Verdi et douze compositeurs italiens rendent hommage à Rossini

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Messa per Rossini. Requiem de Verdi et 12 autres compositeurs en mémoire de Rossini.  Maria josé Siri, soprano ; Veronica Simeoni, mezzo-soprano ; Giorgio Berrugi, ténor ; Simone Piazzola, baryton ; Riccardo Zanatello, basse. Choeur et Orchestre de La Scala de Milan,  Riccardo Chailly. 2018 - enregistré en direct Teatro alla Scala, Milan 8-15 novembre 2017- 2CD -CD 1 59.48- CD 2 40.56- livret en anglais, allemand, français, italien- textes en allemand, latin, anglais, français-chanté en latin-DECCA483 4084D’un intérêt musicologique certain, de belle interprétation, voici un coffret destiné à rendre hommage au père de l’opéra européen, Gioachino Rossini. C’était là le désir de Verdi lorsqu’en 1868 il conçut le projet d’un Requiem dont chaque partie serait confiée à un compositeur italien. L’idée d’honorer la mémoire d’un génie qui sut transcender les frontières s’orienta ainsi, insensiblement, vers l’exhalation morale d’une jeune nation en effervescence. Après refus et atermoiements, douze compositeurs -outre l’initiateur- furent retenus mais, si la partition était complète, elle ne fut pas jouée du vivant de Verdi qui reprit son Libera me pour le Requiem de Manzoni en 1874. Inutile de souligner que cette célèbre page, avec ses contrastes majestueux, son envergure tragique et consolatrice, domine toutes les autres. Néanmoins, il faut remercier les artisans d’une telle redécouverte et de la réalisation de cette messe -efforts qui portent, pour une fois, sur un répertoire autre que baroque et avec des références musicologiques certaines. Cet ensemble composite nous propose, en effet, une photographie exceptionnelle de l’art sacré en cette Italie du XIXe siècle, à travers les douze compositeurs dont la plupart sont peu connus. Très différents, ils sont liés néanmoins par une esthétique fondée sur des bases communes. La souplesse des lignes mélodiques, les accents parfois angéliques, une déploration tendre et vigoureuse (Lux Aeterna de Mabellini) souvent agrémentés de passages fugués (Sanctus de Platania) contribuent à ce mélange de véhémence et de douceur (Agnus Dei de Lauro Rossi) caractéristique du tempérament latin. Parfois théâtral (Requiem et Kyrie de Buzzola) voire opératique (Confutatis de Boucheron), le style s’avère assez conformiste avec le Dies Irae de Bazzini, le Tuba Mirum de Pedrotti, l’Ingemisco de Nini ou le Recordare de Ricci. Cagnoni ménage un duo touchant - « salva me » - dans son Quid sum miser tandis que Coccia présente un Lacrimosa de toute beauté, calme, large et tragique qui finit apaisé. L’élan sincère qui inspire chacun, les couleurs et les sentiments unifient ce qui aurait pu sembler disparate, banal ou facile. D’autant mieux que la direction de Riccardo Chailly, à la tête de l’Orchestre et des Chœurs de la Scala, s’inscrit dans l’esprit du projet verdien. Tous s’attachent à mettre en valeur ce camaïeu musical sans chercher à en faire autre chose que ce qu’il est : le reflet de l’âme d’un peuple en devenir.

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation  : 10

Bénédicte Palaux Simonnet

 

 

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