Vicente Baset et ses symphonies

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Vicente Baset (1719 – 1764) : Symphonies. Madrid 1753. Forma Antiqva, direction : Aarón Zapico. 2020. Livret en espagnol, anglais et allemand.  68'43'' 1 CD Winter & Winter 910 266-2


Vicente Baset, (écrit parfois Basset) était un des violonistes de l'orchestre constitué par Farinelli pour le théâtre « Coliseo del Buen Retiro». Ce fut l'une des meilleures formations de l'Europe du baroque, au service des fastes du Roi Ferdinand VI et de la Reine Barbara de Bragança. Il faut souligner ce nom car elle était une claveciniste et compositrice hors pair dont le maître fut tout simplement Domenico Scarlatti. Son apport comme mécène musical fut absolument essentiel : elle fit venir à la Cour Scarlatti, dont les obligations comportaient un concert journalier pour la famille royale, et Farinelli, avec sa cohorte de chanteurs et instrumentistes renommés. Ce qui plus tard ouvrirait le chemin à Gaetano Brunetti ou à Luigi Boccherini, consolidant ainsi une influence italienne cruciale dans l'histoire de la musique espagnole. La musique de Baset a connu des vicissitudes bariolées : une partie de sa musique a été retrouvée en Suède... dont les « Symphonies » réunies dans ce disque. En réalité, le terme fait ici référence à des ouvertures d'opéra, genre auquel il consacra sa vie, autant dans la compagnie royale que dans celle, plus populaire, de Maria Hidalgo. En 2016, Raúl Angulo publia l'édition critique pour l'association Ars Hispana, permettant ainsi la naissance de ce projet.

Aarón Zapico est un claveciniste doué et imaginatif : ses enregistrements du baroque espagnol font état d'une imagination très méditerranéenne et d'une excellente connaissance stylistique du baroque. Dans sa facette de chef, avec un ensemble bien soudé constitué en grande partie par sa fratrie, Aarón laisse beaucoup de marge à la créativité et à la fantaisie de chacun des solistes de l'orchestre, dont l'excellent hautbois Pedro Castro et le violoniste Jorge Jiménez. Celui-ci  apparaît comme un artiste sérieux et compétent, même si l'on aurait imaginé un peu plus de panache pour jouer un genre de musique tellement imbriqué dans la théâtralité. Car c'est là le double tranchant de ces 11 symphonies : elles font preuve d'une grande créativité, elles sont scintillantes et l'on y trouve certains effets très réussis. Mais, mises hors de leur contexte utilitaire, on a un peu de mal à rester concentré à leur écoute : l'attention se disperse et viennent à la mémoire des compositions bien plus ambitieuses de ses contemporains Antonio Soler, le vieux moine de Montserrat et l'Escurial, à la production fascinante, ou de José de Nebra pour l'opéra. Il est vrai aussi que le public de la Cour devait leur prêter à l'époque une attention assez distraite...

L'intérêt historique de ce projet est indiscutable par sa valeur patrimoniale, mais il est moindre si l'on prend un point de vue strictement musical. Il est aussi desservi par une prise de son quelque peu terne. Ce projet a été financé par la Fundación BBVA, initiative dont tout amateur de musique sera ravi. Zapico est aussi l'auteur du magnifique article qui accompagne le CD : histoire, choix interprétatifs, contexte culturel, instruments utilisés, tout y est !

Son : 7 Livret : 9 Répertoire : 7 Interprétation :  8

Xavier Rivera

 

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