Markus Poschner dynamise Bruckner

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Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°1 en Ut mineur (version Linz 1868 - Edition Röder NBC II/1:I/1). Bruckner Orchester Linz, direction : Markus Poschner. 2023. Livret en anglais et allemand. 45’24. Capriccio C8092. 

Alors que ce projet d’intégrale multi-édition des Symphonies de Bruckner a été primé d’un prix spécial des International Classical Music Awards 2024 (ICMA) et alors que l’année Bruckner vient à peine de commencer, le  commentateur se réjouit d’écouter cette nouvelle gravure de la Symphonie n°1 dans la version Linz 1868 dans l’édition Thomas Röder de 2014. Les brucknériens noterons qu’il s’agit seulement de la seconde gravure de cette version après celle très réussie de Christian Thielemann à Dresde. 

On retrouve d’emblée les immenses qualités de la vision de Markus Poschner : une lecture virtuose, orchestrale, altière, dynamique qui scanne le matériau instrumental. Dès le premier mouvement, on sent que Bruckner cherchait une voie originale qui se caractérise dans les développements thématiques et dans la richesse de l’harmonie. Le chef parvient à mettre en avant cette beauté encore brute avec des réminiscences des influences de son temps avec un geste léger et stylé, dansant, presque tiré des musiques populaires ou de l’esprit schubertien. Le premier mouvement est absolument magistral dans la combinaison de ces deux mondes avec une lisibilité superbe des détails de l’orchestration. Le mouvement lent est finement poétique et se plaît à rêver au fil des mélodies, tel un promeneur dans la campagne autrichienne. Le scherzo est un autre grand moment de ce disque, par son énergie cursive et communicative, avec un trio superbement mené, chorégraphié avec ce sens des détails et des couleurs qui évite toute lourdeur. Le finale conclut cette superbe lecture avec toute la force impactante requise d’une interprétation construite avec perfection et sens des dynamiques et des césures.  

Le Bruckner Orchester Linz est une phalange de haut vol, ici parfaitement compacte dans ses homogénéités et raffinée dans ses interventions solistes avec de superbes pupitres de vents. Sa sonorité d’ensemble s’adapte impeccablement à la vision très orchestrale d’un matériau encore brut et en développement. La prise de son est excellente et rend justice à ce travail interprétatif. 

Encore un excellent volume de cette intégrale qui fera date tant sur la forme que sur le fond. 

Son : 10 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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