Un CD de grande qualité musicale et plein de bonne humeur

par

Camille SAINT-SAËNS
(1835-1921)
Concertos pour violoncelle 1 & 2 - Le Carnaval des animaux - Caprice-Valse "Wedding
Cake" - Africa -
Truls Mork (violoncelle), Louis Lortie & Hélène Mercier (pianos), Orchestre Philharmonique de Bergen, dir.: Neeme JÄRVI
2016-SACD-75' 32''-Notice en anglais, allemand et français-Chandos CHSA 5162

En 2012 déjà, Neeme Järvi nous avait régalés d'une superbe anthologie Saint-Saëns chez le même éditeur, comprenant entre autres, les quatre poèmes symphoniques et l'ouverture Spartacus. Voici une deuxième rencontre entre un compositeur et un chef qui manifestement ont plus d'un point commun : sens de la tradition, précision du geste, élégance de la direction, raffinement de l'instrumentation. Cette distinction quasi chorégraphique, qui caractérise souvent les interprétations de Järvi, sert admirablement le premier concerto pour violoncelle, avec ses délicats petits rythmes de menuet. Truls Mork s'y montre nerveux, lyrique puis fougueux. Sa virtuosité trouvera à s'éclater dans le plus difficile deuxième concerto : le violoncelle s'y montre en effet souvent à nu, tant dans le vigoureux allegro initial que dans la cadence du finale. Le meilleur moment de ce concerto méconnu est sans conteste l'andante sostenuto, au milieu de l'allegro, et qui fait un peu office de mouvement lent. L'écriture orchestrale pour vents y est subtile, et la coda, très poétique. Mork est ici en concurrence directe avec la belle version, moins austère sans doute, de Steven Isserlis (RCA). Vient ensuite le célèbre Carnaval des animaux, suivi par deux pages pour piano et orchestre. On peut s'interroger sur un éventuel manque d'unité apparente du programme, lequel n'a sans doute d'autre ambition que de proposer une facette assez complète du compositeur. Le Wedding-Cake, "caprice-valse" est une oeuvre de commande, brillante mais superficielle, pour piano et cordes. Elle est ici très finement jouée, ce qui n'est pas toujours le cas. Quant à Africa, fantaisie pour piano et orchestre, elle illustre le talent fou qu'avait Saint-Saëns d'approcher les modes orientaux et les harmoniser pour notre enchantement : une jolie réussite, aux grands traits virtuoses, dans la veine de son Concerto égyptien, que s'approprie avec éclat Louis Lortie. Reste Le Carnaval des animaux, éternel tube du musicien, facétie d'un compositeur si sérieux qu'il ne voulut pas le publier de son vivant (hormis l'immortel Cygne). Version plutôt symphonique, avec deux pianistes redoutables : Louis Lortie et Hélène Mercier. A écouter en priorité : Tortues, Aquarium et Volière. Un CD de grande qualité musicale, et plein de bonne humeur !
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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