la conférence OPERA America 2017.

Non seulement l'Opéra de Dallas a retrouvé son rythme de cinq opéras annuels, mais il a aussi recruté le chef Emmanuel Villaume (qui dirigera Tosca au Met) et aussi Nicole Paiement comme principale chef invitée, sans oublier une équipe de cadres supérieurs qualifiés.
Keith a toutes les raisons d'être fier de son héritage, note Holly Mayer, Présidente du conseil d'administration de Dallas Opera. Nous lui souhaitons plein succès dans ses nouvelles responsabilités et nous veillerons à maintenir l'impressionnante dynamique de cette maison et à renforcer les collaborations avec d'autres organisations artistiques qui ont marqué son ici.  
L'opéra se met immédiatement à la recherche d'un successeur.

Un rapport qui combat les idées reçues

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En France, le syndicat professionnel des employeurs du spectacle vivant (Les Forces Musicales) a présenté mercredi les résultats d’une étude inédite sur les opéras en région dont le but est de mieux appréhender leur rayonnement culturel et économique. 
Deux années de travail ont été nécessaires pour recueillir les données concernant 20 maisons d’opéras et deux festivals d’art lyrique : Aix-en-Provence et les Chorégies d'Orange.
Un travail ambitieux, basé sur 12 000 questionnaires, pour dessiner un portrait socio-économique du milieu. Et le mode de gestion et de financement étant spécifique à chaque institution, il a fallu compiler énormément de données pour arriver à un résultat représentatif. Le rapport présente une synthèse nationale de la réalité des opéras en région et une version propre à chaque maison.

Premier enseignement : les opéras sont créateurs de richesse.
Ainsi, pour 1€ de subvention locale, 1,33€ est injecté par l’opéra au sein du tissu économique local. Et pour 1€ dépensé en billetterie, les spectateurs dépensent 1,20€ dans les commerces locaux (hébergement, repas,...).
Concernant les retombées économiques générées par les artistes engagés pour une série de représentations : 3 400 artistes cumulés qui souvent se logent à leurs frais et qui restent sur place entre trois semaines et 2 mois, cela représente 100 000 nuitées et 6,2 M€ de dépenses sur les territoires.

Autre enseignement : un public plus jeune qu'escompté.
Les opéras accueillent en moyenne 2 millions de spectateurs par an, dont 180 000 en catégorie jeune public. L’âge moyen du spectateur est plus jeune que ce qu’on pouvait penser : 51 ans et demi en moyenne. Les moins de 30 ans représentent 19% du nombre total de spectateurs.
On vient principalement à l’opéra en couple (35%), entre amis (27%), en famille (21%). A noter que 44% des spectateurs n’habitent pas dans l’agglomération de l’établissement lyrique.
Les spectateurs-touristes sont 60% à loger à l’hôtel et restent deux nuits en moyenne soit, au niveau national, 160 000 nuitées touristiques générées directement par des opéras et des festivals. 57% des spectateurs-touristes ne seraient pas venus dans la ville sans la présence de l’opéra et leurs dépenses dans les commerces locaux sont supérieures au prix du billet.

L’importance du secteur en termes d’emplois.
Les opéras et festivals d’art lyrique en région représentent 12 730 emplois, soit 4 513 équivalent temps plein dont 76% sont domiciliés dans le département de l’opéra et participent donc à la redistribution de la masse salariale sur le territoire. Ce qui en fait la deuxième organisation d’employeurs du spectacle vivant en termes de masse salariale, et la première en termes d’emplois artistiques permanents.

L'"Affaire Levine"

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Il ne se passe pas de jour sans que paraissent aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs, des articles et des commentaires concernant James Levine et les accusations d'abus sexuels dont il fait actuellement l'objet.
La personnalité du chef américain, la place qu'il a prise tout au long de sa carrière, les rumeurs qui ont couru à son sujet pendant presque autant d'années et le contexte actuel de l'Affaire Weinstein sont autant de facteurs qui "libèrent la parole".
C'est indiscutablement une excellente chose. Elle doit être entendue et traitée adéquatement, et la (les) enquêtes(s) doivent se dérouler avec la rigueur que tout le monde est en droit d'en attendre.
Pour les milieux musicaux, le cas de James Levine est sans doute emblématique.
Il n'est pas le seul, ni là ni ailleurs.
Crescendo Magazine y reste vigilant et veille aussi, là comme ailleurs, à ne pas se laisser contaminer par les frissons et les humeurs dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Nous reviendrons sur l'Affaire Levine quand et si de nouveaux éléments probants sont communiqués.

