Singing Brussels : totale réussite de la première édition !

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Succès largement mérité pour le Singing Brussels. Trois grandes journées consacrées à la pratique chorale, cet art si difficile que beaucoup considèrent en deçà de certaines formations. Pourtant, il aura été démontré au public, venu nombreux pour l’occasion, que la musique chorale est riche d’un répertoire extraordinaire, malléable et à la portée de tous. Ce fut surtout un moment de partage puisqu’une grande partie des concerts/ateliers offrait la possibilité au public de participer, notamment avec Voces8. Huit chanteurs bluffant ! Alors qu’ils travaillaient plus tôt avec Tallis Scholars, le groupe a offert un concert remarqué et remarquable. De la renaissance à la musique jazz, chacun y trouvait son bonheur. Tous jeunes, ces artistes ont compris l’importance du lien avec le public et n’hésitent pas à discuter de leur programme, de leur personnalité… Mais ce qui frappe davantage et la douceur et la brillance du timbre général. Le chant traditionnel Steal away a la bénéfice d’adopter une couleur générale intime, parfois teintée d’éclats, ainsi qu’un travail extraordinaire sur le legato. D’un tout autre style, on se plait à écouter un arrangement du générique du film James Bond de 1977 (The spy who loved me). Sans oublier Duke Ellington, Otis Blackwell et d’autres, l’ensemble conçoit la musique ancienne comme personne : texte clair, style juste, élégance du timbre. Concert de la diversité, il est frappant de voir que de si jeunes artistes ont compris le sens de la musique chorale. Pop, jazz ou classique, chaque style y est. Leur interprétation amusante de Il est bel et bon de Thomas Morley a littéralement enflammé la salle Henry le Bœuf alors qu’on passe généralement à côté. Cet humour sincère, hors des sentiers battus,  s’est très logiquement retrouvé le lendemain lors de la séance consacrée à l’apprentissage du chant choral. Voces8 s’est transformé en Voces200 ! C’est dans le soucis d’une logique pré établie que l’ensemble a créé une méthode de travail, bref des outils pédagogiques utiles pour tout choriste et/ou chef de chœur. Le but ? Faire de cet atelier interactif un moment ou mélomane ou non apprend à chanter. Très naturellement et au service du public, la méthode développée par Voces8 est davantage axée sur le travail du rythme, de la confiance en soit, de l’indépendance et du souci de transmission. Et le résultat est convaincant : en une heure, plusieurs œuvres apprises (chant et rythmes frappés) sans aucune partition ou instrument pour aider.
Nous avons également assisté aux prestations de trois chœurs amateurs, avec pour chacun un style et un répertoire particulier. Répertoire éclectique pour e Brussels Chamber Choir : Maurice Duruflé, trad. Steal away, Charles Wood ou encore « Over the Rainbow » (Le magicien d’Oz), le tout à capella. S’apprécient leur professionnalisme, leur aisance sur scène et leur envie de chanter. Ce fut à nouveau l’occasion de rencontrer un chœur, présenté par leur chef, Helen Cassano. D’un tout autre style, Makeblijde est une chorale exclusivement féminine. Plus jeunes aussi, les choristes ont proposé un répertoire allant de Palestrina à Schubert en passant par des chants traditionnels flamands ou extra-européens. Très beau dynamisme (parfois trop ?), belle homogénéité et surtout une concentration hors pair : lors d’une erreur d’une chef dans le Cantique de Jean Racine de Fauré, les choristes ont eu l’intelligence d’esprit de ne pas démarrer comme l’indiquait le chef. Dimanche, c’était au tour de l’Ensemble vocal des Chœurs de l’Union européenne de proposer un répertoire cette fois plus symphonique. Présenté par Dirk de Moor, l’ensemble proposait quelques œuvres de leur répertoire : Ave Verum et Requiem Kyrie de Mozart, Cantique de Jean Racine de Fauré, Pueri Concinite de Herbeck… Sans aucune prétention mais sans orchestre, l’ensemble a offert un panorama de l’Europe et a tenté de faire passer un message : la paix par la musique.
Succès complet pour Singing Brussels : Bozar ne désemplissait pas, un public très large (enfants à retraités), une belle ambiance et surtout le sourire aux lèvres. A la fois interactif, ludique et professionnel, le festival a fait part belle à la musique chorale trop souvent négligée. Tout était organisé pour que chacun y trouve son style, son répertoire. Petit bémol pour les travaux non terminés imposant quelques désagréments tant pour le public que pour l’équipe organisatrice. Un très beau moment de partage, qu’on espère revoir l’année prochaine !
Ayrton Desimpelaere
Bozar du 12 au 14 septembre 2014 

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