Pour achever sa magnifique saison 2021-2022, l’Opéra de Lausanne affiche Werther, l’un des ouvrages majeurs de Jules Massenet. Et son directeur, Eric Vigié, a la judicieuse idée de faire appel au ténor Jean-François Borras qui a laissé ici un mémorable souvenir en incarnant Hoffmann à la fin septembre 2019. Son incarnation du rôle-titre est impressionnante par sa musicalité parfaite qui allie un art du phrasé magistral à une diction minutieusement travaillée, vous prenant à la gorge dès les premiers vers « Je ne sais si je veille ou si je rêve encore » qui débouche sur le monologue « Ô nature pleine de grâce » jouant sur les effets de clair-obscur. Christian Lacroix l’habille d’un noir qui masque sa corpulence et lui confère cette retenue distante qui l’isole dans son infortune. Mais son regard habité laisse affleurer cette hypersensibilité qui emporte dans un élan irrépressible l’exaltation de « Lorsque l’enfant revient d’un voyage avant l’heure » ou le célèbre lied d’Ossian culminant sur les ladièse aigus en fortissimo. Le dénouement paraît moins convaincant avec ce rêve éveillé lui faisant relire son existence avant le coup de feu fatal qui éclate au moment où tombe le rideau.
Sentiments contrastés à la fin de la représentation d’Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas à l’Opéra de Nancy-Lorraine : un réel bonheur pour ce que l’on a entendu, une réelle perplexité pour ce que l’on a vu.
Ariane et Barbe-Bleue, créé à l’Opéra-Comique à Paris en mai 1907, est le seul opéra de Paul Dukas. Le livret en est de Maurice Maeterlinck. Voilà qui justifie le rapprochement que l’on fait souvent avec le Pelléas et Mélisande du même auteur, devenu opéra, et de quelle merveilleuse façon, grâce à Claude Debussy, cinq ans auparavant en 1902.
L’œuvre est très belle dans sa partition. Les séquences orchestrales sont amples et plongent l’auditeur dans les climats étranges et fascinants d’un conte de fée revisité. Cette partition d’orchestre n’est pas simplement un accompagnement, elle est partenaire à part égale des chanteurs. Jean-Marie Zeitouni et l’Orchestre de l’Opéra National de Lorraine lui ont donné une exacte présence.
Anachronistic Hearts. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Arias : Bel piacere (Poppée) d’Agrippine HWV 6; Un pensiero nemico di pace (Piacere) d’Il Trionfo del Tempo e del Disinganno HWV 46a; Cease ruler of the day to rise (Déjanire) d’Hercules HWV 60; Ho perso il caro ben (Orfeo) de Parnasso in festa, per li sponsali di Tei e Peleo HWV 73; Ah ! mio cor ! (Alcina) d’Alcina HWV 34; Pena tiranna (Dardanus) d’Amadigi di Gaula HWV 11; Scherza infida (Ariodante) d’Ariodante HWV 33; Morirò ma vendicata (Médée)de Teseo HWV 9. Cantate a voce sola La Lucrezia (O Numi eterni), HWV 145. Charles Gounod (1818-1893) : Air de l’opéra Sapho : Ô ma lyre immortelle. Héloïse Mas, mezzo-soprano ; London Handel Orchestra, clavecin et direction Laurence Cummings. 2020. Notice en français, en anglais et en allemand. Textes originaux des airs avec traduction en trois langues. 76.35. Muso mu-045.