A ce jour et à notre connaissance,
- quatre personnes se sont exprimées publiquement sur les agissements du chef à leur égard ;
- James Levine a rejeté ces allégations ;
- plusieurs institutions où il a dirigé ont, par communiqué officiel, rappelé leur engagement à la "Tolérance Zero" : l'Orchestre Philharmonique de Munich, le Verbier Festival, le Boston Symphony Orchestra, la Chicago Symphony Orchestra Association, le Festival de Ravinia, le Cleveland Institut of Music et le Metropolitan Opera qui a annoncé qu'il le retirait de l'affiche cette saison et qu'un ancien procureur était engagé pour faire la lumière sur les accusations portées contre lui ;
- des partisans de James Levine ont lancé une pétition en ligne pour qu'il soit réintégré au New York Metropolitan Opera (sans mention d'une éventuelle réhabilitation morale) ; 
- la police de l'Illinois (USA), où se seraient produits dans les années 1980 ces cas d'abus sexuels, n'engage pas de poursuite parce que, dit-elle, elle ne dispose actuellement d'aucune preuve d'abus sexuels en 1986 et 1987 dans le cadre du travail de Levine au Ravinia Music Festival en raison des preuves difficiles et des témoignages disponibles ; elle précise encore que, même avec des preuves claires, elle ne pourrait engager aucune poursuite car, selon la législation de l'époque, les victimes étaient déjà majeures, et parce que la loi actuelle ne fournit aucune base légale pour examiner des faits remontant aux années '80.

Pour rappel : James Levine est né à Cincinnati en 1943 et, comme pianiste, il a commencé à jouer à 10 ans avec l'orchestre symphonique de sa ville natale. Il a étudié le piano et la direction avec Rudolf Serkin, Jean Morel et Rosina Lhevinne. Dans les années 1964 à 1970, il était chef adjoint du Cleveland Orchestra et il a fait ses débuts en 1971 au Metropolitan Opera de New York où il est devenu directeur musical en 1975.
Dans le même temps, il a dirigé dans des festivals : Salzbourg, Bayreuth, Chicago, Verbier.
En septembre 1999, il succédait à Sergiu Celibidache au poste de chef principal de l'Orchestre Philharmonique de Munich avant de déménager à Boston en 2004.
Ces dernières années, de plus en plus marqué par la maladie de Parkinson, il a été contraint à de nombreuses annulations jusqu'à ce qu'il convienne, avec le Metropolitan Opera, de se retirer avec le titre d'Emerite. 

L'amour de l'Art

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Du quotidien De Standaard :

Le gouvernement flamand veut amener l'organisation des World Choir Games, les «Jeux Olympiques pour choeur», en Flandre en 2020. 
La candidature flamande s'inscrit dans l'ambition du gouvernement flamand d'importer en Flandre des événements à l'image internationale. 
The World Choir Games est un événement international pour choeurs organisé dans un pays différent tous les deux ans. Le concours qui dure 11 jours accueille jusqu'à 500 chorales de 80 pays différents, soit quelque 30 000 participants.
C'est "EventFlanders", un organe du gouvernement flamand qui a été créé pour attirer les grands événements internationaux en Flandre, qui défendra la proposition flamande. 

Le Ministre flamand du Tourisme, Ben Weyts, s'en réjouit : Nous nous concentrons sur des événements adaptés à la Flandre, avec un rendement économique important. Des événements tels que les World Choir Games sont très intéressants en raison de l'image internationale et du rendement économique estimé à 21 millions d'euros.
Quant à Sven Gatz, Ministre flamand de la Culture, il explique que la Flandre est le berceau d'environ 1 000 chœurs, avec quelque 32 000 membres qui chantent chaque semaine. Je veux donner aux chorales flamandes la chance de jouer un match à domicile aux World Choir Games. L'arrivée de cet événement-phare va donner un bon coup de pouce à nos chorales.

Bonne nouvelle de Montréal

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Le quotidien canadien Le Devoir annonce aujourd'hui que grâce à un don de 665 000 dollars de la Fondation Azrieli, l’Orchestre Symphonique de Montréal et Kent Nagano sont en mesure de doubler leur programme La musique aux enfants développé en partenariat avec l’Université de Montréal et la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île. 
La musique aux enfants est un projet de prématernelle et maternelle musicale imaginé par Kent Nagano. Le don de la Fondation Azrieli permettra à une deuxième cohorte d’enfants d’intégrer une formation musicale à leur parcours scolaire.

Surprise du côté de Mikhail Pletnev

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On vient d'apprendre que le pianiste et chef d'orchestre russe Mikhail Pletnev renonce à sa résidence à l'Orchestre Symphonique de Montréal.
On ignore pour le moment la raison de cette décision.
Quant à l'OSM, il est en train de lui chercher un remplaçant...

Alexander Liebreich ira à Prague

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Pour succéder à Ondrej Lenard, l'Orchestre Symphonique de la radio tchèque s'est choisi un nouveau chef et directeur artistique. Il s'agit d'Alexander Liebreich qui prendra ses fonctions en septembre 2018.
A 49 ans, Alexander Liebreich occupe actuellement les mêmes fonctions à l'Orchestre Symphonique National de la radio polonaise (jusqu'en 2019). Il est aussi directeur artistique du Katurice Kultura Natura Festival et directeur artistique du Festival Richard Strauss à Garmisch-Partenkirchen.

