https://www.crescendo-magazine.be/sliding-door-hook-up/

par https://www.crescendo-magazine.be/how-to-report-a-online-dating-scammer/

Le 24 mars dernier, le Nozze di Figaro a été offert à la Philharmonie du Luxembourg dans une version de concert avec l'orchestre de chambre de Bâle dirigé par Giovanni Antonini. Si la formation d'un orchestre de chambre, outre qu'elle sied bien à la salle du Grand auditorium de la Philharmonie du Luxembourg de ce jour, permet de mieux apprécier la structure orchestrale mozartienne qu'avec un orchestre symphonique, grâce à une écoute plus dégagée des relations entre les pupitres, elle dévoile aussi plus ouvertement les imperfections des interprètes. Ainsi ce soir les vents, notamment les bassons, semblent presque distraits en jouant, et l'ouverture quasiment considérée comme comme un concerto pour violon, dont l'interprète principale serait le premier violon. Si la forme concertante est souvent utilisée par Mozart, jusque dans ses quatuors, elle ne semble pas ici du meilleur aloi. Mais surtout, le défaut principal de l'orchestre est de jouer très vite, endommageant ainsi la dentelle mozartienne. Le tempo justo dans les opéras de Mozart est une des choses les plus difficiles, nombre de chefs d'orchestre, et pas des moindres comme Karajan ou Neville Marriner, n'ont pas su le trouver à chaque version. Même Erich Kleiber est encore trop rapide malgré sa maîtrise vertigineuse et élégante de l'orchestre. C'est qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation avec eux, ce que le chef d'orchestre italien fait dès l'ouverture. Il lui faudra un certain long temps, durant lequel les arias tempèrent sa hâte, pour s'en approcher.

Les interprètes, bien que pas idéaux non plus, ont su offrir cependant une version juste de leurs personnages.

Le Figaro de la basse canadien Robert Gleadow, comme souvent avec lui, est très joueur, trop sans doute, exagérant le caractère comedia dell'arte du valet. Il garde nonobstant une articulation, et une diction juste, qui avec son timbre ferme et tendre donne un Figaro quasi caricatural. 

Premières représentations scéniques en Espagne de Mitridate, Re di Ponto de Mozart

par

Mozart en première espagnole en 2025 ? Cela peut surprendre, certes, mais ce laps de temps nous semblera plus raisonnable si l’on considère que la première fois qu’on a pu voir ou entendre cet ouvrage, après sa création en 1770, fut à Salzbourg en 1977. En Espagne, plusieurs versions de concert ont vu le jour, notamment avec Mark Minkowski au Teatro Real, mais aucune scénique. On rappellera aussi que l’opéra a vécu des temps difficiles entre la guerre civile 1936-39 et la disparition du dictateur Franco en 1975 car… il détestait cet art ! Ce magnifique bâtiment qui est le Teatro Real a été dédié pendant toute cette période uniquement au concert et servi aussi de siège au Conservatoire Supérieur de Madrid. L’opéra subsistait avec des difficultés à Barcelone et occasionnellement en province. L’on avait confié la restauration à l’architecte José María García de Paredes, (qui était marié à la nièce de Manuel de Falla) et il a fait en sorte que les exigences de l’opéra restent possibles en vue d’une ultérieure remise en état en tant que maison d’opéra, notamment pour sa gigantesque cage de scène.

De nos jours, Mitridate fait inlassablement l’admiration des mélomanes par la précocité de l’auteur. Il me semble, néanmoins, que nous devons faire abstraction de son jeune âge pour considérer la manière absolument magistrale avec laquelle Mozart utilise des éléments de dramaturgie musicale pour souligner les états d’âme extrêmes des protagonistes dans ce contexte d’ambitions politiques et trahisons amoureuses qui en constituent la trame. Des ruptures harmoniques, des modulations soudaines ou des chromatismes inusuels jalonnent un discours musical parsemé d’airs magnifiques, dont se détache la prodigieuse beauté et le dramatisme de cet inoubliable « Nel grave tormento » confié à Aspasia. Le compositeur devait compter avec une distribution de tout grands virtuoses car il est presque impossible d’y trouver un air « facile » où les embûches virtuoses n’en remplissent au moins les deux tiers. Il est vrai aussi que le discours dramatique n’est pas encore tout à fait accompli et que le dénouement prévu par Vittorio A. Cigna-Santi en forme de « happy end » n’améliore en rien le drame absolu de l’original de Racine. Il semblerait aussi que Mozart n’ait eu le moindre échange avec le librettiste, se bornant à démontrer qu’il était capable d’en écrire la musique. Nous sommes loin de la complicité future avec Da Ponte ou Schikaneder dont découleront des monuments théâtraux insurpassables. L’anecdote avec la « prima donna » Antonia Bernasconi est savoureuse : elle avait exigé pour son rôle de ne chanter que les airs d’Aspasia du « Mitridate » de Gasparini qu’elle avait déjà présenté en public. À un certain moment des répétitions, elle a voulu connaître la musique que l’adolescent autrichien lui avait écrite. Stupéfaite… elle a vite appris les airs de Mozart pour les chanter à la première…

