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Clare Hammond : à propos d’Hélène de Montgeroult

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La pianiste Clara Hammond construit une discographie exigeante et passionnante. Après un album consacré au thème des Variations à travers le regard d'une sélection de compositeurs du XXe siècle, elle nous propose un album intégralement dévolu à des partitions de la compositrice Hélène de Montgeroult.

Votre nouvel album est consacré à 29 Études de la compositrice Hélène de Montgeroult. Qu’est-ce qui vous a orienté vers les œuvres de cette musicienne ? 

En 2019, alors que je me produisais en France, j’ai été présentée au musicologue Jérôme Dorival. Il a consacré sa vie à faire revivre la musique d’Hélène de Montgeroult et il m’a montré certaines de ses partitions. J’ai été immédiatement frappée par la grande qualité de cette musique et par la vision de cette compositrice. Son style a des décennies d’avance sur son temps ; elle semble beaucoup plus proche, dans l’esprit, de la musique de Mendelssohn et de Schumann que de ses contemporains. Jérôme l’a décrite comme le « chaînon manquant entre Mozart et Chopin » - je suis entièrement d’accord ! Sa musique jette une toute nouvelle perspective sur la transition du classique au romantique en musique.

Qu’est-ce qui fait les particularités stylistiques et musicales à ces 29 Études tirées du Cours complet pour l’enseignement du forte-piano ?  

Montgeroult répond à une multitude d’influences dans ses études, ne serait-ce que Haendel et Jean-Sébastien Bach. Son langage harmonique et les textures qu’elle utilise sont étonnamment avancés pour l’époque. En particulier, elle souligne l’importance de créer une ligne cantabile au clavier, à une époque où ce n’était pas une préoccupation centrale pour d’autres compositeurs.

De nombreuses études semblent présager des Romances sans paroles de Mendelssohn, des œuvres de Schubert, Schumann et de Brahms, ainsi que des Études et des Nocturnes de Chopin. Nous n’avons aucune preuve concrète que ces compositeurs connaissaient son œuvre. Pourtant, ces pièces forment un lien si naturel entre leur style et celui des générations précédentes qu’il est difficile de croire qu’ils l’ignoraient complètement.

Est-ce que ces œuvres ont eu une influence sur l’écriture pour le clavier ? Dans le texte du booklet, que vous signez, vous énoncez que ces œuvres de Hélène de Montgeroult ouvrent sur Mendelssohn, Brahms et Reger. 

Nous voyons de fortes similitudes stylistiques dans les études de Montgeroult avec la musique de ces compositeurs, mais il n’y a pas de lien historique direct. Fanny et Félix Mendelssohn ont étudié avec une disciple de Montgeroult à Paris, la pianiste Marie Bigot, et l’on sait que Félix a rencontré Montgeroult en personne en 1825. Pourtant, comme il ne mentionne pas son œuvre dans sa correspondance, on ne peut pas être sûr qu’il connaissait sa musique. Il y a des indices selon lesquels Friedrich Wieck, le père de Clara Schumann, aurait utilisé ses études dans son enseignement. Il est donc possible que les Schumann aient connu sa musique ; mais, encore une fois, nous n’avons aucune preuve.

Des Variations très éclectiques pour la pianiste Clare Hammond

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Variations. Karol Szymanowski (1882-1971) : Variations sur un thème polonais op. 10. Helmut Lachenmann (°1935) : 5 Variations sur un thème de Franz Schubert. Harrison Birtwistle (°1934) : Variations from the Golden Mountain. John Adams (°1947) : I Still Play. Aaron Copland (1900-1990) : Piano Variations. Paul Hindemith (1895-1963) : Variations. Sofia Gubaidulina (°1931) : Chaconne. Clare Hammond, piano. 2019. Notice en anglais, en allemand et en français. 70.59. SACD BIS-2493. 

Clare Hammond, musiques en variations

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Dans le flot ininterrompu des parutions que Crescendo reçoit chaque semaine, certains albums se distinguent d’emblée par leur concept éditorial. C’est ainsi que l’album Variations de la pianiste Clare Hammond captive d’emblée par le panel de compositeurs mis à l’honneur : Szymanowski, Lachenmann, Birtwistle, Adams, Copland, Hindemith, Gubaidulina. 

Votre nouvel album se nomme Variations. Le précédent, Études, proposait des œuvres de multiples compositeurs. Est-ce que cette approche par thème est importante pour vous ? 

Je n’ai pas "voulu" réaliser un deuxième album structuré de la même façon que Études, mais le format est né naturellement du matériau. Je ne crois pas qu’un thème strict soit essentiel pour élaborer un programme d’enregistrement mais, dans ce cas-ci, c’était la solution la plus simple et la plus logique.

Le programme de l'album sort complètement des sentiers battus et s’affranchit des frontières géographiques. Vous proposez des œuvres de Szymanowski, Lachenmann, Birtwistle, Adams, Copland, Hindemith, Gubaidulina. Comment avez-vous choisi ces compositeurs et cette compositrice ?

Les deux premières œuvres que j’ai découvertes étaient les Variations de Szymanowski et la Chaconne de Gubaidulina. J’étais frappée par les deux approches tout à fait différentes que ces deux compositeurs ont eu d’une même forme. Les Variations de Szymanowski sont romantiques, pleines de passion ; elles coulent comme une série de tableaux, un peu comme les Tableaux d’une Exposition de Moussorgski. Dans la Chaconne, Gubaidulina utilise le même principe -la répétition d’un thème court- dans un sens dramatique. Une sensation profonde d’accumulation et de stratifications émerge dans l'œuvre, même pendant les passages plus méditatifs. La pièce ne dure que neuf minutes, mais la montée en puissance est monolithique.

Après ces deux pièces, j’ai décidé d’explorer d’autres variations de compositeurs des XXe et XXIe siècles. J’ai découvert une palette étonnante d’approches : la douleur tendre d’Hindemith, les textures extraordinairement imaginatives de Birtwistle ou la conviction intransigeante de Copland. Ce programme est le plus exigeant que j'aie jamais enregistré, à cause de cette diversité. J’ai appris énormément sur l’instrument et sur l’expression.

Le méconnu Roman Palester

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Roman Palester (1907-1989) : Concertino pour saxophone alto et orchestre (1938/1947) ; Concertino pour piano et orchestre (1942) ; Sérénade pour deux flûtes et orchestre à cordes (1946) ; Concertino pour clavecin et dix instruments (1955). Alina Mleczko (saxophone) ; Clare Hammond (piano) ; Lukasz Dlugosz et Agata Kielar-Dlugosz (flûte) ; Maciej Skrzeczkowski (clavecin). Sinfonia Iuventus/Lukasz Borowicz (direction). 2019-DDD-Livret en polonais et anglais- 74’29- Anaklasis ANA 003.