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Gala Puccini à l’ORW

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À l’occasion du centenaire de la mort de Giacomo Puccini, l’orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie nous a proposé une soirée consacrée au maestro italien. Giampaolo Bisanti, directeur musical de l’ORW et chef du soir, a décidé de centrer le concert sur la jeunesse de Puccini. Nous avons donc pu entendre la Messa di Gloria ainsi que son opéra Le Villi en version concert. 

La Messa di Gloria fut composée en 1880 par un Puccini âgé de seulement 22 ans. Écrite à l’occasion d’un examen, l'œuvre est la seule pièce religieuse d’envergure composée par Puccini. L’opéra Le Villi fut quant à lui composé en 1883 lors de la participation de Puccini au concours de composition de l’éditeur Sonzogno. Bien qu’il n’ait pas reçu le premier prix, l’opéra fut un succès. 

Giampaolo Bisanti a mené ses musiciens d’une main énergique et sautillante. Véritable attraction à lui tout seul, il a dégagé une énergie considérable afin d’emmener les musiciens et chanteurs là où il le voulait. L’orchestre a donné entière satisfaction tout au long du concert. Sérieux et attentifs au moindre geste du chef, les musiciens ont livré une prestation pleine de couleurs et de contrastes. Le travail accompli est d’autant plus apprécié que la production simultanée de Rusalka demande également une très grande implication de tous les musiciens. 

A Vérone, Zeffirelli toujours en tête d’affiche 

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Pour sa 99e édition, le Festival des Arènes de Vérone renoue avec la dimension spectaculaire qui a fait sa gloire en reprenant quatre des productions de Franco Zeffirelli. La saison 2022 s’est donc ouverte avec Carmen dont il avait présenté une première réalisation en juillet 1995, reprise six fois et remaniée en 2009. Aujourd’hui, divers cartons de la version originale non utilisés sont élaborés afin d’enrichir le coup d’œil sur la place de Séville et le paysage montagneux du troisième acte. Stefano Trespidi, proche collaborateur du régisseur disparu en juin 2019, se soucie en premier lieu de la fluidité de l’action en réduisant à une vingtaine de minutes tout changement de tableau, alors qu’est déployée, à l’avant-scène, une série de paravents de tulle coloré à la tzigane. 

Dès les premières mesures de l’Ouverture, interviennent les danseurs de la Compagnie Antonio Gades qui occupent les deux avant-scènes latérales en imposant leur présence jusqu’à la fin de la Habanera pour reparaître ensuite dans la taverne de Lilas Pastia puis exhiber un fandango sans accompagnement musical pour meubler la transition au dernier acte. Pour dynamiser l’action du tableau initial, l’on ne lésine pas sur les moyens car déambulent près de trois cents figurants et choristes revêtant les magnifiques costumes conçus par Anna Anni, jouant sur le jaune et bleu pour les uniformes de la garde descendante, le gris sombre pour les marchands, le blanc verdâtre pour les cigarières et leurs soupirants, tandis que les teintes vives sont réservées aux premiers plans. Au cœur de cette foule bigarrée, deux ou trois ânes, et une calèche où se cache Micaëla ouvrent le chemin qu’emprunteront, au quatrième acte, les coursiers caparaçonnés des quadrilles de la corrida. Même si est frisée l’exagération par cette multitude de comparses peuplant l’auberge ou le refuge des contrebandiers, le regard du spectateur tente néanmoins de se concentrer sur les ressorts dramatiques de l’action habilement ficelée.