Lille Piano(s) Festival  : un festival nomade aux couleurs de Ravel et Fauré

par

Les 13, 14 et 15 juin 2025 le Lille Piano (s) Festival fêtera allègrement ses 21 ans d’existence avec une 22eme édition (eh oui !) aux couleurs de Maurice Ravel de Gabriel Fauré. Une belle occasion de célébrer le cent cinquantième anniversaire du premier, les 180 ans du second et leur immense apport au rayonnement et à la singularité de la musique Française.

40 concerts, 256 artistes

Du vendredi au dimanche soir, les mélomanes, fans de piano et autres claviers ou instrument harmonique (orgue, marimba, accordéon…) auront à choisir entre les 40 concerts programmés et la prestation des 256 artistes ( trois orchestres symphoniques)  requis pour l’occasion.

Un vaste panorama musical dévoilé pour la presse et détaillé avec une volubilité passionnée par Fabio Sinacori, directeur de la programmation de l’Orchestre National de Lille 

l’ONL qui,  rappelons-le,  est  partie- prenante de cette belle aventure depuis le début avec et grâce à son son chef fondateur Jean Claude Casadesus initiateur du  festival en 2004 lors de « Lille capitale Européenne de la culture » .

De Maurice Ravel, Bertrand Chamayou offrira une intégrale des œuvres pour piano en 2 concerts le dimanche après-midi dans le splendide auditorium du conservatoire cependant qu’au Casino Barrière le comédien Dominique Pinon et la pianiste Hélène Tysman marieront les mots du romancier Jean Echenoz ° aux notes du compositeur.

De Gabriel Fauré, les accents du célèbre Requiem s’élèveront sous voûtes de la Cathédrale notre dame de la treille avec les voix du chœur de Chambre Septentrion (Mathieu Romano, direction) de la soprano Adèle Bérard, du baryton Christophe Gautier. 

Strauss et Bruckner au Théâtre des Champs-Élysées par l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam

par

Sur le plateau du Théâtre des Champs-Élysées, le Philharmonique de Rotterdam semblait presque à l’étroit en cette soirée consacrée à Richard Strauss (Vier letzte Lieder) et Anton Bruckner (Symphonie n°3 en ré mineur dite « Symphonie Wagner ») .

Inversement aux dates de composition, les ultimes Lieder du compositeur allemand étaient placés en première partie. Par un souple dosage de contrastes et une dynamique constamment tenue, Yannick Nézet-Seguin donnait à ces pages crépusculaires toute leur densité sonore. 

Composées en Suisse, achevées en 1948, elles rendent comptent de la fin d’une longue vie mais aussi d’un chaos historique dont on ressent l’emprise. Poids qui se confond avec la mort prochaine, accueillie dans son mystère. Cet adieu intérieur est porté par la voix qui s’émancipe, s’envole au-dessus de l’orchestre pour revenir l’étreindre une dernière fois.

La soprano américaine Angel Blue dispose de moyens remarquables - timbre charnu, homogénéité et puissance du geste vocal- . Ils étaient ici déployés de manière essentiellement instrumentale. De ce fait, le dialogue « anima et corpo » pouvait sembler plus impersonnel, privé d’une certaine fragilité et, par conséquent, d’une part d’émotion et de lumière.

En deuxième partie, remontant le temps, le souffle puissant d’Anton Bruckner faisait surgir un tout autre univers mental et historique. L’orchestre s’étant  étoffé d’instrumentistes supplémentaires élargissait encore le spectre des timbres sans jamais alourdir les masses sonores.

