Mardirossian et Mulsant en face à face

par

Florentine Mulsant
(°1962)
Symphonie n°1 pour orchestre à cordes op. 32
24 Préludes pour piano op. 38

Orchestre National de Chambre d'Arménie
Direction et piano : Vahan Mardirossian
2012-EMVI4- 64'36'' - Notice en Français et Anglais - Maestria Records

Beau disque consacré à l'oeuvre de la compositrice française contemporaine Florentine Mulsant avec sa première symphonie pour cordes et un grand cycle de 24 Préludes pour piano. À la baguette et au piano, le pianiste et chef d'orchestre arménien Vahan Mardirossian ; depuis trois ans maintenant, il dirige l'orchestre de Caen mais c'est avec l'Orchestre de Chambre d'Arménie qu'il a choisi d'enregistrer l'oeuvre de Mulsant. Il est donc encore possible de nos jours d'écrire un cycle de 24 Préludes pour le piano sans tomber dans un pastiche de Chopin, Debussy, Rachmaninov ou même Ohana. La musique de Mulsant est très personnelle et très riche de belles sonorités. Ces Préludes ne sont pas à mettre entre toutes les mains : ils sont d'une grande difficulté technique mais, sous les doigts de Mardirossian, ils sonnent déjà comme une oeuvre "classique" du grand répertoire. Il semble à l'aise dans cette musique et parvient à nous faire entrer sans problème dans ce monde musical inspiré de Scriabine, Debussy et Messiaen. Le livret nous dit que Florentine Mulsant n'a pas voulu faire abstraction des compositeurs du passé qui se sont essayés aux Préludes. Elle s'en est au contraire nourrie et a su s'exprimer en tant que compositeur du 21e siècle dans un langage novateur, original. Le piano de Mulsant explore toutes les possibilités harmoniques de l’instrument et utilise à bon escient la troisième pédale pour tenir quelques notes et créer de belles résonances. Chaque Prélude a son atmosphère et peut entrer dans une des quatre catégories que Mulsant énonce elle-même : mélodique, harmonique, rythmique ou résonnant. Florentine Mulsant est une héritière de l'école française ; comment ne pas penser à Debussy ou Messiaen à l'écoute de certains Préludes (le 25e)? Ou à Chopin ? (le 29e). Rares sont les compositeurs contemporains qui osent assumer à ce point leurs influences musicales au risque de passer pour un épigone. Ce disque confirme le fait que Vahan Mardirossian est un des meilleurs pianistes de sa génération : que le Prélude soit doux, énergique, rythmé, virtuose ou rapide, le son n’est jamais dur ni saturé : puissance dans les forte et finesse dans les couleurs font de ces Préludes op. 38 composés en 2011 une oeuvre qui a de l'avenir. Dans la Première Symphonie pour cordes, on découvre un Orchestre de Chambre d'Arménie très inspiré dans une oeuvre qui semble particulièrement difficile techniquement. On retrouve l'univers musical de Mulsant : richesse dans les harmonies, mélodies lyriques, atmosphères sombres et ombragées rappelant parfois la dernière période de Scriabin mais, surtout dans le troisième mouvement, un hommage avoué au grand compositeur français récemment disparu Henri Dutilleux. Un beau disque pour découvrir une grande compositrice et se conforter quant aux talents du pianiste Vahan Mardirossian.
François Mardirossian (... qui n'a rien à voir avec Vahan! ndlr.)

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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