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Le mythe de Faust, de la littérature à la musique

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FAUST 

"Car de mes jours mortels au grand jamais la trace
Ne pourra sombrer au tombeau" 

Faust II - Acte V 

 Depuis quatre siècles, un homme habite l'imaginaire collectif. Durant plus de soixante années, il a habité l'imaginaire de Goethe qui l'a traduit en mythe universel et dans l'ouvrage duquel Baudelaire voyait "le plus beau témoignage que nous puissions donner de notre dignité". Une œuvre et un personnage sur lesquels fleurit une littérature des plus abondantes, tant littéraire que musicale, théâtrale ou cinématographique et qui, presqu'à chaque fois, a exigé beaucoup du temps de son auteur, de remises en œuvre du chantier ; un personnage qui ensuite s'est constitué des sosies tels Manfred ou Frankenstein. 

Le Faust de Charles Gounod

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Il n'est pas de mythe -même celui de Manfred- qui, au XVIe siècle, n'ait été plus "porteur d'idées" que celui de Faust. Née au XVIe siècle, la légende du vieux savant pactisant avec le Diable pour assouvir sa soif de connaissances, de voluptés, d'actions, trouve à l'époque romantique son expression la plus éclatante. Et à travers tous les arts. Car, quoi de plus fascinant que cet homme mi-médecin, mi-magicien qui, au-delà de sa ville natale de Knittingen, laisse planer autour de lui une odeur de soufre -cette odeur que semble lui avoir communiqué Méphistopheles, exigeant de lui une signature en échange d'une jeunesse ressuscitée et de plaisirs retrouvés ? Melanchton -dès 1550- puis le libraire de Franckfort Johann Spies, n'ont pas peu contribué à répandre son image démoniaque. Aucun littérateur cependant, en redisant son histoire, ne fit autant pour lui que cet autre franckfortois, Johann-Wolfgang Goethe (1749-1832) qui, dès 1773, commence à s'intéresser au mythe de Faust, publie à Tübingen dix-sept ans plus tard (1790) des Fragments composant la moitié environ de ce qui, en 1808, allait devenir, avec la Dédicace, le Prélude sur le Théâtre et le Prologue dans le ciel, la "Première Partie" de cet immense chef-d'œuvre aux résonances infinies. 

Le succès de ce premier Faust, doté juste avant la mort de l'écrivain d'une Seconde Partie qui fait rencontrer notre héros avec Hélène-la-Grecque, vient sans doute de cette part autobiographique que Goethe y a mise. Mais il tient, bien davantage, à la richesse de l'action imaginée, résumé de toutes les aspirations humaines : savoir, jouir, agir.