Tosca au Met, envers et contre tout !

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Tout se complique au Metropolitan Opera.
L'annonce, au début de l'année, de la nouvelle production de Tosca proposait le meilleur, un événement mémorable réunissant dans les rôles principaux rien moins que Jonas KaufmannKristine Opolais et Bryn Terfel avec, à la baguette, Andris Nelsons dans une mise en scène de David Mc Vicar.
Depuis ce moment de grâce, les semaines puis les mois ont fait monter la température. 
D'abord, c'est Jonas Kaufmann qui a fait savoir qu'il revoyait son planning pour des raisons tant professionnelles que personnelles et qu'il préférait passer les fêtes en famille. Il sera remplacé par Vittorio Grigolo pour qui ce sera une prise de rôle.
Quelques semaines plus tard, on apprenait que Kristine Opolais déclinait à son tour et que le rôle revenait à Sonya Yoncheva, pour une prise de rôle aussi. 
Quand Andris Nelsons suivit le mouvement (sans qu'on en sache la raison mais rappelons qu'à la ville, il est le mari de Kristin Opolais), la maison put faire appel à son "émérite" James Levine qui, en 1971, avait fait ses débuts au Met dans cette même Tosca. Mais depuis, il a été écarté du Met dans les circonstances que l'on sait et la direction reviendra à Emmanuel Villaume puis Bertrand de Billy.
Et hier, Bryn Terfel annonçait qu'il était contraint d'abandonner Scarpia pour cause de fatigue vocale. Place donc à Željko Lučić qui, début janvier, sera remplacé par George Gagnidze pour le rôle d’Alfio de Cavalleria Rusticana.
Rassurez-vous, à ce jour le Met peut toujours compter sur David Mc Vicar... !

Grands Prix de l'Innovation à Paris, 16e édition

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Les Grands Prix de l’Innovation ont été remis mardi soir à Paris. Organisés par la Ville de Paris, l’agence de développement économique et d’innovation Paris and Co et plusieurs entreprises, ces prix distinguent des start-up aux idées prometteurs et particulièrement innovantes.

Dans la catégorie Industries créatives, c'est le label NoMadMusic qui a été récompensé.
Il a aussi reçu le prix Twitter pour son application NomadPlay (sortie est prévue en 2018) qui permettra de prendre, sans se déplacer, la place d’un musicien au cœur d’un orchestre : une expérience immersive, avec un son spatialisé, un large catalogue d’œuvres musicales et des partitions qui défilent de façon synchronisée. L’application est encore, pour le moment en phase de test avec la collaboration de musiciens et de mélomanes. Elle s'adressera aux musiciens amateurs et professionnels.

Au total, il y avait cette année 560 dossiers de candidatures.
Les vainqueurs reçoivent 12 000 euros, la possibilité d’intégrer l’un des incubateurs de Paris and Co et un authentique pavé parisien, symbole d’une innovation ancrée dans la cité.

Le Prix Hindemith 2018

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La compositrice italienne Clara Iannotta vient de se voir attribuer le Prix Hindemith 2018 doté de de 20 000 euros.
Le jury, présidé par Christian Kuhnt, directeur du Festival du Schleswig-Holstein, l'a désignée à l'unanimité pour son langage musical radical, intransigeant et unique.

Clara Iannotta
 (°Rome, 1983) a d'abord étudié la flûte et la composition au Conservatoire Santa Cecilia de Rome. De là, elle prend son envol : Milan, l'IRCAM, le CNMS de Paris, Harvard... elle récolte Bourses et Prix tels Movin Up en Italie et le Centre International Nadia et Lili Boulanger en France et une résidence dans le village d'artistes de Schöppingen.
Depuis 2014, elle dirige les Journées de la musique contemporaine de Bludenz.
Ses œuvres ont été interprétées par le Quatuor Diotima, le Trio Catch, l'Ensemble 2e2m, le Munich Chamber Orchestra, le Quatuor Aditti et l'Ensemble Intercontemporain.

La cérémonie de remise des prix aura lieu en juillet prochain. C'est le Trio Catch qui interprétera Les gens ici deviennent fous. Ils blâment le vent, l'oeuvre primée qui a été composée pour eux. Il s'agit d' une expérience à la fois acoustique et visuelle et se caractérise par ce que l'on appelle des «boîtes à musique», c'est-à-dire des boîtes à musique mécaniques. 

Le Prix Hindemith a été initié en 1990. Il est décerné dans le cadre du Festival de musique de Schleswig-Holstein et son objectif est de promouvoir de jeunes compositeurs et le travail pédagogique musical de Paul Hindemith (1895-1963). Parmi les anciens lauréats, on compte Olga Neuwirth, Matthias Pintscher, Jörg Widmann, Dai Fujikura, Thomas Adès, Johannes Maria Staud et David Hefti.
L'année dernière, le prix est allé à Anna Clyne.