Au festival de Pesaro (II)

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C’est avec un “Gala Rossini” en plein air sur la Piazza del Popolo, en présence de Sergio Mattarella, le Président de la République italienne, que le Festival de Pesaro 2021 s’est conclu. Le concert était prévu pour célébrer l’inauguration de la nouvelle salle que le festival attend depuis des années mais qui est loin d’être achevée. Alors on a opté pour une autre célébration : les 25 ans de collaboration du Festival avec Juan Diego Flórez, le ténor péruvien “découvert” par le festival en 1996 et qui lui est resté fidèle. Finalement, c’est un “Gala Rossini” qui fut proposé, avec Flórez entouré de collègues connus et moins connus, soutenus par l’Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI dirigé par Michele Spotti. Flórez en grande forme était entouré par le baryton Pietro Spagnoli, le ténor Sergey Romanovsky et sept jeunes chanteurs moins connus, dans des pages de huit opéras de Rossini. Le point d’orgue du concert fut le grandiose et émouvant final de Guillaume Tell

Le programme de la 42e édition du festival était bien rempli. Il y avait les opéras Moïse et le Pharaon, Elisabetta regina d’Inghilterra et Il Signor Bruschino dans de nouvelles productions, une version scénique du Stabat Mater, le déja traditionnel Il Viaggio a Reims dans le “Festival Giovane” et plusieurs concerts de belcanto.

Pas de problème d’espace pour les productions dans le Vitrifrigo Arena pour Moïse et le Pharaon et Elisabetta regina d’Inghilterra (déjà commentés ici). Mais les dimensions du Teatro Rossini imposaient une autre approche : le public dans les loges, l’orchestre dans le parterre et l’action sur la scène. C’était le cas pour Il Viaggio a Reims, le spectacle présenté par les jeunes chanteurs de l’Accademia Rossiniana “Alberto Zedda” dans la mise en scène simple mais efficace d’Emilio Sagi qui fonctionne admirablement depuis 2001. Cette année, c’était Luca Ballario qui dirigeait l’Orchestra sinfonica G. Rossini et une distribution internationale de jeunes chanteurs qu’on retrouvera souvent les années prochaines dans les grandes productions du festival, tels Salome Jicia ou Maxim Mironov.

Le Teatro Rossini accueillait aussi Il Signor Bruschino, une “Farsa giocosa per musica in un atto” de Giuseppe Foppa, présenté en 1813 à Venise où le public n’accepte pas l’ouverture avec les (célèbres !) coups d’archet sur les pupitres. Aujourd’hui, on les attendait et la Filarmonica Gioachino Rossini dirigée avec élan et précision par Michele Spotti n’y a pas manqué. La mise en scène du duo français Barbe et Doucet place l’action principalement sur une large barge amarrée dans un port. C’est un décor qui prend beaucoup de place et ne rend pas le mouvements des personnages toujours faciles, ni leurs interactions naturelles. Le jeune couple qui défend son amour bénéficiait des voix fraiches et du jeu attachant de Marina Monzo (Sofia) et Jack Swanson (Florville).Comment ne pas aimer le Signor Bruschino de Pietro Spagnoli qui en fait un personnage unique soutenu par sa belle voix de baryton et sa présence scénique ? Toute la distribution s’intégrait bien dans l’action de cette “farsa giocosa”.

J’ai été beaucoup moins convaincue par la version scénique du Stabat Mater avec régie, décor, costumes et lumières de Massimo Gasparone, par la Filarmonica Gioachino Rossini, le Coro del Teatro Ventidio Basso et les solistes Giuliana Gianfaldoni (soprano), Vasilisa Berzhanskaya (mezzo), Ruzil Gattin (tenore) et Riccardo Fassi (basso) sous la direction de Jader Bignamini. Une exécution musicale impressionnante et émouvante mais le côté scénique me pose problème. Il ne s’agit pas de considérations religieuses, mais la partition du Stabat Mater n’a pas, à mon sens, besoin d'être visualisée. La musique et le texte parlent d’eux mêmes et n’ont pas besoin d’être illustrés : les images sont superflues.

Pesaro, du 13 au 22 août 2021

Erna Metdepenninghen

Crédits photographiques : Studio Amati Bacciardi

A Pesaro, Moïse l’emporte devant Elisabetta

 

 

 

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