Quant à la partition géniale de Georges Bizet, elle est mise en valeur par la direction de Marco Armiliato qui, sciemment, opte pour la version originale française avec les récitatifs chantés concoctés par Ernest Guiraud, tout en sachant mettre ensemble les éléments épars d’un si vaste plateau et en évitant tout décalage, ce qui tient de la prouesse. Il faut saluer aussi la remarquable cohésion du Coro dell’Arena, soigneusement préparé par Ulisse Trabacchini. La distribution vocale est dominée par la Carmen d’Elina Garanca qui, pour les soirs des 11 et 14 août, succède à Clémentine Margaine et à J’Nai Bridges. Usant d’une diction parfaite, sa bohémienne est la véritable bête de scène qui se joue de l’existence avec panache, tout en raillant par de sarcastiques ‘taratata’ son amant à peine sorti de prison puis en osant affronter un destin adverse avec un aplomb invraisemblable. Ne lui cède en rien le José du ténor américain Brian Jadge qui est en mesure de conclure « La fleur que tu m’avais jetée » sur un pianissimo soutenu, alors que son personnage est aussi touchant que sa fin tragique est pitoyable. Claudio Sgura compte sur la brillance de l’aigu délibérément tenu pour donner consistance à son Escamillo, bellâtre bien fruste. Maria Teresa Leva s’ingénie à camper une Micaëla qui gomme la connotation ‘oie blanche’ du rôle pour assumer la légitimité d’un grand lyrique à l’indéniable musicalité. Le plateau est complété adroitement par Daniela Cappiello et Sofia Koberidze, pimpantes Frasquita et Mercédès, Nicolò Ceriani et Carlo Bosi, sardoniques Dancairo et Remendado, et Gabriele Sagona et Biagio Pizzuti, Zuniga et Moralès engoncés dans leurs uniformes.

À Parme, un captivant Festival Verdi

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Chaque automne, le Teatro Regio de Parme organise un festival consacré aux ouvrages de Giuseppe Verdi ; et en cette année 2019, il a la particularité d’en présenter quatre dans trois lieux différents, le Teatro Regio et la Chiesa (l’Eglise) di San Francesco del Prato à Parme, et le Teatro Verdi de Bussetto.

Pour le spectacle d’ouverture, le dévolu s’est porté sur I due Foscari, le sixième opéra du jeune Verdi créé avec un succès médiocre au Teatro Argentina de Rome le 3 novembre 1844. Curieusement, les annales de Parme documentent cinq productions entre le printemps 1845 et l’automne 1886 puis, à notre époque, trois autres entre décembre 1966 et octobre 2009, où se sont succédé Piero Cappuccilli, Renato Bruson et Leo Nucci. 

Aujourd’hui, la mise en scène est confiée à Leo Muscato, un régisseur romain qui, dans ses notes, évoque la dichotomie qui sépare la musique de la trame : si l’action est située à Venise au milieu du XVe siècle, la partition est inscrite dans l’esthétique du XIXe avec ses formes closes, ses cabalette et ses leitmotive caractérisant chaque personnage. C’est pourquoi Leo Muscato transpose l’action à l’époque romantique où, selon les dessins de Sylvia Aymonino, les sénateurs revêtent manteaux noirs, redingotes et barbes fournies qui les font ressembler au compositeur en début de carrière, alors que les femmes arborent crinolines blanches ou bleues. Jacopo Foscari, le proscrit, porte houppelande brune, tandis que son vieux père Francesco est engoncé dans un pourpoint sombre sous robe de chambre délavée ; et il faudra arriver aux scènes de jugement pour qu’il assume la tenue d’apparat du doge avec bonnet unicorne face aux membres du Conseil des Dix à tunique écarlate. Sous le signe de l’abstraction, le décor d’Andrea Belli consiste en un simple cyclorama où sont projetés paysages et portraits, surplombant un espace de jeu plutôt exigu avec escalier. Et les lumières d’Alessandro Verazzi confèrent une dimension aussi pesante que mystérieuse à cet univers étouffant.

Un bon spectacle de base

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La Traviata - Sabina Puértolas (Violetta Valéry)

Reprise d'une production de mai 2012, fidèle au concept de base de l'Opéra Royal de Wallonie : monter des oeuvres du grand répertoire avec de belles voix et une mise en scène lisible. La Traviata est, avec Rigoletto, sans doute l'oeuvre la plus souvent représentée de Verdi; les solistes, pour n'être pas des stars, étaient bien distribués, et Stefano Mazzonis de Pralafera n'a pas son pareil pour présenter l'opéra italien dans un langage scénique actuel,  sans prétentions inopportunes.