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A Lausanne, un Turco in Italia étourdissant  

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Pour ouvrir son ultime saison à l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié joue le coup d’éclat en présentant Il Turco in Italia de Rossini, bien moins connu que L’Italiana in Algeri qui est souvent pris comme point de comparaison.

Pour cette nouvelle production, il fait appel à Emilio Sagi qui s’entoure de Daniel Blanco pour les décors, Pepa Ojanguren pour les costumes et Eduardo Bravo pour les éclairages. Le rideau se lève sur un quartier populeux de Naples avec une haute façade de maison surplombant une terrasse de bar jouxtant un escalier tortueux côté jardin, de l’autre, un portique en arcade donnant sur la voie du tram. Dans un bruit incessant, le policier à vélo poursuit les ragazzi chapardeurs, alors qu’à grand renfort de klaxon, Donna Fiorilla apparaît sur la moto d’un fringant gigolo échappé du Ieri, oggi e domani de Vittorio de Sica. Zaida la bohémienne et Almanzor, son compagnon d’infortune, se sont assimilés à cette populace bigarrée dont le légendaire farniente est bousculé par ce panneau bleu des mers porté à bout de bras, ouvrant le passage au pacha Selim, potentat à jaquette couleur sable rehaussée d’une pesante chaîne de joyaux, gloussant d’amour comme un coq en chaleur. A peine arrivé, il est confronté à un Don Geronio confit dans son complet-gilet gris maussade et à un Narciso glandeur à la Mastroianni. Paparazzo à l’affût du moindre esclandre, Prosdocimo le poète se faufile partout, quitte à finir dans la bouche d’égout que viennent d’entrouvrir les éboueurs. Tant bien que mal, on l’en sortira pour qu’il parasite le bal nocturne où le quiproquo des tenues similaires lui fait rechercher la vraie Fiorilla, le réel Selim…

Au festival de Pesaro (II)

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C’est avec un “Gala Rossini” en plein air sur la Piazza del Popolo, en présence de Sergio Mattarella, le Président de la République italienne, que le Festival de Pesaro 2021 s’est conclu. Le concert était prévu pour célébrer l’inauguration de la nouvelle salle que le festival attend depuis des années mais qui est loin d’être achevée. Alors on a opté pour une autre célébration : les 25 ans de collaboration du Festival avec Juan Diego Flórez, le ténor péruvien “découvert” par le festival en 1996 et qui lui est resté fidèle. Finalement, c’est un “Gala Rossini” qui fut proposé, avec Flórez entouré de collègues connus et moins connus, soutenus par l’Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI dirigé par Michele Spotti. Flórez en grande forme était entouré par le baryton Pietro Spagnoli, le ténor Sergey Romanovsky et sept jeunes chanteurs moins connus, dans des pages de huit opéras de Rossini. Le point d’orgue du concert fut le grandiose et émouvant final de Guillaume Tell

Le programme de la 42e édition du festival était bien rempli. Il y avait les opéras Moïse et le Pharaon, Elisabetta regina d’Inghilterra et Il Signor Bruschino dans de nouvelles productions, une version scénique du Stabat Mater, le déja traditionnel Il Viaggio a Reims dans le “Festival Giovane” et plusieurs concerts de belcanto.

Pas de problème d’espace pour les productions dans le Vitrifrigo Arena pour Moïse et le Pharaon et Elisabetta regina d’Inghilterra (déjà commentés ici). Mais les dimensions du Teatro Rossini imposaient une autre approche : le public dans les loges, l’orchestre dans le parterre et l’action sur la scène. C’était le cas pour Il Viaggio a Reims, le spectacle présenté par les jeunes chanteurs de l’Accademia Rossiniana “Alberto Zedda” dans la mise en scène simple mais efficace d’Emilio Sagi qui fonctionne admirablement depuis 2001. Cette année, c’était Luca Ballario qui dirigeait l’Orchestra sinfonica G. Rossini et une distribution internationale de jeunes chanteurs qu’on retrouvera souvent les années prochaines dans les grandes productions du festival, tels Salome Jicia ou Maxim Mironov.