Mots-clé : Robert Gleadow

A Lausanne, un Così fan tutte en reality show

par

Pour quatre représentations, l’Opéra de Lausanne reprend la production de Così fan tutte que Jean Liermier, l’actuel directeur du Théâtre de Carouge, avait conçue durant l’automne de 2018 en faisant appel à Rudy Sabounghi pour les décors et costumes et à Jean-Philippe Roy pour les lumières. Elaboré comme un reality show de la firme Alfonso Produzione ayant pour titre La Scuola degli Amanti, ce spectacle n’a pas pris la moindre ride avec ce continuel chassé-croisé de cameramen, perchistes, régisseurs-son, script girls qui déplacent les parois coulissantes d’un loft dernier cri à grande baie vitrée donnant sur la Cathédrale La Major de Marseille et ses alentours. 

Follement éprises de leur soupirant, les deux sœurs, Fiordiligi et Dorabella, ne songent qu’à convoler en justes noces, l’une revêtant déjà la traditionnelle robe de mariée avec voile, quand l’autre opte pour un décolleté affriolant sous capeline de soie crème face à Ferrando et Guglielmo, engoncés dans leur uniforme d’officier de marine. En apartés moqueurs, Don Alfonso, le producteur-animateur, se gausse de cet exhibitionnisme tapageur en soudoyant une Despina délurée qui use du tuyau d’aspirateur à des fins grivoises ô combien suggestives. Travestis en loubards à mèches décolorées ou à crinière léonine à la Demis Roussos, les deux fiancés roulent les mécaniques pour tirer des selfies en provoquant l’hilarité du public. Et cet éclat de rire salue l’apparition du pseudo samu de service qui brandit un commutateur phosphorescent pour ranimer les deux éconduits ayant absorbé de l’arsenic à haute dose. Au deuxième acte, les masques tombent, alors que les rouages de la séduction mettent à nu la vanité des serments d’autrefois.

Ces quiproquos en cascades sont continuellement galvanisés par la direction de Diego Fasolis qui sert la partition géniale de Mozart avec une irrépressible énergie qu’il insuffle à un Orchestre de Chambre de Lausanne tout en nuances, tandis que le Chœur de l’Opéra de Lausanne en formation réduite n’intervient que depuis les loges de scène latérales.

A Lausanne, de somptueuses Nozze di Figaro 

par

Pour ouvrir la saison 2021-2022 de l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié, son directeur, table sur un chef-d’œuvre, Le Nozze di Figaro, en proposant la mise en scène que le cinéaste américain James Gray a conçue à la demande du Théâtre des Champs-Elysées. Encensé pour ses grands films Two Lovers en 2008, The Immigrant en 2013, il ne veut pas jouer les modernistes désacralisateurs ; mais il porte son choix sur une esthétique traditionnelle en demandant à son décorateur Santo Loquasto un rideau de scène qui rapproche le couple Figaro-Susanna d’Arlequin et Pantalon de la commedia dell’arte. Puis le rideau se lève sur un palais provincial où un escalier relie la chambre des futurs époux aux appartements du Comte, tandis que le boudoir de la Comtesse est encastré sous une galerie extérieure dont l’envers donnera accès aux salles d’apparat. Et c’est dans une brume nocturne suggérée par les habiles éclairages de Bertrand Couderc que se dessinera la fontaine du jardin où se défera l’imbroglio des fausses apparences. Les costumes magnifiques de Christian Lacroix se réfèrent au premier Goya peintre de cour, en habillant de noir Marcellina et Don Bartolo, Basilio et Don Curzio ainsi que le Comte en représentation, engoncé dans ses brocarts rehaussé d’or comme le Duc d’Osuna, alors que la Comtesse passe d’une tenue matinale vaporeuse à la crinoline de velours rouge galonnée de dentelles. Comme une maja, Susanna harmonise jaune et bleu sous tablier blanc de camériste avant de se parer du blanc nuptial emprunté à la Duchesse d’Alba. Cheveux noués sous filet bourgeonné, Figaro partage la débauche de coloris éclatants avec ses comparses rencontrés sur les bords du Manzanares. Et le pauvre Cherubino semble tellement gauche dans sa jaquette bleue et son pantalon rayé que le spectateur en a pitié, tandis qu’il est continuellement pris à partie par son entourage qui suit à la lettre les directives de Gilles Rico assumant les reprises de la mise en scène, comme il l’a fait à Nancy et au Luxembourg.

"O namenlose freude !"

par

Malin Byström (c) Peter Knutson

Ludwig van Beethoven
Fidelio
Joie sans nom, en effet, après cette magnifique interprétation concertante du chef-d'oeuvre de Beethoven. Attention, il s'agit ici d'une version sur instruments anciens : le Cercle de l'Harmonie et le Choeur de chambre "Les Eléments" se portaient garants d'une approche authentique.