Sándor Végh en coffret 

par


Oeuvres de Ludwig van Beethoven (1770-1827), Joseph Haydn (1732-1809), Franz Schubert (1797-1828), Johannes Brahms (1833-1897), Arnold Schönberg (1874-1951), Béla Bartók (1881-1945), Alban Berg (1885-1935), Igor Stravinsky (1882-1935). Camerata Academica des Mozarteum Salzburg, Soloist of International Musicians Seminar, direction Sándor Végh. 1897-1984. Livret en allemand et anglais. 6 CD Capriccio. C 7422. 

Pas de répit pour la label Cappriccio qui multiplie les coffrets dans le cadre de ses 40 ans. Venant après un coffret symphonique, voilà une petite boite qui reprend une sélection des enregistrements  de Sándor Végh principalement au pupitre de la Camerata Academica des Mozarteum Salzburg, orchestre de chambre qu’il a façonné à son image pendant près de 20 ans entre 1978 et 1997. On retrouve le répertoire de chambre dans lequel il excellait et quelques piliers de la modernité du  XXe siècle dont il avait une intime connaissance  en ayant été l’élève de Béla Bartók et l'un des interprètes historiques comme violoniste du légendaire Quatuor Végh.

La majorité des œuvres présentées sur ce coffret explore le répertoire pour orchestre à cordes et on pointe juste 4 symphonies de Schubert en effectif instrumental réduit (les Symphonies n°5, n°6, n°8 et n°9). Ces gravures schubertiennes n’ont jamais eu bonne réputation, les commentateurs y trouvant raideur et sécheresse. Pourtant le geste du chef est clair ; tout est ici tension dramatique et contrastes entre les pupitres. Sándor Végh avait travaillé sur les sources et souhaitait se rapprocher de l’esprit conquérant et romantique d’un Schubert qui regarde vers l’avenir. On peut certes ne pas aimer, être génés par une lecture qui peut sonner raide, mais force est de constater que les Symphonies n°8 et n°9 sont de grandes réussites. 

Du côté des autres réussites, il faut thésauriser les classiques du XXe siècle à commencer par un Divertimento de Béla Bartók, à la sève vive et aux timbres fruités des plus adéquats. Avec Schoenberg (Nuit Transfigurée), Berg (Suite Lyrique) et Igor Stravinsky (Apollon musagète), on tient des lectures à la pointe fine qui sculptent les pupitres des cordes sans pathos et sans recherche d’un esthétisme gratuit : la musique rien que la musique ! La version pour orchestre à cordes des Sept paroles du christ en croix de Haydn est à compter également comme une référence par sa force de concentration et la clarté des lignes mélodiques. On reste sur les cîmes avec Beethoven et une Grande fugue d’une beauté contrapuntique totale portée par une écoute mutuelle fabuleuse des musiciens. 

On gardera en bonus sympathiques et qualitatifs, les lectures du Quatuor à cordes n°14 de Beethoven et la version pour orchestre à cordes du Quintette n°2 de Brahms. 

A prix d’ami, ce coffret est un formidable portrait d’un immense artiste ! 

Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

 

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