L’éloge du beau : Sir Simon Rattle dirige la Septième de Bruckner 

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Anton Bruckner (1824–1896) :  Symphonie n°7  en mi majeur, WAB 107 (Version 1881–83; Cohrs A07)Urtext Edition par Benjamin-Gunnar Cohrs. London Symphony Orchestra, direction Sir Simon Rattle. 2022. Livret en : anglais, allemand et français. 63’33. LSO Live LSO0887

Depuis son départ de la direction artistique de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, Simon Rattle semble vivre un véritable été indien dans sa carrière de chef. A bientôt 70 ans, non content d’être prophète dans son pays, il collectionne les succès en matière d’enregistrement. Libéré, apaisé, à la tête du London Symphony Orchestra le Britannique passe les « cols de hors catégories » avec une facilité déconcertante. Nous pensons en particulier à sa Deuxième Symphonie de Rachmaninov ou à ses Quatrième et Sixième Symphonies de Bruckner.

Bruckner justement auquel le chef liverpuldien consacre son dernier opus avec une Septième Symphonie qui fera sans nul doute date dans la discographie ultra contemporaine de l’œuvre. On le sait, Simon Rattle est un artisan de l’excellence, il sait patiemment dénicher et mettre en valeur toutes les sonorités et les textures de cette monumentale fresque que l’on ne présente plus. C’est un véritable ascenseur émotionnel qui saisit l’auditeur même le plus averti. La vibration, le drame n’empêchent en rien l’émotion, la retenue et même la tendresse la plus intime. 

Après un premier mouvement en quasi lévitation, le début de l’Adagio sonne comme une douce caresse mais c’est pour mieux nous étreindre. Le baiser la mort ? Si c’est le cas, elle doit être consolante. Le chef et son orchestre ne semblent faire qu’un. Un couple à l’unisson qui nous offre une lecture épurée, sereine comme un regard sincère sur la vie. Le climax de l’Adagio nous laisse littéralement sur place grâce à la prestation magistrale des cordes et des cuivres du LSO. Merci au passage pour la prise de son superlative ! Cet enchantement continue dans le Scherzo et dans le Finale. Un kaléidoscope de couleurs et de sensations tellement humaines. On en redemande car cet exercice d’introspection grâce à la musique fait du bien au cœur et à l’âme. Rares sont les compositeurs, les partitions et les chefs capables de nous y conduire. 

Nous recommandons vivement cet enregistrement qui suivait la nouvelle édition des œuvres de Bruckner revue par Benjamin-Gunnar Cohrs depuis 2012. C'est le premier enregistrement mondial de cette édition révisée de la Symphonie n°7. Une première couronnée de succès. A l’heure où son mandat à Londres prend fin nous pouvons dire de Simon qu’il est encore un jeune homme plein d’avenir. Celui-ci se dessinera du côté de la Bavière où nous attendons des merveilles de son association avec l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.

Son : 10  Notice : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Bertrand Balmitgère

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