Wilhem Latchoumia éblouissant

par

Heitor Villa-Lobos: Tristorosa - As très Marias - A Lenda do Caboblo
Cirandas : Passa passa gavião - Que lindos ohlos
Ciclo Brasileiro:  Impressões Seresteiras - Festa no sertão - Plantio do Caboclo - Dança do indio branco
A Prolé do bébé: Branquinha - Morenhina - O Polichinelo
Alberto Ginastera: Danzas Argentinas : Danza del viejo boyero - Danza de la moza donosa - Danza del gaucho matrero
Pour le quatrième concert de Sonar consacré aux Amériques la Maison du Peuple accueillait le pianiste français Wilhem Latchoumia dans un programme consacré à l'Amérique latine avec des oeuvres peu jouées de Villa-Lobos et les fameuses Danzas Argentinas de Ginastera. Ces deux compositeurs sont relativement négligés dans les salles de concert et c'est regrettable car elles n’ont rien à envier aux oeuvres d’inspiration folklorique d'un Bartok ou Kodaly, d'Albeniz ou de Ravel. Mais les interprètes hésitent encore souvent à imposer au public des œuvres moins connues. Cette musique charme pourtant : mélodies inoubliables, harmonies recherchées et brio pianistique. Dès la première petite pièce (Tristorosa), on est dans le monde grisant de nostalgie; la mélancolie sud-américaine n'est pas la même que celle de Chopin ou d'un compositeur russe, elle est discrète, épurée, elle parle au coeur. La tristesse garde quelque chose d'ensoleillé, une lueur d'optimisme. Elle exige beaucoup de l'interprète : une solide technique, un grand sens des plans sonores et un goût très sûr pour éviter l’écueil du kitsch. Latchoumia aime cette musique et la laisse parler librement. Pianistiquement, il dispose de grandes qualités, semble toujours improviser, maîtrise vitesse et puissance, donne miel et tendresse. Sa pratique de la musique contemporaine enrichit son grand panel de contrastes et de sonorités.Il sait faire sonner un piano et va très loin dans les subtiles nuances qu'offre l’instrument. La Danza de la moza donosa et la Danza del gaucho matrero de Ginastera en furent de parfaits exemples : chaleur et nuances délicates rompues par la fougueuse troisième pièce jouée sauvagerie, le piano rugit… Wilhem Latchoumia confirme son talent et son goût pour la musique négligée.
Dans le cadre du Festival Musiq’3, on le retrouvera ce 27 juin à Flagey dans un programme conbsacré à Bartok, Liszt, Jaëll, Wagner et Ligeti.
François Mardirossian
Bruxelles, Maison du Peuple de Saint-Gilles, le 12 juin 2014

 

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