Moment de grâce aux ateliers de La Monnaie

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L'apprentissage de la musique, s'il peut être commencé à tout âge de la vie, est particulièrement profitable aux plus jeunes : la pratique chorale, ouverture à l'esprit de communauté, semble en être l'un des plus beaux moyens. Pour le bonheur du public.

Au cœur des ateliers du Théâtre de La Monnaie, salle Fiocco, un public de parents, d'amis et d'habitués s'est réuni dans une ambiance intime à l'invitation de La Choraline. Ce choeur de jeunes filles de 13 à 18 ans a été créé en 2001 par son chef Benoît Giaux, sous l'égide de La Monnaie. Il a déjà participé à nombre d'enregistrements et de productions allant de l'opéra aux musiques actuelles. Le programme de la première partie de concert est consacré au compositeur anglais Gustav Holst, avec Two Eastern Pictures et des extraits des Choral Hymns from the Rig Veda, accompagnés par la harpe d'Alisée Frippiat. Trop peu connue de ce côté-ci de la Manche, la musique de Holst, d'inspiration orientaliste, déploie une harmonie châtoyante au sein d'une rythmique légère. On est frappé, dès les premières notes, par la pureté de l'ensemble. Quelle justesse ! Quelle précision ! Quelles sonorités claires ! Il faut dire que le chef capte avec douceur toute l'attention des choristes ; il possède en outre la grande qualité de savoir s'effacer. On peut en dire tout autant de son collègue hongrois Dénes Szabò, un homme enthousiaste à la bonne humeur communicative : ce dernier assure la deuxième partie du concert à la tête du chœur féminin Pro Musica. Le répertoire choisi, essentiellement hongrois, rend un hommage particulier à Zoltàn Kodàly, fondateur du système d'enseignement musical en Hongrie d'où sont issues les jeunes choristes. On y trouve également des œuvres de Bartók, Biebl, et Gyöngyösi dont la musique religieuse n'est pas sans rappeler le gospel. Le résultat est également exceptionnel. Le chœur joue sur d'habiles effets de spatialisation, entourant le public, circulant entre les rangs, remplissant la salle d'un tissu de voix limpides. Parfois l'une ou l'autre des choristes sort des rangs pour prendre un instrument, ainsi lors d'un ravissant Ave Maria de Caccini accompagné de flûte et de piano. Le soirée s'achève avec le Salve Regina du hongrois Kocsàr, les deux chœurs réunis. Certains dans l'assistance ont les larmes aux yeux ; chacun était ému par tant de simplicité.
Quentin Mourier
Bruxelles, ateliers de la Monnaie, le 13 septembre 2014

Les œuvres de Holst, enregistrées par La Choraline quelques heures avant le concert, paraîtront bientôt sous forme de CD.

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