Julien Libeer, face à Mozart 

par

Notre compatriote Julien Libeer fait paraître un album un peu solo mais surtout chambriste consacré à des partitions de Mozart (Harmonia Mundi). Le pianiste est en compagnie de  Pierre Colombet, violin ;  Eckart Runge, violoncelle et Máté Szücs à l’alto. Ce quatuor de brillants musiciens livre une prestation exceptionnelle, ce qui nous a donné envie d’en savoir plus et de poser quelques questions à  Julien Libeer. 

Vous êtes le dénominateur commun d’un album chambriste consacré à des œuvres de Mozart. Pourquoi choisir Mozart à ce moment de votre carrière?

On ne m’attribuera aucun prix d’originalité si je vous dis que Mozart m’accompagne depuis ma tendre jeunesse, et que notamment ses opéras comptent parmi mes plus intenses souvenirs d’enfance. Ce n’en est pas moins la vérité pour autant, et il fallait bien un jour que je fasse quelque chose avec cette fibre qui est à la racine de mon chemin de musicien. J’ai attendu avant de lui consacrer une monographie entière, car je voulais le faire dans un programme pertinent, et surtout avec les bonnes personnes. Il se trouve que les étoiles se sont alignées à ce moment-ci !

Dans le booklet du disque, vous écrivez “demandez à un musicien de vous parler de Mozart, il y a fort à parier qu’il peinera à dire quelque chose”. Pourquoi Mozart semble si difficile à caractériser par des mots ?

Si j’avais une réponse claire à ça, je n’aurais pas écrit cette phrase !  Peut-être parce que toutes les choses dont il est facile de parler en musique ne s’appliquent pas directement à Mozart.

Son intelligence est aussi fulgurante mais moins ouvertement intellectuelle que Bach ; son évolution esthétique est plus subtile que celle de Beethoven ; à l’exception de Haydn aucun de ses contemporains ne lui arrive à la cheville, donc difficile de le comparer ou le mettre en contexte ; et puis sa musique n’a rien d’idéologique ou pamphlétaire : elle n’incarne aucune révolution tonitruante, elle n’est pas à l’origine d’une école quelconque.

Parler de Mozart signifie donc parler réellement, et uniquement, de musique. Est-ce vraiment possible? 

On dit souvent que Mozart est un juge de paix pour les musiciens, un compositeur avec lequel il est impossible de tricher. Partagez-vous cet avis ?

Il a en effet rendu fou les plus grands… Perplexe, Richter se demandait pourquoi une gamme toute bête devenait si difficile dès qu’elle se trouvait dans une œuvre de Mozart… Rubinstein disait que quand on le joue, « soit c’est un miracle, soit ce n’est pas du Mozart » - ce qui met la barre un peu haute, mais n’est probablement pas faux… 

On pourrait retourner le problème dans tous les sens pendant des pages entières, mais disons qu’il y a peu de compositeurs qui demandent à ce point de dépasser la matière. En ce sens, Mozart n’est pas tant un style qu’un état d’esprit. 

Pascal Meyer, Machine à trois 

par

Le pianiste Pascal Meyer est l’un des membres de l’ensemble Machine à trois qui associe le marimba et le vibraphone au piano. Avec ces compères, l’artiste fait paraître un album nommé “Unlearn” et qui propose des partitions pour cette formation inusitée. Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec ce musicien à l’esprit ouvert et à la flexibilité totale. 

Vous êtes un pianiste aux multiples facettes, mais vous sortez un album avec l'un des ensembles dont vous faites partie. Cet ensemble qui combine le piano, le marimba et le vibraphone, se nomme Machine à trois. Pouvez-vous nous raconter l'histoire de cet ensemble ?

Machine à trois est né d'un projet de série de concerts. Rachel Xi Zhang (marimba) et Laurent Warnier (vibraphone) ont remporté un concours aux Pays-Bas en 2009 en tant que duo appelé Joint Venture Percussion Duo. Le prix comprenait une tournée dans les principales salles de concert néerlandaises. Ils ont demandé à leur ami et compositeur Yu Oda d'écrire une nouvelle œuvre pour eux, incluant le piano. Laurent m'a invité à jouer cette œuvre et d'autres lors de leur tournée. Le trio était né.

