Mathieu Romano, sur les traces de Don César de Bazan de Massenet 

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Le chef de chœur et chef d’orchestre Mathieu Romano fait l’événement avec la parution du premier enregistrement mondial de l’opéra Don César de Bazan de Jules Massenet, le premier opus lyrique du compositeur. Mais Mathieu Romano, c’est également le fondateur de l’ensemble choral Aedes et un musicien qui passe avec aisance à travers les genres et les styles.   

Vous proposez en première mondiale l’intégrale de l’opéra Don César de Bazan. Comment avez-vous redécouvert cette œuvre ? 

Il s’agit d’un partenariat avec les Frivolités Parisiennes, ce sont eux qui ont redécouvert l'œuvre et qui me l'ont proposée. En la lisant, j’ai été stupéfait par la beauté et l'intérêt de la partition !

Qu’est-ce qui fait l’originalité de cette partition ? Comment s’intègre-t-elle dans l’œuvre de Jules Massenet ? 

On voit ici un jeune Massenet de 30 ans qui écrit son tout premier opéra en plusieurs actes, il a déjà ce talent pour le rythme de la dramaturgie, le génie des belles mélodies, et la fraîcheur de l'invention musicale. 

Beaucoup de styles se côtoient dans la partition et font son originalité : des airs de bravoure, des airs comiques, des duos nocturnes, des pages orchestrales variées... C'est un vrai panel de musiques, mais unifiées par son génie musical et par l'histoire.

Comment parvenez-vous à trouver le bon style interprétatif dans cette œuvre qui me parait un peu hybride avec ses pointes hispanisantes ? 

Le bon style est dans la partition ! Après m'être penché sur la vie et l'œuvre de Massenet, j'ai essayé d'avoir un regard neuf, comme si c'était une création. J’ai mis de côté tout ce que je pouvais connaître de Massenet, et je me suis "juste" plongé dans la partition, toutes les clés et les choix d'interprétation y sont !

Vous faites partie d’une nouvelle génération de chefs qui semble (enfin !) faire fi de la “spécialisation” dans leur approche des répertoires. Vous passez des classiques du répertoire choral à des œuvres contemporaines, sans oublier le lyrique ou la chanson avec votre album « Brel&Barbara ». Est-ce qu’il s’agit d’une volonté délibérée ou d’un hasard de développement de carrière ? 

C'est une volonté délibérée ! Direction d’orchestre ou direction de chœur, c'est la même chose pour moi, le même métier, avec des spécificités différentes. Je n'ai jamais eu envie de me spécialiser, j'aime trop la musique en général et tous les répertoires, je veux sans cesse découvrir des choses.

J'ai commencé en créant Aedes il y a 15 ans en ce sens, un groupe pouvant aussi bien chanter Bach, que la création contemporaine, ou de la chanson française.

Vous avez travaillé avec François-Xavier Roth, que retenez-vous de vos collaborations avec ce chef et avec son Ensemble Les Siècles ? 

C'est un des grands maestros mondiaux, j'ai beaucoup appris en le côtoyant, tant dans les discussions, dans des conseils, qu'en le regardant travailler. Il sait allier une grande expressivité à un geste technique sûr. Il obtient toujours le meilleur des musiciens qu'il a en face lui. 

J’adore Les Siècles, ils sont dans ce même esprit de découverte et de redécouverte des répertoires : un ensemble généraliste, mais spécialisé dans chaque répertoire en quelque sorte. Ils ont cette soif de musique !

La crise liée au Covid touche en particulier les ensembles indépendants. Comment cela se passe-t-il pour votre ensemble choral  Aedes ? 

Grâce à une bonne gestion de l'équipe, nous avons pu faire en sorte que l'ensemble soit solide et résiste à cette crise. Mais tant de projets annulés, cela porte bien sûr un gros coup au moral, nous avions de belles tournées et de beaux projets. Nous avons pu mettre en place des solutions financières pour les chanteurs, et nous avons essayé de garder le lien pendant cette crise.

Comment voyez-vous l’avenir de la musique classique après cette période de crise covidée ?

La musique sera encore plus indispensable, il va falloir être patients, inventer de nouveaux projets, en attendant que la vie culturelle normale puisse reprendre son cours.

Le site de Mathieu Romano : www.mathieuromano.com

A écouter : 

Jules MASSENET: Don César de Bazan (version 1888). Naouri, Dreisig, Lebègue, Ensemble Aedes, Orchestre des Frivolités Parisiennes, Mathieu Romano. 2 CD Naxos : 8.660464-65 (Joker Découverte de Crescendo Magazine)

 

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot 

Crédits photographiques : Mathieu Romano © William Beaucardet

 

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