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Don Giovanni chez les Atrides

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Comme Tintin ou Astérix, Don Juan se joue des frontières de l’espace et du temps. Le voici transporté chez les Tragiques grecs par le metteur en scène Ivo van Hove.

L’air est raréfié, la ligne décantée, les enjeux à nu, laissant la musique déployer ses ambiguïtés, prise sous les feux croisés d’éclairages  subtils. Ocres ou aveuglants, ponctués de couleurs parcimonieuses, la lumière découpe des espaces architecturés transposés aux dimensions de la salle. Teintes méditerranéennes également qui évoquent l’esthétique des ruines grecques, comme celle des villas de Palladio rejoignant l’engouement du 18e siècle pour l’italie néo-antique (déjà présent chez Joseph Losey). Les costumes -au sens premier- se dépouillent également de toute anecdote. Fourreaux, escarpins, font place aux masques, à quelques uniformes et robes d’époques posées sur des mannequins (fin du I) et à l’arrivée de l’orchestre de scène.

Certes, les notes de programme font allusion à la lutte des classes, au féminisme -dans sa correspondance Mozart lui-même met en garde sa jeune épouse contre le cynisme de la noblesse viennoise…- mais les spectres antiques suggérés par la direction d’acteur ouvrent sur une autre tragédie. Souterraine, cette dernière se joue dans la partition. Elle apparaît rarement au grand jour et seul le travail scénique la rend aussi perceptible.

Vérone rend hommage à Franco Zeffirelli

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Pour sa 97e édition depuis août 1913, le Festival des Arènes de Vérone affiche cinq productions lyriques, dont une Aida originale de 1913 reconstituée par Gianfranco de Bosio, ainsi que Carmen et Tosca dans les mises en scène de Hugo de Ana. Mais l’on a surtout fait appel à Franco Zeffirelli pour une nouvelle production de La Traviata et la reprise de son Trovatore de juillet 2001.

A ce qu’il déclare dans ses notes de régie intitulées « Violetta, mon amour », il a été heureusement surpris de recevoir, à la fin de l’été 2018, un appel téléphonique de Cecilia Gasdia, l’ex-soprano actuelle directrice artistique de la Fondazione Arena di Verona, qui lui proposait de réaliser une nouvelle Traviata, « l’opéra des opéras », selon ses dires. Bravant les affres de son âge vénérable (95 ans !) et l’altération progressive de son état de santé, l’infatigable créateur a investi toutes ses dernières forces dans la redoutable aventure, en jouant la carte de l’expansion du concept de base élaboré pour les représentations de juin et octobre 1958 à Covent Garden et à Dallas avec Maria Callas dans le rôle de Violetta. Mais il s’est éteint à Rome le 15 juin dernier, six jours avant la première véronaise du 21 juin.