Superbe invitation à souper

par

Michel Richard DELALANDE
(1657-1726)

Symphonies pour les Soupers du Roy
Elbipolis Barockorchester Hamburg, dir.: Jürgen GROSS
2013/2015-61' 48''-Texte de présentation en anglais et en allemand-Challenge Classics CC72664

Successeur de Lully en qualité de surintendant de la musique de chambre de Louis XIV, Michel Richard Delalande a été surtout célébré pour sa musique religieuse (grands motets, leçons de ténèbres). Les Symphonies pour les soupers du Roy représentent, elles, le volet majeur de sa musique profane, et, par leur rigoureuse perfection, incarnent la musique instrumentale baroque française avant Rameau. De fait, cette musique de table, que l'on jouait entre les plats servis au Roi, n'a jamais perdu en popularité et on en compte bon nombre d'enregistrements. Composée de 1690 à 1713, elle a été ordonnée en douze suites, qui regroupent des pièces de musique pure (ouverture, prélude, air), et des morceaux de danse (rondeau, menuet, passacaille, sarabande). Certains éléments manquants ont été reconstruits par Jörg Jacobi, claveciniste de l'ensemble. L'instrumentarium de l'orchestre est réduit : deux flûtes à bec, deux hautbois, un basson, deux violons, deux altos, violoncelle, théorbe, clavecin et percussion. Jürgen Gross a choisi de graver des extraits des suites 1, 3 et 5, incluant entre autres les trois caprices, imposantes structures à l'intérieur des suites. Le deuxième caprice "que le Roy demandait souvent" est particulièrement remarquable. En deux mouvements, il dégage une belle émotion, due aux mélancoliques interventions du basson (Katrin Lazar) : le Roy avait du goût... La première suite frappe par la vivacité des pièces, bien appréhendées par Gross, tandis qu'une superbe passacaille finale domine la troisième. Tout l'art des douze musiciens de l'Elbipolis Barockorchester Hamburg est d'approcher chaque morceau différemment, pour en extraire l'essence, un par un. Ils pourront ainsi sans peine passer du caractère intime du 2ème air de la cinquième suite à l'ampleur presque symphonique du "gracieusement" initial du troisième caprice, de sorte que l'écoute continue du CD enchante sans lasser. Du grand art. Malgré l'exhaustive intégrale d'Hugo Reyne et sa Simphonie du Marais (4 CD Harmonia Mundi, mais il existe un CD d'extraits choisis), et plus vif, plus allègre que l'antique Jean-François Paillard (Erato), ce nouveau CD, à la prise de son très claire, est à conseiller chaleureusement.
Bruno Peeters

Son 10 - Livert 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Les commentaires sont clos.