Nabucco à l'amphithéâtre d'Avenches

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La petite cité d’Avenches à proximité du lac de Morat au nord-ouest de la Suisse Romande possède un amphithéâtre romain où, depuis une trentaine d’années, a lieu un festival d’opéra dont Eric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne, a repris les rênes depuis trois ans. En 2013, année Verdi oblige, le choix s’est porté sur ‘Nabucco’.
La mise en scène de Marco Carniti cherche à imprimer une dynamique à un ouvrage qui peut souvent passer pour statique. Les costumes de Maria Filippi jouent de tons ‘sable chaud’ pour le peuple juif en exil, alors que l’argent et le blanc montrent la froideur de l’oppresseur. Le décor de Francesco Scandale consiste en une structure en terre cuite, en forme de fer à cheval, évoquant un candélabre renversé ; de chaque côté se dressent de gigantesques écrans, sur lesquels se succèdent des projections vidéo traduisant l’intemporalité de la fragilité humaine face à l’oppression. Mais le procédé, intéressant durant le premier acte, finit par lasser.
La direction de Nir Kabaretti, à la tête du Chœur de l’Opéra de Lausanne et de l’Orchestre de Chambre Fribourgeois, emporte l’adhésion par le souci constant d’équilibrer plateau et scène, en évitant de couvrir les voix. Sebastian Catana possède à la fois le métal de bronze du timbre et la générosité de jeu pour dessiner un Nabucco profondément bouleversant. La basse américaine Oren Gradus paraît en retrait avec un Zaccaria dont le fanatisme paraît aseptisé, alors que Marie Karall (Fenena) et Rubens Pellizzari (Ismaele) affichent la fougue de la passion juvénile. Mais le problème de la soirée est l’Abigaille de Maria Billeri qui a les moyens du grand ‘soprano drammatico d’agilità’ ; l’émission est inégale avec un aigu poussé, qui lui fait perdre l’intonation, et un grave souvent opaque ; toutefois, la nuance piano dans le legato fait pressentir ce que pourra devenir cette voix, lorsqu’elle aura trouvé une véritable assise technique.
Paul-André Demierre
Avenches, Amphithéâtre romain, le 5 juillet 2013

 

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