Révélation dans le répertoire Renaissance : Antoine Gosswin, un Liégeois à la Cour de Bavière

par

Antoine Gosswin (c1546-c1598) : extraits de messes, motets, chorals, chansons, madrigaux. Le Miroir de Musique. Miriam Trevisan, soprano. Sabine Lutzenberger, Tessa Roos, mezzo-soprano. Ivon Haun De Oliveira, Jacob Lawrence, ténor. Tim Scott Whiteley, basse. Claire Piganiol, harpes. Marc Lewon, cistre, viola d’arco. Aliénor Woltèche, violon. Elizabeth Rumsey, Brian Franklin, viole de gambe. Katharina Andres, bombarde, dulciane. Silke Schulze, dulciane. Etienne Asselin, cornet. Henry Van Engen, sacqueboute. Baptiste Romain, violon, direction. Octobre 2022. Livret en anglais, français, allemand (paroles en langue originale et traduction trilingue). TT 64’29. Ricercar RIC450 

Clôture du Printemps des arts 2024

par

Le Festival du Printemps des Arts s'achève par deux concerts de grande qualité. On a le plaisir de retrouver le Quatuor Parisii, à 18h dans le cadre magique de la Salle de Conférences du Musée Océanographique pour un Concert aux bougies (électriques) dans une semi-pénombre renforçant le caractère intimiste des œuvres de Haydn, Alvarado et Mozart. L'acoustique de la salle convient parfaitement aux instruments à cordes.

Le Quatuor Parisii propose en ouverture le Quatuor en si bémol majeur  “Lever du soleil” op.76 n°4 de Joseph Haydn L'interprétation des Parisii est caractérisée par la perfection, une complicité étonnante, pleine d'assurance et d'inventivité. Ils ont une sonorité ample avec des alternances entre chant et élans dramatiques. Le fabuleux adagio est particulièrement poignant.

Pour leur quarantième anniversaire, les Parisii ont commandé un quatuor au jeune compositeur Francisco Alvarado. Le Konsonanzenquartett, un clin d'œil au Quatuor "Les dissonances" de Mozart. Les Parisii alternent les mouvements des deux quatuors et c'est une sublime conversation à travers les siècles. L'oreille est constamment surprise, une expérience très enrichissante.

Hommage au hautbois dans le répertoire moderne français, par un grand maître

par

Éventail. Maurice Ravel (1875-1937) : Pièce en forme de Habanera ; Kaddisch. Claude Debussy (1862-1918) : Syrinx ; Petite pièce. Olivier Messiaen (1908-1992) : Vocalise-Étude ; Morceau de lecture. Charles Koechlin (1867-1950) : Le repos de Tityre Op. 216/10. André Jolivet (1905-1974) : Controversia ; Chant pour les piroguiers de l’Orénoque. Darius Milhaud (1892-1974) : Vocalise-Étude « Air » Op. 105. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Sonate Op. 166 ; Le rossignol. Robert Casadesus (1899-1972) : Sonate Op. 23. Heinz Holliger, hautbois, hautbois d’amour. Anton Kernjak, piano. Alice Belugou, harpe. Octobre 2021. Livret en anglais, français, allemand. TT 68’59. ECM new series 2694 485 9185

Chants russes par un chœur de l’Oural : un touchant chapelet de perles

par

Great Music of small forms. Œuvres de, et arrangements d‘après Mikhaïl Glinka (1804-1857), Alexandre Dargomyjski (1813-1869), Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908), Alexandre Varlamov (1801-1848), Anton Rubinstein (1829-1894), Alexandre Borodine (1833-1887), Mili Balakirev (1836-1910), César Cui (1835-1918), Vissarion Chebaline (1902-1963), Anatoli Novikov (1896-1984), Erast Abaza (1819-1855), Piotr I. Tchaïkovski (1840-1893), Viktor Kallinikov (1870-1927), Modeste Moussorgski (1839-1881), Anton Arenski (1861-1906), traditionnels. Chœur philharmonique d’Ekaterinbourg, Andreï Petrenko. Albina Shaikieva, Svetlana Peretalova, Maria Romina, soprano. Diliza Nadyrova, contralto. Dimitri Khrapov, ténor. Vladimir Ryzhkov, Andreï Bilenko, baryton. Septembre 2021. Livret en anglais, français, russe (pas de livret pour les paroles). TT 57’44. Fuga Libera FUG 800

