Ils se sont tous bien amusés : Falstaff à Liège
Oui, ils se sont bien amusés, tous ceux qui ont conçu ce Falstaff qui nous a tant amusés nous aussi !
Voilà un compositeur qui aura bientôt 80 ans, mais qui s’estime encore, je le cite, « plein de sève et de joie de vivre ». Giuseppe Verdi a connu les plus grands succès avec des œuvres tragiques, il rêve à présent d’un livret comique. Et pourquoi pas un Shakespeare, cet auteur qu’il affectionne tant, que sa musique a exalté dans ses Macbeth et Otello -il y avait encore le désir, qui ne sera jamais assouvi, d’un « Roi Lear ».
Mais pour concrétiser ce rêve, il faut un livret : Arrigo Boito va puiser son inspiration dans deux pièces de Shakespeare : « Henri IV » et « Les Joyeuses Commères de Windsor ». Il en réalise une adaptation magistrale, il en fait une œuvre unique focalisée sur le « pancione », le pansu. Une farce subtile dans sa progression et ses tonalités : oui, « le gros », caché dans un panier à linge, est jeté dans les eaux boueuses de la Tamise, mais ce « gros » a de jolis états d’âme existentiels.
Falstaff est donc l’heureuse conclusion d’un long parcours. Oui, Verdi a réussi ce que Boito lui proposait : « Après avoir brisé tous les cris et les gémissements du cœur humain, [finir] avec un énorme éclat de rire ». Oui, Verdi et Boito se sont bien amusés.
Voilà qu’après tant d’autres, Jacopo Spirei décide de mettre en scène l’histoire de ce personnage énoooooorme qui, se croyant rusé, se retrouve dupé par celles dont il prétendait obtenir les faveurs et l’argent. Tel est pris qui croyait prendre, rira bien qui rira le dernier.