Quelque chose de neuf

par
Purcell

Henry PURCELL
(1659 - 1695)
Dido & Aeneas
Simone KERMES, Dido, Deborah YORK, Belinda, Dimitris TILIAKOS, Aeneas, Margarita MEZENTSEVA, Woman, Sofia FOMINA, Woman, Oleg RYABETS, Sorceress, Yana MAMONOVA, Witch, Valerai SAFONOVA, Spirit, Alexander ZVEREV, Sailor, THE NEW SIBERIAN SINGERS, MUSICAETERNA, dir.: Teodor CURRENTZIS
2008/2017-63'45-Texte de présentation en français, anglais, allemand-Textes chantés en anglais et français- chanté en anglais-Alpha classics 376

Dix ans après sa réalisation, cette version surprenante nous revient toute auréolée de la réputation que le jeune chef greco-russe s'est construite dans le monde entier, constituant au passage son ensemble MusicAeterna et prenant la baguette de l'Opéra de Perm (au pied du mont Oural). On le sait, cet unique opéra anglais du XVIIe siècle fut composé pour le collège de jeunes filles de John Priest, maître à danser, à la même date que l' « Esther » de Racine et dans la lignée des œuvres de Charpentier, Lully (« Armide » date de 1686) ou Cavalli. Ainsi est-il parfaitement emblématique des courants qui se mêlent alors les uns aux autres dans toute l'Europe comme le souligne justement la présentation de Jean-François Lattarico. La synthèse est-elle possible et même souhaitable ? C'était plutôt le goût italien, l'hédonisme des voix chaudes qui s'étaient imposés ces dernières décennies dans l'interprétation de l’œuvre. Le puritanisme contemporain, la stylisation, l'attirance pour le sec et le précis prennent ici leur revanche : rien de moins latin que la lecture qui nous est proposée. Non pas décapante, elle sonnerait plutôt« anglaise » et... pensionnat de jeunes filles (surdouées) avec des couleurs de voix célestes en opposition avec l'alacrité nerveuse des danses. Et puis, dès sa première intervention, Simone Kermes (Didon) captive totalement et ne nous lâche plus. Une sorte de miracle s'opère qui ira peu à peu en s'affirmant jusqu'au sublime lamento couronné par le chœur final d'une délicatesse de fée. Porté par une formidable dynamique de danse (points d'appuis irrésistibles), une maîtrise de la pulsation, une expressivité de contrastes, Teodor Currentzis construit, en osmose avec tous les interprètes, une vision cohérente, imparfaite certes, mais avant tout émouvante : confidence d'une femme abandonnée dont la voix - sublime, discrète et douce -confie sa terrible souffrance avant de mourir.... d'amour.
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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