Zara Nelsova, une légende du violoncelle

par

Zara Nelsova
Enregistrements berlinois 1956-1965
Concerti : A.Dvorak : Concerto en si mineur op.104 /R.Schumann : Concerto en la mineur op.129 / D.Milhaud : Concerto n.1 op.136 (Radio -Symphonie-Orchester Berlin /Georg Ludwig Jochum rec. 1 au 5 II 1960) /D.Kabalevsky : Concerto n.1 en sol mineur op.49 (Radio- Symphonie-Orchester Berlin/ Gerd Albrecht (rec. 20 IX 1965)
Œuvres pour violoncelle et piano : L.Boccherini : Sonate n.4 en la majeur G 4 / L.van Beethoven : Sonates op.5 n.1 en fa majeur & n.2 en sol mineur /R.Schumann : Phantasiestücke op.73 /J.Brahms : Sonate n.2 en fa majeur op.99   au piano : Lothar Broddack (rec. 16 V 1956 & 30 IV 1959)  // L.van Beethoven : Sonate op.102 n.2 en ré majeur /J.Brahms : Sonate en mi mineur op.38   au piano : Artur Balsam (rec. 8 V 1960)
Œuvres pour violoncelle seul : J.S.Bach : Suite en ré mineur BWV 1008 (rec. 30 IV 1959) / Suites en ut majeur BWV 1009 et en ré majeur BWV 1012 (rec. 4 V 1960)
2015 – 4 CD 78.47 / 77.41 / 74.19 / 64.30 /Texte de présentation en allemand et en anglais / Audite 21.433

« La reine des violoncellistes », tel est le titre que l’on attribuait à Zara Nelsova durant les années cinquante. Même si son nom est quelque peu oublié aujourd’hui, sa carrière est d’importance. Issue d’une famille d’ascendance russe, elle est née à Winnipeg au Canada le 23 décembre 1918. Avec ses deux sœurs, Ida au violon et Anna au piano, elle forme un trio qui deviendra plus tard ‘The Canadian Trio’. En 1928, la famille s’établit à Londres ; et Zara étudie avec Herbert Walenn à l’Ecole du Violoncelle, tout en sollicitant les conseils de sir John Barbirolli, lui aussi violoncelliste, puis en auditionnant devant Pablo Casals. Dès 1932, sa carrière de soliste démarre avec un concert de l’Orchestre Symphonique de Londres dirigé par sir Malcolm Sargent où elle interprète le Concerto en ré mineur d’Edouard Lalo. Lorsque la guerre éclate, elle regagne le Canada et devient violoncelle solo de l’Orchestre Symphonique de Toronto. Sous l’égide d’Emanuel Feuermann puis de Gregor Piatigorsky, elle donne un premier récital au Town Hall de New York en 1942. Elle travaille ensuite avec Pablo Casals à Prades, avec Ernest Bloch dans l’Oregon. Elle se produit régulièrement à New York et à Londres et finit par débuter en 1958 avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin dirigé par Karl Böhm dans le Concerto n.1 de Saint-Saëns. En 1966, elle sera la première violoncelliste américaine invitée à jouer en Union Soviétique. C’est le moment où elle décide de réduire ses prestations pour enseigner tant à la Juilliard School qu’à la Royal Academy of Music de Londres. A la suite d’une longue maladie, elle s’éteindra à New York le 10 octobre 2002.
Pour la RIAS (la Radio en secteur américain) de Berlin, Zara Nelsova a abondamment enregistré entre mai 1956 et septembre 1965. Et la firme Audite a réuni près de 300 minutes de musique réparties en 4 CD avec une qualité de son remarquable. Alors que la firme Decca possède le legs officiel, Audite nous offre les ‘marges’. Ainsi découvre-t-on un Premier Concerto de Darius Milhaud, surprenant par sa nonchalance teintée d’humour, ainsi qu’un premier Concerto de Dmitry Kabalevsky, tout aussi notoire par sa richesse mélodique. En dialogue avec l’Orchestre Symphonique de la RIAS de Berlin dirigé par Georg Ludwig Jochum, le célèbre Concerto en la mineur de Schumann impressionne par un lyrisme tout intériorisé, tandis que, curieusement, le non moins fameux Concerto en si mineur de Dvorak semble d’une raideur quelque peu distante, tant l’articulation du discours ne trouve pas ses marques. Par contre, la musicalité irréprochable de l’artiste va droit au cœur de trois des Suites en solo de Bach, en recherchant l’essence de la musique sans se préoccuper d’une rigueur musicologique qui la caparaçonnera dès le tournant des années quatre-vingts. Le 8 mai 1960, avec le remarquable pianiste Artur Balsam, elle confiera aux micros la dernière des sonates de Beethoven (op.102 n.2) à l’Adagio proprement bouleversant et la Première Sonate de Brahms à la nostalgie crépusculaire. Par contre, lors des sessions de mai 1956 et d’avril 1959, elle avait eu affaire à un autre accompagnateur, Lothar Broddack, qui ‘respirait’ avec elle dans les deux Sonates op.5 de Beethoven, la Quatrième de Boccherini, la Deuxième de Brahms et les ‘Phantasiestücke’ op.73 de Schumann. En résumé, une très grande artiste à réécouter attentivement !
Paul-André Demierre

Son 9 -  Livret 7 -  Répertoire 10 -  Interprétation 8   

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