Mots-clé : Andrea Breth

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par feltham dating

Objectif atteint ! Dans une de ses interviews, Andrea Breth, la metteure en scène, précisait que ce qu’elle espère, c’est que le public, à la fin d’une de ses productions, ne s’interroge pas immédiatement sur l’encombrement du parking et le temps nécessaire pour en sortir ou sur le choix d’une boisson bienvenue en conclusion de soirée. Non, pour elle, il s’agit de faire en sorte que la représentation se poursuive en chacun de ses spectateurs, qu’elle laisse ouvertes toute une série de questions, qu’elle déclenche des émotions et des sentiments persistants. C’est ce qu’elle réussit avec sa lecture du Turn of the Screw de Benjamin Britten.

Mais il faut le souligner, c’est d’abord Britten qui suscite pareille perpétuation avec son opéra vertigineux. Grâce au livret de Myfanwy Piper, inspiré par le roman éponyme d’Henry James. Une gouvernante (ainsi la nomme-t-on, sans autre précision) est engagée pour s’occuper de deux jeunes enfants, Miles et Flora. Engagée par un mystérieux « commanditaire » : jamais, elle ne pourra le contacter. Mais très vite, ce qu’elle découvre provoque sa perplexité, son inquiétude. Il s’est passé quelque chose là-bas. L’ancien domestique, Peter Quint, est mort. Miss Jessel, l’ancienne gouvernante, est morte elle aussi. Ils réapparaissent, fantomatiques. Quelle a été la relation de Miles avec Quint, quelle est-elle aujourd’hui ? La fin est tragique. Tout cela n’est-il que le fruit de l’imagination de la gouvernante ? De quelles turpitudes les lieux ont-ils été le cadre ? 

Incandescence et délicatesse Salome de Richard Strauss 

par feltham dating

Incandescence et délicatesse, c’est bien ainsi que l’on pourrait qualifier la Salome de Richard Strauss que nous venons de découvrir au Festival d’Aix.

Inspiré d’une pièce d’Oscar Wilde, le livret de Strauss nous emporte : Salomé, fille d’Hérodiade, est irrésistiblement attirée par Jokanaan (Jean-Baptiste), le prophète proférant prisonnier de son beau-père Hérode. Elle s’offre à lui, il la repousse encore et encore. Lors d’un banquet, Hérode, qui ne peut dissimuler son désir concupiscent, la supplie de danser, lui promettant en échange « tout ce qu’elle voudra ». Elle danse… et exige que la tête de Jokanaan lui soit livrée sur un plateau d’argent. Elle peut enfin l’embrasser sur la bouche. Horrifié, Hérode la fait exécuter.

Terrible histoire incandescente, n’est-ce pas, avec ses personnages aux sentiments exacerbés, qui nous fascine et nous horrifie. Et pourtant, comme elles sont si délicatement bouleversées, et bouleversantes, les dernières paroles de Salomé.

La partition de Strauss, elle aussi, réussit cette conjugaison d’un irrésistible déferlement -éruption volcanique- et de longues séquences chantées ou orchestrales d’un incroyable raffinement ciselé. Le tout en une extrême fluidité, en une nécessaire pertinence. Quelle tendresse apitoyée dans les notes - instrumentales et vocales- pour la si terrible et si malheureuse Salomé. 

Cet univers-là, Andrea Breth nous en offre une lecture qui mérite, elle aussi, les termes d’incandescence et de délicatesse. Sa mise en scène s’inscrit dans un ingénieux dispositif scénique qui permet de passer d’une séquence à une autre  -par un coup de projecteur, par le glissement d’une structure de décor-, qui géométrise les relations qui s’installent entre les personnages, qui dit solitude ou désir et fureur. Quelle maîtrise de l’ombre et des lumières aussi, qui isolent, unissent, écrasent ou effacent. Quels beaux tableaux, comme ceux du débat des prêtres juifs ou du banquet, magnifiques « peintures ». Ce qui se voit dit ce qui se joue. La direction d’acteurs est parfaite. Ainsi, par exemple, la scène des déclarations d’amour de Salomé à Jokanaan : un mouvement du bras, une tête qui se tourne, un corps qui glisse dans la citerne du prisonnier. Désir érotique, refus austère sans appel. De plus, la lecture d’Andrea Breth est aussi affirmée que sans affectation. Ainsi, la fameuse danse de Salomé. Personnage démultiplié, elle apparaît non pas comme la séductrice conventionnelle, la « strip-teaseuse aguichante », mais comme la femme objet des désirs, des instincts, bafouée, niée. Rien d’ostentatoire ni de comminatoire. Le message passe.

Georg Nigl dans Jakob Lenz de Rihm : la folie des grandeurs 

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Wolfgang Rihm (né en 1952) : Jakob LenzGeorg Nigl, baryton (Jakob Lenz); Henry Waddington, baryton-basse (Oberlin); John Graham-Hall, tenor (Kaufmann). Orchestre symphonique de la Monnaie, dir. Franck Ollu. Mise en scène: Andrea Breth. Décors: Martin Zehetgruber. Costumes: Eva Dessecker. Éclairages: Alexander Koppelmann. Dramaturgie: Sergio Morabito. Réalisation: Myriam Hoyer.2019-1 DVD-73’28"-Version originale en allemand-Sous-titrage français, néerlandais et anglais-Notes en français, néerlandais, anglais et allemand-Alpha 717

Corps et cœur éclatés à Aix-en-Provence

par feltham dating

Un choc de nouveau, tout aussi fort sinon davantage. Ceux de nos lecteurs qui ont leurs habitudes à La Monnaie se souviendront de leur bouleversement à la découverte il y a quatre ans du Lenz de Wolfgang Rihm tel qu’Andrea Breth l’avait mis en scène, tel que Georg Nigl le magnifiait dans son interprétation. Les voici au Festival d’Aix-en-Provence. 

Ce qu’Andrea Breth nous donne à vivre dans les treize « stations » du calvaire de Lenz, c’est un corps et un cœur éclatés. Tous les lieux physiques et psychiques de la déperdition du pauvre Lenz sont là, dispersés, mais convergents : rochers, table renversée, filets d’eau, lit médical, double-acrobate de Lenz, miroirs qui font perdre toute certitude quant à la réalité de ce qui apparaît, personnages qui ne semblent exister que dans son pauvre esprit pulvérisé, tension, violence, hallucinations.