Contrastes russes d'excellence avec Antonio Pappano

par

Nikolai Rimsky-Korsakov (1844-1908° : Shéhérazade, Op.35 ; Modest Moussorgsky (1839-1881) : Une nuit sur le mont chauve (versions orchestrale et chorale). Carlo Maria Parazzoli, violon ; Deyan Vatchkov, baryton ; Coro e Voci Bianche dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia - Roma, direction : Ciro Visco ; Orchestra Dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia - Roma, direction : Antonio Pappano. 2014-2019 et 2022.  Livret en : anglais, allemand et français. 68’30’’. Warner Classics. 5 054197 933691. 

La Scala de Milan redécouvre La Rondine

par

Pour la troisième fois seulement, la Scala de Milan propose La Rondine de Puccini dont l’Opéra de Monte-Carlo avait assuré la création le 27 mars 1917 en y affichant Gilda Dalla Rizza et Tito Schipa sous la direction de Gino Marinuzzi. Et c’est lui qui avait décidé de la présenter sur la scène milanaise le 24 janvier 1940 en n’en donnant que trois représentations avec Mafalda Favero et Giovanni Malipiero. Il faudra attendre cinquante-quatre ans pour la revoir en février 1994 lorsque Gianandrea Gavazzeni dirigera Denia Mazzola et Pietro Ballo dans la production de Nicolas Joël. 

En cette année 2024 où l’on commémore le centenaire de la mort de Giacomo Puccini, Riccardo Chailly se fait un point d’honneur de révéler cette Rondine selon l’édition critique de 2023 réalisée par Ditlev Rindom d’après une partition autographe antérieure à la première monégasque, retrouvée par Ricordi dans les archives de Torre del Lago. Par rapport à l’édition courante, elle comporte notamment 87 mesures supplémentaires et une instrumentation plus fournie au niveau percussion et timbales avec des trombones particulièrement mis en relief au troisième acte. Selon Riccardo Chailly interviewé par Elisabetta Fava pour la Rivista del Teatro, l’ouvrage trouve sa véritable dynamique par certaines danses telles que le quick step, le tango, la polka, le slow fox et la valse qui apparaît douze fois, occasionnant même un coup de timbale qui serait un hommage tant à Der Rosenkavalier qu’à Die Fledermaus. Le maestro prête aussi attention à la combinaison de timbres insolites que Puccini concocte en utilisant abondamment au deuxième acte la harpe, le célesta, le glockenspiel et même une basse de carillon non existante que les instrumentistes de la Scala tentent de suggérer. Du reste, il faut bien reconnaître que dans ce spectacle, l’orchestre est le principal protagoniste, quitte à couvrir parfois le plateau vocal qui doit en surpasser le mur sonore. Mais l’effet escompté de cette rutilance du canevas est payant, preuve en est donnée par les applaudissements délirants a scena aperta (à rideau ouvert) à la suite du concertato avec chœur « È il mio sogno che s’avvera! ».

Leonard Slatkin, maestro didactique 

par

Le grand chef d’orchestre Leonard Slatkin vient de publier un nouveau livre intitulé Eight Symphonic Masterworks of the Twentieth Century: A Study Guide for Conductors. Ce type d’ouvrage qui s’adresse aux chefs d’orchestre en formation est rare et précieux. Dans le même temps, Leonard Slatkin a été désigné consultant artistique auprès du Las Vegas Philharmonic. Crescendo Magazine s’entretient avec ce chef d'orchestre inarrêtable qui fourmille d’idées.  

