Bach à l’infini

par

Jean-Sébastien BACH
(1685 - 1750)
Variations Goldberg
Zhu XIAO-MEI (piano)
DDD–2016–76’ 24’’–Texte de présentation en anglais, français et allemand–Accentus Music ACC30372
Comme le dit André Tubeuf dans son livre L’Offrande musicale (2007), il existe aujourd’hui une « querelle » autour de Bach au piano. « Nul appui sur la lettre, certes, ne peut défendre cette pratique qui nécessite, au moins, une transcription, qui peut être une trahison aussi. À quoi on objecte que Bach lui-même était un transcripteur impénitent, et qu’ayant fixé ses propres thèmes, souvent sous plusieurs habillages, la recherche d’une donnée authentique est elle-même, en l’occurrence, spécieuse. Faute de pouvoir s’en tenir à la lettre, il convient d’honorer l’esprit. » Et c’est ce que fait, précisément, Zhu Xia-Mei depuis de très nombreuses années, elle qui a joué les Variations Goldberg « des centaines et des centaines de fois, un peu partout », ainsi qu’elle le rapporte au début d’un entretien accordé à Michel Mollard et reproduit dans le livret accompagnant le présent CD.
Au rebours de Glenn Gould, qui s’était pour ainsi dire retiré du monde pour approfondir les Variations Goldberg, Zhu Xiao-Mei (elle est née en 1949 à Shanghai) a besoin, elle, de la scène, du public, de la confrontation directe avec les auditeurs, et même du bruit, pour « honorer l’esprit » du Kantor et servir cette immense œuvre virtuose, unique, intemporelle, presque métaphysique, qu’il est impossible de jouer sans y mettre son âme, sans la mettre entièrement à nu, quitte à répéter ce geste à l‘infini.
Oui, il y a Wilhelm Kempff, Daniel Barenboïm, Bruno Leonardo Gelber, Dinu Lipatti, Alexis Weissenberg, Murray Perahia, András Schiff, l’étourdissant Glenn Gould, bien sûr, tant d’autres… Irait-on jusqu’à prétendre que sous les doigts de Zhu Xiao-Mei, les Variations Goldberg revêtent comme par magie des accents… féminins ?
Jean-Baptiste Baronian

Son 8 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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