Figure Humaine de Francis Poulenc
Jouez-moi, lisez-moi mais ne m’interprétez pas.
La demande de Francis Poulenc a été sublimement respectée par le chef Mathieu Romano et le chœur Aedes. Ces intermédiaires entre la musique et nous n’ont pas interféré dans la relation entre le chef d’œuvre La Figure Humaine et l’auditeur.
Grâce à la perfection de l’exécution des chanteurs et de la direction, nous les avons presque oubliés pour ne plus juger de telle ou telle prise de partie : nous avons écouté le chef d’œuvre de Francis Poulenc et non un ensemble vocal. Il nous a semblé que l’interprétation était exclusivement au service du texte musical et du texte poétique de Paul Eluard. Ainsi, nous n’entendions pas des timbres des voix, des personnalités, mais la musique. Une bonne interprétation ne doit-elle pas justement être celle qui se fait oublier ? Les chanteurs et leur chef de chœur ne nous ont guère imposé leurs propres sentiments avec pathos, nuances extraverties ou rubato, ce qui d’ailleurs déplaisait à Poulenc. Par conséquent, n’ayant point de contraintes à se voir suggérer un quelconque émoi, nous avons ressenti avec profondeur tout au long de cette Figure Humaine, les frissons et les émotions, symptômes d’une interprétation qui fait corps avec l’écriture musicale.