Vivat !
Jean-Philippe RAMEAU (1683 - 1764)
Les Indes Galantes
Livret de Louis Fuzelier
Les solistes du Marais : Valérie GABAIL Amour, Phani, Fatime, Zima, Stéphanie EVIDAT Hébé, Emilie, Zaïre, Reinoud Van MECHELEN, Carlos, Damon, François-Nicolas GESLOT Valère, Tacmas, Aimery LEFEVRE Bellone, Osman, Huascar, Ali, Adario, Sydney FIERRO Alvar, Le CHOEUR du MARAIS, La SIMPHONIE DU MARAIS, dir.: Hugo REYNE
2014- digital audio- 3 CD-3h22- présentation français, anglais- texte et chanté en françaist-Musique à la Chabotterie Collection Rameau Vol. 4- 605013
Le 250 ème anniversaire de la mort de Rameau, le 12 septembre 1764, n'a guère suscité jusqu'ici de manifestation digne du génie français. Cet enregistrement des « Indes galantes » réalisé en direct au Konzerthaus de Vienne vient fort à propos dans la discographie ancienne et pas toujours satisfaisante du plus fameux des « Opéra ballet ». Sans tambour ni trompettes (même s'il en est d'excellents dans son orchestre!) Hugo Reyne va droit son chemin dans la remise en lumière des musiques françaises des XVIIème/ XVIIIème siècle. Depuis son implantation à La Chabotterie (Vendée) aidé par le Conseil Général de Vendée conscient de l'excellence d'un travail passionné et scrupuleux qui fait plus qu'honorer son soutien, c'est toute une philosophie de l'interprétation qu'il met en chantier. Recherches approfondies sur les partitions, le style, « mise en page » exigeante portant sur les rythmes, les variations mais aussi l'engagement théâtral. Car ici abondent révélations et sous-entendus. A côté d'un indéniable sérieux, le goût du burlesque s'affirme nettement à l'époque – Voyez Marivaux avec l' « L'île des esclaves »!-Mélange de sérieux et de fiction (« Troisième entrée des Fleurs et de la fête persane ») traité avec tact et naturel qui fait un malheur auprès du public viennois, battant des mains pendant 7 minutes comme au concert du Nouvel an. La simplicité, le choix d'une clarté d'exécution font merveille dans les danses sous toutes leurs formes (irrésistible et aérienne « Danse du grand calumet de paix » pour ne citer que la plus célèbre trop souvent accommodée à toutes les sauces !) en revanche, les effectifs instrumentaux sonnent parfois très légers et les choix vocaux paraîtront à certains plus subjectifs. Question de goût et de mode. A cet égard, est-il bien pertinent dans la présentation, d'opposer l'édition réalisée par Paul Dukas pour Durand sous la direction de Saint Saëns aux déclarations de Claude Debussy ? Car, tout de même, ce que Debussy pouvait avoir en tête de Rameau se référait nécessairement aux mêmes sources ! Le « Castor et Pollux » qui fut monté à l'Opéra de Paris sous les bombardements de mars 1918 tandis qu'il se mourrait, n'obéissait certainement pas à l'esthétique « light » de nos baroqueux. Ceci dit -et quand bien même à titre subjectif on aimerait plus d'assise, d'épaisseur et de graves dans la texture instrumentale et de rondeur dans les voix; plus de vigueur aussi dans les enchaînements (montage en régie un peu lâche)- reconnaissons à Hugo Reyne l'immense mérite de la cohérence et surtout, de ne jamais violenter la partition, brusquer les attaques ou bousculer la ligne de chant. Joignons donc de bon coeur nos « Vivat » à ceux d'un public viennois aux anges !
Bénédicte Palaux Simonnet
Son 9 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10