Liszt en ses Etudes

par
Trifonov

Franz LISZT
(1811-1886)
Etudes d'exécution transcendante-Deux études de concert-Trois études de concert-Grandes études de Paganini
Daniil TRIFONOV (piano)
2016-DDD-66'04 et 51'28-Textes de présentation en anglais, allemand et français-DG 479 5529 (2 cd)

Rassembler en un album de deux disques les principales études de Liszt est une gageure. Comment en effet conserver intact l'intérêt de l'auditeur pendant les deux bonnes heures que représentent ces archétypes de pièces de virtuosité pure, où celle-ci ne laisse que peu de place à l'expression de sentiments, à l'instauration de climats, d'atmosphères propres? Même le grand talent de Daniel Wayenberg, tout récemment chez Lyrinx, ne parvenait pas à nous convaincre totalement de la valeur autre que « décorative » de ces pages qui impressionnent davantage pour leur côté acrobatique que pour leur essence musicale. Si l'on peut me permettre un humble avis, le meilleur Liszt pianistique ne nous semble pas se trouver ici mais plutôt dans la Sonate en si mineur, les Années de pélerinage, les Harmonies poétiques et religieuses et, bien entendu, les sombres pièces tardives telles que la Csardas macabre, les Nuages gris, la Lugubre gondole etc. Daniil Trifonov nous avait séduit dans ses premiers récitals car sa brillance s'accompagnait d'une expressivité et d'une émotion à fleur de peau. Ici, un seul mot nous vient à l'esprit: glacé. Glacé tout autant comme une de nos bonnes pralines que comme un paysage hivernal. Du brillant, de l'élégance, oui, certes, mais le tout exprimé avec un détachement qui donne l'impression de frôler l'indifférence; une performance qui manque curieusement de panache et nous laisse de marbre. Les doigtés sont excellentissimes, la technique est sans la moindre faille mais que tout cela est mécanique... Un tel recueil, réalisé dans de telles conditions, était-il vraiment utile? Il séduira à coup sûr les fous de piano aux sonorités parfaites, propres et aseptisées, les amateurs de dextérité digitale, mais il n'est pas sûr qu'il ravira ceux qui ont à l'oreille les Arrau, Kentner, Cziffra, Anievas, Richter ou autres Ginzburg. Un peu décevant.
Bernard Postiau

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 6

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