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La Calisto de Cavalli sur les bords de Loire

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Placé sous la direction musicale de Sébastien Daucé, le spectacle avait enchanté le public et divisé la critique du Festival d’Aix-en-Provence en cet été 2025. Coproduit avec les théâtres de Rennes, Caen, Avignon, Luxembourg, le Théâtre des Champs-Elysées à Paris et Angers Nantes Opéra, cette désormais fameuse et attendue Calisto de Francesco Cavalli faisait halte à Nantes et à Angers pour trois représentations.

Créé en 1651 à Venise sur un livret de Giovanni Faustini inspiré des Métamorphoses d’Ovide, l’opéra met en scène les dieux Jupiter et Mercure revenus sur terre pour voir ce qui s’y passe. C’est alors une étonnante combinaison de confusion des sexes et des sentiments dans toutes les directions possibles. Ce mélange de fornications de tous les possibles prête évidemment à toutes sortes d’extravagances scéniques mises en avant dès la redécouverte de ce merveilleux opéra au tout des débuts des années 1970 au Festival de Glyndebourne sous la direction de Raymond Leppard avec des solistes jouant parfaitement la comédie et un orchestre aussi hybride que pléthorique comme on les aimait à une époque non encore « historiquement informée ». Dans la production qui nous occupe, le côté incroyablement scabreux du livret est complètement édulcoré au profit d’une mise en scène assez sérieuse des situations au cours desquelles les errances des dieux sont l’exact miroir de celles des hommes vues à travers une lecture féministe cadrant avec nos préoccupations actuelles. À nous spectateurs de les comprendre en suivant le livret et en se perdant parmi les travestissements physiques et vocaux des différents protagonistes d’une histoire universelle dont les turpitudes viennent nous parler de nous-mêmes.

Beau, tout simplement beau : « la Calisto » à Aix-en-Provence

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Beau, oui, tout simplement beau, dans ce que l’on entend et dans ce que l’on voit. Quel bel écrin, quel dispositif scénique adéquat ont imaginé Jetske Mijnssen, la metteure en scène, et Julia Katharina Berndt, la scénographe. Les grands espaces d’un somptueux hôtel particulier du XVIIIe siècle, lambris, bougies, fauteuils et bergères, service en porcelaine et personnel aussi efficace que discret. Un plateau tournant pour faciliter le jeu des entrées et sorties, des apparitions-disparitions. Les costumes d’Hannah Clark sont joliment d’époque.

Une histoire compliquée : Jupiter fait encore des siennes ! Sa proie, cette fois, la belle Calisto, si éprise de Diane. Le roi des dieux, conseillé par son âme damnée de Mercure, va donc recourir à une usurpation d’identité – un procédé habituel chez lui - pour abuser de la vierge amoureuse. Leur entourage est, lui aussi, habité par toutes sortes de pulsions irrésistibles : ceux qui aiment en vain, ceux qui veulent posséder, celle qui voudrait être aimée, ceux qui ourdissent ; les naïfs, les retors, les idéalistes, les fourbes. On se déguise, on cache ses sentiments, on complote, on menace. Des quiproquos en veux-tu en voilà. Du baroque vénitien quoi, dont on sait que Cavalli est un maître.

C’est une comédie, joliment enlevée, mais pas que. Il y a du Marivaux, mais aussi du Choderlos de Laclos. On badine, mais on n’hésite pas à menacer, couteaux à l’appui. 

Sébastien Daucé honore Campra et les Maîtres de Notre-Dame de Paris

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André Campra (1660-1744) : Messe de Requiem. François Cosset (ca 1610 - ca 1673) : Missa sex vocum « Domine salvum fac regem ». Jean Veillot (ca 1600-1662) : Ave verum corpus ; Domine salvum fac regem. Jean Mignon (1640-1708) : Plain-chant : Procul maligni cædite Spiritus. Pierre Robert (ca 1622-1699) : Christe redemptor omnium ; Plain-chant : Templi sacratas ; Tristis est anima mea. Ensemble Correspondances, direction Sébastien Daucé. Notice en français, en anglais et en allemand. Textes originaux avec traduction. 69’56’’. Harmonia Mundi HMM902679. 

