Transfigurations et transcriptions avec Het Collectief 

par

 

Transfigurations. Arnold Schönberg (1874-1951) : Verklärte Nacht, Opus.4 (transcription d’Eduard Steuermann) ; Kammersymphonie, Op.9 (transcription d’Anton Webern) ; Alban Berg (1885-1935) : Sonate pour piano en si mineur, Op.1 ( transcription de Tim Mulleman) ; Adagio du Kammerkonzert. Het Collectief.  Livret en français, anglais et néerlandais. 72’43’’. Alpha 867.  

La musique de la seconde école de Vienne est au cœur du travail de l’ensemble belge Het Collectief. Au fil des ans, nos compatriotes ont construit une discographie de très haut vol, centrée sur les grandes partitions de ce courant : on pense à leurs enregistrements du Pierrot Lunaire de Schönberg (Fuga Libera) ou l’album Busoni, Berg et Zemlinsky  (Zig Zag). 

Pour cet album, ils nous emmènent au cœur des grands chefs d'œuvres de Schönberg et Berg. En ouverture, on se réjouit d’entendre l’arrangement que le pianiste Eduard Steuermann avait réalisé de la Nuit transfigurée. Cette transcription pour trio avec piano a le grand mérite de garder le lyrisme de la version originale pour sextuor à cordes mais également de renforcer la modernité d’une écriture musicale déjà radicale.  Le geste est ici d’une grande concentration d’effet et l'économie de moyens regarde déjà vers les expérimentations radicales du compositeur et de ses amis et compagnons de routes comme Webern. 

C’est justement Anton Webern qui arrangea la Symphonie de chambre n°1, Op.9 pour 5 instruments, soit l’effectif du Pierrot Lunaire de Schoenberg. La science des timbres de Webern lui permet de ciseler les facettes de ce bijou musical avec respect et dévotion. Cette version est l’ADN même de Het Collectief dont ils cernent tant la pureté instrumentale que les mille nuances. 

Passage de génération avec une nouvelle transcription de la Sonate pour piano de Berg par le jeune Tim Mulleman (né en 1993). Il est fascinant de voir que cette pièce pour piano de Berg se déploie tant au grand orchestre (on pense à la superbe orchestration du Néerlandais Théo Verbey enregistrée par Riccardo Chailly au pupitre du Concertgebouworkest d’Amsterdam) qu’ici dans une version pour 5 instruments. Cette belle réalisation rend parfaitement justice à l’esprit de la partition. L’Adagio du Concerto de Chambre de Berg est une conclusion idéale à cet enregistrement, comme un miroir à la Nuit Transfigurée. 

Superbement enregistré, cet album est une très belle réussite musicale et artistique et c’est encore un disque de référence à créditer à nos compatriotes, guidés par une excellence musicale et dont chaque parution est un grand cru. 

Son : 10 - Répertoire : 10 - Livret : 10 - Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

 

 

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