Projet ambitieux pour le CAV&MA : le "Millenium Orchestra"

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Fort de 25 ans d'expérience, le Cav&ma se dote d'un nouvel orchestre comme accompagnateur permanent du Chœur de Chambre de Namur. Pour rappel, c'est en 1987 qu'Emmanuel Poiré interpelle les responsables politiques belges pour investir dans un projet ambitieux : la création d'une structure professionnelle en Fédération Wallonie-Bruxelles dont le symbole sera le chœur actuel. Celui-ci trouve très vite sa place en Europe et enregistre dès la seconde année un disque pour le label Erato. Sous la houlette de directeurs artistiques prestigieux (Pierre Cao, Jean Tubéry, Leonardo Garcia-Alarcon), l'ensemble se distingue par un travail approfondi sur des œuvres célèbres méritant parfois une relecture (Requiem de Mozart, Cantates profanes de Bach) et aussi par son envie de redécouvrir des œuvres très peu jouées (Oratorios de Falvetti, Messe et Motets de Giorgi). C'est d'ailleurs tout naturellement que la presse unanime a encensé l'un des derniers enregistrements de la maison, Nabucco de Falvetti.
En 2009, le chœur fait la rencontre du jeune chef Leonardo Garcia-Alarcon à Ambronay. En découle une entente parfaite au point de lui proposer un premier contrat de quatre ans. Des projets parfois surprenants voient le jour mais remportent à chaque fois un franc succès. A cappella, accompagné par un instrument ou encore par les Agrémens -notamment fondés à cet effet et dirigés par Guy van Waas-, le chœur dispose de tous les moyens pour se développer. Malgré tout et grâce à la force et l'énergie d'un directeur au plus proche de ses musiciens (Jean-Marie Marchal), le chœur de chambre voit son directeur artistique reconduit dans ses fonctions jusqu'en 2018 avec en prime un orchestre taillé sur mesure.
Cet orchestre fondé en 2014 verra le jour en 2015 avec des programmes allant de Mozart à Haendel en passant par Destouches et Stradella. La formation orchestrale se modèlera en fonction des besoins et du répertoire, ne s'agissant donc pas d'un orchestre permanent. Alors que beaucoup d'incertitudes planent sur l'avenir, le free lance offre plus de souplesse et malgré tout une certaine richesse due à l'instabilité de la conservation de son poste qui nécessite de donner le meilleur de soi. Aussi, le climat économique et politique actuel ne permet pas d'entretenir un effectif fixe (pour rappel, le budget du centre reste le même). Une grande diversité, toujours en fonction des projets, sera possible et permettra au directeur musical de développer son orchestre selon son idéal artistique. Seize à trente musiciens talentueux de la nouvelle génération (membres issus de la quatrième génération des musiciens formés à la musique ancienne) pour l'orchestre dont le nom (Millénium) ne comporte pas de critère spécifique. Aucune connexion à une époque, un genre, un style, permettant ainsi de développer des programmes divers et variés. La volonté du centre est d'alterner références du répertoire en relecture et découvertes. Pour ce qui est du recrutement, le mode opérationnel sera plus organisé, notamment par des auditions et une année entière de préparation et d'adaptation. Millenium pourra jouer sur instruments d'époque ou modernes selon le répertoire et son esthétique. Le fait que l'orchestre ne soit pas permanent permet cette grande diversité dans les programmes et sollicitera un large fichier de musiciens. Des membres des Agrémens seront amenés à rejoindre Millenium. A ce propos, contrairement à ce qui a pu être lu ailleurs, il est utile de rappeler que les Agrémens ne disparaîtront pas du circuit. Un projet tout aussi ambitieux leur est attribué : ouvrir la musique ancienne à tous les publics autre part que dans les grandes salles de concerts (Centres culturels, écoles...). Le but ? Partager un répertoire souvent méconnu et le faire apprécier à travers concerts, activités pédagogiques, rencontres avec musiciens, préparation durant les cours à l'école...

Même si Millenium Orchestra sera amené à jouer seul, le Chœur de Chambre de Namur restera le noyau du Cav&ma. Il construira des projets passionnants notamment autour d’œuvres de Fauré à Godart avec piano, des œuvres à capella... et continuera de travailler avec des formations étrangères (Les Talens lyriques, Orfeo 55, New Century Baroque, Accademia Bizantina).
Avec un budget qui n'évolue pas et un climat économique complexe, créer un deuxième orchestre est théoriquement impossible. Bien souvent, la musique de chambre prime sur l'orchestre par ses facilités financières et d'organisation. Un concert avec quatuor, quintette ou octuor est relativement peu coûteux à côté des structures symphoniques et à moins d'une renommée internationale, l'organisateur de concerts ne se risque jamais dans la venue d'un orchestre. Le projet est donc ambitieux et le risque existe malgré un calendrier déjà bien construit et un chef interpellant.
Premier rendez-vous : février 2015 avec le Symphonie n°41 de Mozart et des airs de concerts.

Ayrton Desimpelaere
Merci à Jean-Marie Marchal, directeur du Cav&ma pour ses réponses à nos questions

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