Les Suites pour viole de Couperin, peintes à fresque

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Secrets de Roy. François Couperin (1668-1733) : Pièces de Violes avec la basse chiffrée. Les Idées Heureuses ; La Mézangère ; Le Tic-Toc Choc ou les Maillotins ; La Chazé ; Les Sylvains ; La Ménétou ; La Séduisante ; Le Dodo ou l’Amour au Berceau (transcriptions). Mathilde Vialle, Louise Bouedo-Mallet, violes de gambe. Thibaut Roussel, théorbe, guitare baroque. Sébastien Daucé, clavecin. Juin 2019. Novembre 2019. Livret en français, anglais, allemand. TT 66’51. CVS 035

Levez les yeux vers le ciel Combattimento, la théorie du cygne noir 

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Au Théâtre du Jeu de Paume, nous sommes invités à nous plonger dans un temps à la fois suspendu et perpétué : des Lamentations composées au 17e siècle, remises en perspective, nous suggèrent de mieux réagir peut-être face à notre monde du 21e siècle. Une plongée en musique et en images confondues.

Quelques mots d’explication préalable sont sans doute bienvenus : le spectacle est donc composé de la succession de pièces baroques italiennes, des Lamentations, de la première moitié du 17e siècle. Un âge d’or pour le genre. 

Pourquoi « La théorie du cygne noir » ? C’est, d’après le chercheur et statisticien Nassim Nicholas Taleb, « un événement imprévisible, qui a de faibles probabilités de se dérouler, et dont la réalisation implique des conséquences considérables et exceptionnelles ». 

Pourquoi « Combattimento » ? Parce que le point de départ du projet est justement Il Combattimento di Tancredi e Clorinda de Claudio Monteverdi. Un combat au cours duquel Tancrède finit par tuer son adversaire dissimulé sous une cuirasse. Pour découvrir -« événement imprévisible »- qu’il s’agit de Clorinde, sa tant aimée. Lamentations !

Ballet de la Nuit aux Champs-Élysées

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La Fronde vaincue, au printemps 1653, Mazarin fait donner un divertissement royal fastueux afin de glorifier l’accession au pouvoir du jeune Louis XIV âgé de quinze ans. Un événement qui marquera les esprits du temps et la postérité. Confié à l’élégant poète Isaac de Benserade, le livret du Ballet de la Nuit, en quatre « Veilles », quarante-cinq  Entrées (courts ballets où le roi danse à quatre reprises aux côtés des princes, chorégraphes et musiciens), tente de dire l’univers dans sa complexité à travers épisodes mythologiques, chevaleresques, populaires. Tous les genres sont convoqués, depuis les ballets jusqu’aux épisodes grotesques, apparitions de monstres, sorcières, pastorales, tempêtes, le tout devant les perspectives monumentales dessinées par Torelli. Ces décors, le texte intégral, les costumes nous sont connus. De la partition composite due à Cambefort, Boësset, Lambert et quelques autres dont Lully peut-être, il reste la partie de premier violon et la musique vocale.

A partir de là, le chef d’orchestre Sébastien Daucé et la chorégraphe metteur en scène Francesca Lattuada ont sélectionné certains éléments pour élaborer un spectacle en quatre parties. La moitié en est empruntée à deux opéras -L’Orfeo de Luigi Rossi (1647) importé d’Italie six années plus tôt et Ercole amante (Hercule amoureux) de Cavalli qui célébrera le couronnement dix ans plus tard. Ce recyclage n’est guère vraisemblable car il coïncide avec le rejet de l’influence italienne que seul Lully parviendra à acclimater au goût  français. Par ailleurs, le contraste stylistique France-Italie est souligné par l’orchestration du reste de l’œuvre, assez timide (beaucoup d’unisson chez les cordes notamment) et linéaire.

Une invitation au Sacre du Louis XIV

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Le Sacre royal de Louis XIV. Ensemble Correspondances, direction Sébastien Daucé, Les Pages du Centre de musique baroque de Versailles, direction Olivier Schneebeli (2). 2019. Livret en français, en anglais et en allemand. Sous-titres des textes chantés en français, en anglais et en allemand. 108.00. DVD Château de Versailles CVS017.

La Nuit Transfigurée

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« Perpetual Night ». 17th Century Ayres and Songs.  Johnson, Lawes, Coprario, Ramsey, Lanier, Banister, Webb, Hilton, Hart, Blow, Purcell, Jackson.  Lucile RICHARDOT, mezzo-soprano.  Ensemble Correspondances, dir. Sébastien DAUCÉ. 2018-72’14"-Textes de présentation en français et anglais-Harmonia Mundi HMM 902269.

Un CD aussi important que beau !

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0126_JOKERHenry DU MONT
(1610 - 1684)
O Mysterium
12 Motets et Élévations pour la Chapelle de Louis XIV
Ensemble CORRESPONDANCES, dir.: Sébastien DAUCE
2016-71'18- présentation et livret en français, anglais et allemand- textes en latin, français, anglais, et allemand- chanté en latin-Harmonia Mundi 902241