Claude Debussy en quatre temps

par
Debussy, Larderet

Que dire de Claude Debussy qui n’a pas encore été dit, sinon qu’il est le père spirituel de toute la musique du XXe siècle, exactement comme Ludwig van Beethoven a été celui de toute la musique du XIXe, et que ses œuvres vertigineusement mystérieuses n’arrêtent pas de fasciner les mélomanes aux quatre coins du monde ? Comme cette année 2018 est celle du centenaire de sa disparition à l’âge de cinquante-six ans, les disques qui lui sont consacrés sont d’ores et déjà légion, et tout indique qu’il y en aura encore beaucoup d’autres avant le prochain 31 décembre. En voici une première petite sélection.

Claude DEBUSSY
(1862-1918)

Debussy, FossiUn piano suave
Suite bergamasque–Rêverie–Danse–Ballade–Valse romantique–Mazurka–Pour le piano–D’un cahier d’esquisses–Masques–Estampes

Matteo FOSSI (piano)
DDD–2017–82’ 38’’–Texte de présentation en français et anglais–Hortus 152
Après avoir composé sa première pièce pour piano, Danse bohémienne, en 1880, Debussy devait délaisser le clavier pendant dix longues années. Quand il y reviendra, ce sera pour écrire coup sur coup des chefs-d’œuvre tels que la Suite bergamasque en quatre parties (« Prélude », « Menuet », « Clair de lune » et « Passepied »), Rêverie ou encore Ballade, puis en 1903, Estampes en trois parties (« Pagodes », « La Soirée dans Grenade » et « Jardins sous la pluie »). Matteo Fossi les joue extrêmement bien et a le grand mérite de les rendre des plus suaves – une dimension debussyste d’une importance capitale, que certains interprètes ont trop tendance à oublier de nos jours.
Son 9 – Livret 7 – Répertoire 10 – Interprétation 9

Debussy, LarderetPremière mondiale
Images (première série)–12 Préludes (Livre II)–Fragments tirés du Martyre de saint Sébastien
Vincent LARDERET (piano)
DDD–2017–79’ 52’’–Texte de présentation en allemand, français et anglais–Ars Production 38 240
Vincent Larderet (que Crescendo a déjà salué) est un pianiste éclectique, dont le répertoire s’étend de Domenico Scarlatti à Pierre Boulez. Pour commémorer l’année Debussy, il s’est attaché à trois morceaux : la première série des Images dans leur version pour piano, le Livre II des 12 Préludes et des fragments tirés du Martyre de saint Sébastien, ce ballet avec voix solistes et chœur que Debussy a composé en 1911 sur un argument de Gabriele D’Annunzio et qui a été réorchestré par André Caplet. En réalité, il y va ici de cette transcription d’André Caplet, mais revue et complétée pour le piano par Vincent Larderet lui-même. On doit reconnaître qu’elle ne manque pas d’attrait et qu’elle ne jure pas comme on dit aux côtés des Images et des 12 Préludes. Voilà donc une première mondiale que les debussystes purs et durs seraient très mal inspirés de vouer aux gémonies.
Son 9 – Livret 7 – Répertoire 10 – Interprétation 9

Tous les Préludes
Préludes (Livre I)–Préludes (Livre II)–L’Isle joyeuse
Angela BROWNRIDGE (piano)
DDD–2017–77’ 18’Texte de présentation en anglais–Challenge Classics CC 72727
Avec ses Préludes composés entre 1909 et 1913, Debussy a probablement donné le meilleur de son inspiration pianistique, en hommage Frédéric Chopin. Mais c’est un hommage pipé car l’écriture ne lui doit rien et est toujours aventureuse, inattendue, presque insolite et fantastique, au sens où elle sonde à vingt-quatre reprises des univers impalpables, immatériels, bien que chaque Prélude porte un titre précis et semble recouvrir une association de sensations et d’images : « Danseuses de Delphes », « Le Vent dans la plaine », « La Cathédrale engloutie », « Feuilles mortes », « Ondine », « Feux d’artifice »… Cet univers fuligineux, Angela Brownridge le restitue sans le moindre accroc, mais par moments de façon un peu trop romantique, à croire qu’elle tient, elle aussi, à rendre à sa façon, par Debussy interposé, hommage à Frédéric Chopin.
Son 8 – Livret 5 – Répertoire 10 – Interprétation 8

Une Mer étrange
La Mer

Maurice RAVEL
(1875-1937)
Ma Mère l’Oye
Het Gelders Orkest, dir. : Antonello MANACORDA
DDD–2017–55’ 01’’–Texte de présentation en anglais–Challenge Classics CC 72757
Les trois « esquisses symphoniques » pour orchestre que constitue La Mer de Debussy font partie des œuvres les plus enregistrées de la musique classique, toute époque confondue. Leurs versions sont si nombreuses et, surtout, si différentes les unes des autres, qu’on ne sait jamais trop pour quelles raisons objectives une telle séduit et une autre déçoit. Mais est-il seulement possible d’arriver à leur quintessence, à interpréter cette musique telle que Debussy l’a conçue dans chacun de ses innombrables détails ?
La Mer jouée ici par le Gelders Orkest sous la baguette d’Antonello Manacorda a en tout cas quelque chose d’étrange, pour ne pas dire d’excentrique, au point qu’on se demande, à l’écoute de certains passages, sur quelle partition publiée s’est basé le chef d’orchestre italien… Par contre, son exécution de Ma Mère l’Oye est ravélienne à souhait et ravira sans conteste les amateurs.
Son 8 – Livret 5 – Répertoire 10 – Interprétation 5

Jean-Baptiste Baronian

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