Mélodies inhabitées

Gabriel FAURE
(1845 - 1924)
17 Mélodies - 3e Nocturne et 4e Barcarolle (piano)
« Fauré intime »
Thibaut LENAERTS, ténor, Philippe RIGA, piano Erard 1873
2017-53'10-Textes de présentation et textes chantés en français et en anglais-Chanté en français-Muso mu-017

La tentation est grande pour un chanteur formé dans les meilleurs ensembles baroques d'aborder la mélodie française (Philippe Jaroussky par exemple, avec un résultat mitigé). Ici, le récital se réclame de l'intimité d'un salon pour écarter les tentations opératiques. Ce qui est louable. Mais simplicité n'est pas dépouillement. Et la pauvre poésie privée d'affects ne tarde pas à se cacher tristement. Si l'on perçoit ici un réel amour du texte verbal et musical, des qualités de simplicité, de sens de l'harmonie chez l'un et l'autre interprète, certaines limites finissent par engendrer la monotonie. A commencer par une voix raide au timbre clair, privée de velouté et de largeur dans le crescendo (é droit de « coeur charmé » dans Nell, èr «  des yeux grands ouverts » d' Au Cimetière). Sans parler d'un meurtrier Après un rêve complètement inhabité. Tristesse est mieux réussie : le splendide poème de Théophile Gauthier aurait-il mieux inspiré chanteur et pianiste ? Par ailleurs, la sélection -au demeurant judicieuse- de mélodies si connues expose évidemment à des comparaisons peu favorables. L'avenir du répertoire pour choeur de la même époque - trésor trop méconnu – semblerait beaucoup plus propice à une exploration sous la baguette de Thibaut Lenaerts, cette fois en qualité de chef. L'intérêt du choix d'un piano Erard datant de 1873 n'est pas évident d'autant que la prise de son laisse passer beaucoup de scories, isole les images sonores de la voix et du piano sans en atténuer les limites (forte tendus, monochromes côté voix ; excès d’harmoniques, lenteur de réverbération côté piano).
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 7 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interprétation 7