Dans la présentation de l'ensemble, j'ai lu que vous revendiquez une attirance pour la musique métissée et improvisée telle que le jazz. Comment ces caractéristiques complètent-elles la rigueur de la musique contemporaine ?

Lorsque nous avons commencé à jouer ensemble en tant que trio, nous avions tous les trois un intérêt marqué pour la musique contemporaine et jouions déjà dans divers ensembles spécialisés dans ce répertoire. Il nous a donc semblé naturel de faire de même avec ce trio qui n'avait pas vraiment beaucoup de répertoire en raison de sa formation plutôt inhabituelle, composée d'un piano et de deux instruments de percussion mélodiques. Mais nous avons également programmé des pièces à l'instrumentation indéterminée ou libre (Philip Glass, Tom Johnson), et commencé à arranger des morceaux de Radiohead, Frank Zappa, Pat Metheny et Tigran Hamasyan. Nos programmes sont devenus de plus en plus éclectiques et moins rigides quant à ce que nous appelons habituellement la musique contemporaine. Dans notre dernier projet intitulé Unlearn, nous avons commandé des compositions à des compositeurs et interprètes de jazz et nous nous sommes également essayés à la composition.

Votre nouvel album avec Machine à trois s'intitule « Unlearn ». Pourquoi ce titre ?

Notre album s'intitule « Unlearn » car il incarne le cœur de notre parcours créatif. En tant que musiciens classiques, nous avons passé des années avec les chefs-d'œuvre du passé, absorbant leur beauté et leur structure. Cette immersion profonde, bien qu'essentielle, a instillé en nous un ensemble de règles puissantes, une sorte de définition rigide de ce qu'est la « bonne » et la « mauvaise » musique.

Après Aix, Samson pénètre dans le temple de l’opéra comique 

par

Samson dit : « Avec une mâchoire d’âne, valant deux ânesses, avec une mâchoire d’âne, j’ai abattu mille hommes » (Livre des Juges 15:15). Les jansénistes, à défaut de massacrer les Philistins, utilisèrent en revanche les leurs en 1736 pour faire interdire l'opéra composé par Rameau sur un livret de Voltaire.

Lorsque les deux hommes se rencontrent en 1733 lors de la création d'Hippolyte et Aricie, Voltaire voit déjà dans le compositeur le vecteur d'une réforme, tant politique — montrer que les écritures sont des fables et maintenir un regard distancié à leur égard — mais aussi esthétique, du genre lyrique que le philosophe appelait de ses vœux. Ils s’attèlent alors à l’écriture de Samson, dont le personnage, de par son ambivalence, est davantage exposé à la critique. Le tandem n'échappera cependant pas à certaines divergences. Voltaire doit ainsi accepter l'ajout d'un prologue, mais refuse de troquer le personnage de Samson pour celui d’Hercule.

Peut-être ce point aurait-il permis sa publication, mais tel ne fut pas le cas. Une première version, présentée en septembre 1734, est censurée. Il est alors reproché la forme novatrice du livret, le non-respect de la lettre du texte sacré, ainsi que l'ajout d’éléments mythologiques au registre sacré. Une deuxième version, présentée en 1736, connaîtra un destin similaire. Le livret et la partition eurent alors deux destins différents.

Ainsi, le livret de Voltaire, déjà accusé d'impiété après l'affaire des Lettres philosophiques en 1734, circula par l'intermédiaire de nombreuses copies manuscrites jusqu'en 1742. Rameau, en revanche, s'opposa à toute publication de sa musique et préféra la réintégrer au sein de différentes œuvres postérieures, parmi lesquelles Castor et Pollux, Les Indes galantes, Les Fêtes d'Hébé, Zoroastre, mais aussi La Princesse de Navarre et Le Temple de la Gloire, deux projets communs avec Voltaire en 1745.

