Un nouveau « Nouveau Monde »

par

Antonin DVORAK
(1841-1904)
Symphonie n° 9 dite « Du Nouveau Monde » op. 95–Suite américaine op. 98b
Bamberger Symphoniker, dir. : Robin TICCIATI
DDD–2015–67’ 13’’–Texte de présentation en anglais, allemand et français–Tudor 7194

Il doit exister plus de deux cents enregistrements sur CD de la Symphonie n° 9 dite « Du Nouveau Monde » d’Antonin Dvorak. Autant dire qu’il serait vain de vouloir établir un palmarès ou une hiérarchie irréfragables, si ce n’est à partir de critères purement personnels et subjectifs. Et autant dire aussi que chaque nouvelle écoute de l’œuvre, que ce soit sur disque ou en live, renvoie forcément à des écoutes précédentes, jusqu’à l’écoute idéale, celle grâce à laquelle la célébrissime symphonie s’est un beau jour imposée à soi, s’est gravée dans la mémoire.
En l’enregistrant à son tour à la tête du Bamberger Symphoniker (dont la création remonte en 1946), le chef britannique d’origine italienne, Robin Ticciati, a résolument choisi le registre des contrastes et a pris le parti de bien faire ressortir dans son exécution les oppositions entre les séquences lentes, voire élégiaques et rêveuses, et les parties construites sur des rythmes heurtés et trépidants – ce qui, au vrai, est une des principales caractéristiques de l’œuvre et correspond à ce que souhaitait Antonin Dvorak quand il l’a composée lors de son séjour aux États-Unis, au début des années 1890. C’est donc un « Nouveau Monde » très schématisé et très classique que propose Robin Ticciati, mais cela ne signifie pas qu’il est passé à côté de son sujet et que son option est critiquable. Son interprétation du quatrième et dernier mouvement allegro con fuoco est d’ailleurs tout à fait remarquable et sert à la perfection l’immense énergie créatrice d’Antonin Dvorak.
Comme son nom l’indique, la plaisante Suite américaine en cinq parties témoigne de l’intérêt d’Antonin Dvorak pour les musiques populaires. En mars 1893, il allait du reste publier un article sur les airs et les chants des Noirs et des Amérindiens, estimant qu’ils étaient dignes d’inspirer les compositeurs américains. « Je suis convaincu, écrivait-il notamment, qu’à l’avenir la musique de ce pays doit se baser sur ce qu’on nomme les chants des Noirs. » Des paroles visionnaires.
Jean-Baptiste Baronian

Son 8 – Livret 7 – Répertoire 10 – Interprétation 8

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