Ludovic Morlot, triomphe à Amsterdam

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La série des matinées du samedi de la radio néerlandaise, programmée dans la légendaire salle du Concertgebouw d’Amsterdam, reste l’une des plus belles curiosités pour tout amateur de musique. En effet, de septembre à juin, une programmation aventureuse mêle musique contemporaine au baroque en passant par l’opéra en version de concert et musique symphonique. Pour ce concert hivernal, le Radio Filharmonisch Orkest était placé sous la direction de Ludovic Morlot, invité régulier et hautement apprécié de la phalange radiophonique néerlandaise. 

Le programme, comme de tradition, mêle une création contemporaine, une oeuvre concertante et une grande partition du XXe siècle. Peu connu en dehors des frontières hollandaises, Theo Loevendie (né en 1930) proposait sa dernière création, La Calle, donnée en première mondiale. Figure majeure de la vie musicale aux Pays-Bas, le compositeur a toujours aimé casser les frontières que ce soit vers le jazz ou les musiques turques. Composée pour grand orchestre, cette partition sonne avec une certaine nostalgie des thèmes dans une grande tradition symphonique narrative. Le matériau orchestral est souvent très beau et la maîtrise de l’écriture est digne d’éloges. Ludovic Morlot et les musiciens soignent particulièrement les timbres de cette oeuvre qui remporte un grand succès public. 

Changement de registre avec le célèbre Concerto n°2 de Rachmaninov pour lequel le pianiste Alexander Romanovsky rejoint la scène. Il est toujours difficile d’apporter une touche personnelle à des oeuvres rabachées au concert et au disque. L’approche d’Alexander Romanovsky peut sembler classique, tel un entre-deux qui cherche à rester à au point d’équilibre entre une pâte russe et une virtuosité démonstrative. Tout semble ici “classique” dans le bon sens du terme avec une lecture appuyée par la maîtrise et la raison. Le dialogue avec l’orchestre est particulièrement admirable. 

Le Concerto pour orchestre de Béla Bartók est une pièce de résistance de choix. Ludovic Morlot propose une lecture virtuose qui s’appuie sur la lisibilité des lignes et sur une grande mobilité de la masse orchestrale. Cette lecture conquérante met en valeur un orchestre affuté et galvanisé dans les dynamiques. 

Un magnifique concert qui montre, encore une fois, l’excellence de la programmation amstellodamoise. Notons que ce concert était dédié à la mémoire de Reinbert de Leeuw, pilier des matinées du samedi et qui devait être présent au pupitre du Concertgebouw samedi prochain. 

Amsterdam, Concertgebouw, le 15 février 2020

Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : Lisa Marie Mazzucco

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