Messiaen par Gielen 

par

Olivier Messiaen (1908-1992) : Les Offrandes oubliées, Poèmes pour Mi, Chronochromie. Sarah Leonard, soprano ; ORF Vienna Radio Symphony Orchestra, Michael Gielen. Enregistré en 1991 et 1996. Livret en allemand et anglais. Orfeo. C 250131

Jusqu’à présent, les 30 ans du décès du compositeur Olivier Messiaen n’ont pas mobilisé les programmateurs et les éditeurs de disques. Dans ce contexte de disette, on accueille avec bienveillance ces captations viennoises de concert sous la baguette de Michael Gielen au pupitre de l’orchestre radio symphonique d’Autriche ORF.  Chef d’orchestre et compositeur défendeur des modernités, Michael Gielen n’avait pour l’instant pas été documenté dans des oeuvres du Messiaen. Cette  nouvelle parution vient donc combler une lacune avec bonheur tant la compétence technique et stylistique du chef allemand est idéale. 

Dans les Offrandes oubliées, Gielen cerne parfaitement le climat méditatif sans perdre de vue la vigueur de l’écriture du jeune Messiaen.  On aime le travail sur les textures et les contrastes. Immense chef d'œuvre trop rarement joué tant la partition reste des plus difficiles à mettre en place rythmiquement, Chronochromie bénéficie d’une lecture précise et chantante de Gielen au pupitre d’un orchestre appliqué et impérial. Certes, on atteint peut-être pas la beauté plastique sculptée d’un Boulez à Cleveland (DGG), l'ascétisme militant d'un Cambreling (SWR Music) ou le fauvisme d’un Antal Dorati au pupitre du BBC Symphony Orchestra (EMI), mais cette lecture est un témoignage précieux. 

Dans les Poèmes pour Mi, la concurrence est redoutable avec les versions de Françoise Pollet et Pierre Boulez (DGG) et de Renée Fleming et Alan Gilbert (Decca) sans oublier celle de Jane Archibald et Ludovic Morlot (Seattle Symphony). Certes le timbre de Sarah Leonard est moins irradiant que ceux de Jane Archibald et Renée Fleming, et la prononciation est moins idiomatique qu'avec Françoise Pollet, mais la musicalité pudique de la soprano britannique s’accorde parfaitement avec l’accompagnement orchestral au cordeau de Gielen.     

Sans s’imposer comme une référence absolue, ce disque est un témoignage très  intéressant qui prend place en bonne intelligence dans le cadre de cette série Orfeo qui documente  Michael Gielen à Vienne.

Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

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