Vous venez de publier un livre intitulé Huit chefs-d'œuvre symphoniques du XXe siècle. Ce livre s'adresse principalement aux apprentis chefs d'orchestre. Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Pendant la pandémie, je n'ai pas dirigé, mais j'ai pu faire de l'enseignement en ligne via la plateforme Zoom. Il s'agissait de sessions avec des chefs d'orchestre du monde entier, au cours desquelles nous discutions de différents aspects d'un morceau de musique particulier. C'est alors que j'ai commencé à me demander si ce que nous faisions pouvait exister sous forme de texte. Il n'y a pas beaucoup de livres qui vont aussi loin que le mien en ce qui concerne les nombreux aspects de l'étude des partitions.

Au début, je n'ai pas classé les partitions par catégories, mais mon éditeur voulait cibler des périodes spécifiques et ce premier volume est consacré aux œuvres du vingtième siècle. Le titre du livre est légèrement trompeur, car il peut être compris facilement par toute personne capable de lire une seule ligne de musique. J'espère donc que les musiciens y jetteront un coup d'œil et qu'ils comprendront tout ce qu'implique l'apprentissage d'un morceau de musique du point de vue du chef d'orchestre.

Comment avez-vous sélectionné les différentes partitions analysées dans ce livre ? 8 partitions, c'est beaucoup, mais c'est aussi peu par rapport au nombre de chefs-d'œuvre que le XXe siècle nous a laissés. 

J'ai dû choisir des partitions qui étaient facilement accessibles au lecteur. Des questions telles que les droits d'auteur interdisaient à peu près tout ce qui datait de la seconde moitié du XXe siècle. Mon objectif était de sélectionner huit œuvres que la plupart des chefs d'orchestre rencontreront d'une manière ou d'une autre au cours de leurs cinq premières années d'études. Pour tirer le meilleur parti de ce livre, le lecteur doit disposer à la fois de mon texte et d'une version de la partition, disponible facilement en ligne sur IMSLP ou dans les archives de l'Orchestre philharmonique de New York. Comme j'ai dû faire référence à des passages particuliers, il est essentiel de voir ce qui se trouve sur la page de la musique. J'explique également quelle édition j'utilise et pourquoi.

Renaud Capuçon, artiste de l'année des ICMA

par

Renaud Capuçon est l'artiste de l'année 2024 des International Classical Music Awards. Un simple coup d'œil à son calendrier de tournées ou à sa discographie suffit pour comprendre l'extraordinaire étendue de l'activité musicale du violoniste français. Les activités de Renaud Capuçon vont au-delà du travail de soliste et de musique de chambre -il est mentor, directeur artistique de festivals, chef d'orchestre et artiste engagé dans des causes sociales et civiques. Le musicien français s’entretient avec Ariadna Ene-Iliescu, collaboratrice de Radio România Muzical, membre du jury des ICMA.

Vous avez été désigné artiste de l'année par les International Classical Music Awards. Que représente cette récompense pour vous ?

C'est un grand honneur pour moi, bien sûr, en tant que musicien, en tant que violoniste. Je connais cette association et ce prix depuis longtemps et j'ai été absolument surpris, car je ne savais pas que je serais nominé. Lorsque je l'ai reçu, j'ai été très heureux ! C'est un honneur et c'est aussi une responsabilité pour un musicien en ces temps où la musique classique doit être vraiment défendue.

Le 12 avril, lors du gala des International Classical Music Awards à Valence, vous allez interpréter Thème varié de Charlotte Sohy, une surprise bienvenue dans le programme musical de la soirée. Qu'est-ce qui a déterminé votre choix ?

Eh bien, j'ai tout de suite proposé cette pièce. C'est un peu le petit frère du Poème de Chausson. J'ai découvert Charlotte Sohy, qui est une compositrice française, il y a deux ou trois ans, et je dois dire que je suis tombée amoureux de cette musique. Je l'ai trouvée, tout d'abord, incroyablement bien écrite. Et je pense que c'est aussi le bon moment pour jouer, pour découvrir la musique de compositeurs qui ne sont pas toujours les plus célèbres. En tant qu'artiste français, je suis très heureux de le présenter. Je suis sûr que ce sera la première fois que cette pièce sera entendue en Espagne avec un orchestre. Je l'ai moi-même jouée, mais jamais avec un orchestre. Je suis donc très enthousiaste !