Ainsi, à défaut de reconstituer la lettre, Raphaël Pichon et Clau

Ainsi, à défaut de reconstituer la lettre, Raphaël Pichon et Claus Guth choisirent de restituer l’esprit. Le livret original — ou du moins ce qu’il en fut autopublié par Voltaire dans l'anthologie de ses œuvres — fut amendé pour se rapprocher davantage des écritures bibliques (des extraits du Livre des Juges sont d'ailleurs affichés tout au long de la représentation pour souligner et étoffer l’intrigue), et le personnage de Timna fut ajouté. Dalila devient désormais une amoureuse prise à son propre piège. Une fois le "scénario" écrit, Raphaël Pichon puisa dans les œuvres postérieures de Rameau — toutes celles mentionnées ci-dessus, à l’exception de La Princesse de Navarre, mais aussi Dardanus, Les Boréades, Les Paladins, Les Fêtes de Ramin — afin de mettre en musique le livret ainsi recréé, les paroles étant réécrites, avec la collaboration d'Eddy Garaudel, pour s’adapter à la nouvelle intrigue.

Klarafestival: Patricia Kopatchinskaja et Fazil Say, now or never

par

Patrica Kopatchinskaja
2023
Photo: Marco Borggreve

"We are now". Telle est l’accroche de la vingtième édition du Klarafestival, qui s’est ouverte le 20 mars à Bruxelles. Notre perplexité initiale face à ce slogan sibyllin, qui résonne a priori comme une lapalissade, s’est dissipée ce mardi au regard du programme qu’avaient concocté Patricia Kopatchinskaja et Fazil Say, et surtout de leur jeu d’une incroyable modernité.  

"Il n’y a sans doute rien de mieux que de respecter, admirer et étudier les morts illustres; mais pourquoi, de temps à autre, ne pas vivre aussi avec les vivants", affirmait Franz Liszt. Une proposition qui devient d’autant plus évidente à l’aune du propos de Charles Munch: "La musique contemporaine n’est-elle pas l’expression de notre temps ? Elle devrait être celle que l’on comprend le mieux. » 

Say et Kopatchinskaja sont de ceux qui savent rendre hommage aux génies qui nous ont précédés tout en vivant pleinement à leur époque. Ils nous l’ont encore montré ce soir, non seulement en proposant deux œuvres contemporaines aux côtés de « classiques » du répertoire des siècles derniers, mais aussi en jetant des ponts entre les unes et les autres et en s’efforçant de livrer des œuvres du passé une interprétation d’une profonde actualité, à mille lieues d’une lecture routinière, dont leurs personnalités hors normes n’auraient pu s’accommoder.      

Artiste en résidence du Klarafestival, Patricia Kopatchinskaja joue en tandem avec Fazil Say depuis une vingtaine d’années. « Fazil est une force tectonique », dit-elle à propos du pianiste turc. « Elle raconte une histoire comme personne », dit-il au sujet de la violoniste moldave.

Achevés il y a cent-dix ans, les Mythes Op. 30 de Karol Szymanowski demeurent profondément modernes. Le compositeur polonais annonçait à juste titre avoir créé dans ce cycle un « nouveau mode d’expression pour le violon ». Géniteur du violon impressionniste, Szymanowski y déploie, en effet, un large éventail de techniques de jeu et de timbres: harmoniques, trilles dans le suraigu, cascades de triples croches, glissements rapides de doubles cordes, micro-intervalles. Autant d’effets qui - à l’exception des derniers - n’étaient pas nouveaux mais que Szymanowski fut le premier à conjuguer: dans les passages en doubles cordes, l’une des deux notes peut être trillée; les trilles peuvent être joués sul ponticello; les tremolos peuvent être combinés à des glissandos, qui peuvent l’être à des harmoniques. La virtuosité, cependant, n’est jamais gratuite, mais au service de la plus sincère expression. 

Notre-Dame sans Cochereau : écho de quatre concerts des années 1970

par

Dans le cadre des auditions d’orgue du dimanche, ont joué à Notre-Dame de Paris. Nicolas de Grigny (1672-1703) : Ave Maris Stella. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Passacaille et Fugue en do mineur BWV 582. Louis Vierne (1870-1937) : Allegro [Symphonie no 2 en mi mineur Op. 20]. Charles Tournemire (1870-1939) : Paraphrase-Carillon [Office de l'Assomption]. Maurice Duruflé (1902-1986) : Suite Op. 5. Olivier Messiaen (1908-1992) : Transports de Joie [L’Ascension]. György Ligeti (1923-2006) : Volumina. Michel Chapuis, André Isoir, Odile Pierre, Xavier Darasse, orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Février 1971 à avril 1979 ; édition 2024. Livret en français et anglais. TT 77’01’’. FY Solstice SOCD 413