Memento Mori et Faun
Grosse affiche pour le début de la saison de danse à Bruxelles. Dans le cadre du projet Troïka Dance où “la Monnaie, le KVS et le Théâtre National Wallonie-Bruxelles mettent en commun les dix-sept spectacles de danse des trois maisons, comprenant des chorégraphes habitués de celles-ci ainsi que de nouveaux artistes, pour offrir la plus vaste scène chorégraphique à Bruxelles”. Et pour ce premier spectacle de la saison, la venue du Ballet Vlaanderen dans deux chorégraphies de la désormais star Sidi Larbi Cherkaoui avait attiré les foules, les représentations étant annoncées complètes au point d’un rajouter une au calendrier.
Memento Mori (“Souviens-toi que tu vas mourir”) fut créé par les Ballets de Monte-Carlo avant d’entrer au répertoire du Ballet Vlaanderen. Dans cette réalisation, la chorégraphie se veut très métaphorique, considérant le dialogue entre la vie et la mort “un peu comme une fleur qui s’ouvre, qui fane, puis se dissout”. Sur une musique de Woodkind, des costumes de Jan-Jan Van Essche, une scénographie d’Amine Amharech et des lumières de Fabiana Piccioli, le ballet est une suite de superbes images. Baignées par une lumière presque irréelle, les danseurs, comme des ombres fantomatiques, incarnent la vie et la mort. D’une durée de trois quarts d’heures, ce superbe ballet, l’une des très grandes réussites du chorégraphe, semble, comme la vie, bien trop court.
Changement de registre après l’entracte avec Faun, libre adaptation de l’Après-midi d’un Faune chorégraphié en 1912 par Nijinski sur la musique de Claude Debussy, qui trouve ici un écho contemporain mixant la musique de Debussy à celle extra-européenne de Nitin Sawhney. La rencontre entre le faune primitif et sa nymphe est un dialogue entre deux siècles, deux cultures mais aussi une rencontre de ces univers. Le dialogue interculturel, si cher au chorégraphe, trouve dans Faun un aboutissement et une matérialisation poétiques. Les deux danseurs Nancy Osbaldeston et Daniel Domenech, irréprochables, reçoivent de longues acclamations.
Crédits photographiques : Alice Blangero
Bruxelles, Cirque Royal, le 21 septembre 2019
Pierre-Jean Tribot