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Hélène Grimaud revient à Monte-Carlo pour un récital réunissant Beethoven, Brahms et Bach dans un arrangement de Busoni.

Son attirance particulière pour le répertoire allemand reflète à merveille le choix des œuvres. La densité de son jeu s'accorde à merveille à ce programme germanique, à la fois monumental et fiévreux.

Le récital commence avec la Sonate n°30 op.109 de Beethoven. Grimaud joue ce chef-d'œuvre avec énergie, perfection et tendresse. Elle alterne les émotions qui passent de la sérénité au tumulte. Mais son interprétation n'a pas le feu auquel elle nous avait habitués dans le passé.

Brahms est un de ses compositeurs favoris. Sa version des Trois Intermezzi op.117 est de toute beauté. Un mélange de lyrisme doux-amer et de turbulences fulgurantes.  Elle exécute les deux premiers mouvements avec une fluidité limpide, tandis que le final mystérieux se déroule avec une touche mélancolique, pleine de retenue et de grâce.  Les voix sont époustouflantes dans l'ampleur de leur narration. C'est une interprétation profonde et émouvante.Après l'entracte elle donne une performance fascinante des Sept fantaisies op.116. 

La Suite pour orchestre n° 3 de Tchaïkovski, à Hanovre ou à Ekaterinbourg

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Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Suite pour orchestre n° 3 op. 55. Nikolai Tcherepnin (1873-1945) : La Princesse lointaine, prélude. Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Capriccio espagnol op. 34. NDR Radiophilharmonie, direction Stanislav Kochanovsky. 2024. Notice en français, en anglais et en allemand. 65’ 18’’. Harmonia Mundi HMM 905392.

Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Suite pour orchestre n° 3 op. 55 ; Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre op. 33. Boris Andrianov, violoncelle ; Orchestre philharmonique de l’Oural, direction Dmitry Liss. 2023. Notice en anglais, en français et en russe. 59’ 55’’. Fuga Libera FUG 834.

Rome, 1707, motets et cantates du jeune Haendel : deux nouvelles parutions

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Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Dixit Dominus HWV 232. Nisi Dominus HWV 238. Laudate pueri HWV 237. Carolyn Sampson, Johanna Winkel, Viktoria Wilson, soprano. Alex Potter, alto. Hugo Hymas, ténor. Andreas Wolf, basse. Rias Kammerchor Berlin. Akademie für Alte Musik Berlin, dir. Justin Doyle. Août 2022, septembre 2023. Livret en français, anglais, allemand ; paroles en latin et traduction trilingue. 61’15’’. Harmonia Mundi HMM 902723

Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Ero e Leandro HWV 150. Tra le fiamme HWV 170. Armida abbandonata HWV 105. Tu del ciel ministro eletto [Il Trionfo del Tempo e del Disinganno HWV 46a]. Nardus Williams, soprano. Dunedin Consort, dir. John Butt. Janvier 2024. Livret en anglais ; paroles en italien et traduction en anglais. 60’17’’. Linn CKD 747

À Angers, une soirée « Titanesque »

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C’est sous ce titre accrocheur que l’Orchestre National des Pays de la Loire convoquait son public pour son dernier concert d’abonnement dans un programme d’une densité peu commune. Les créations se suivent sans se ressembler à l’ONPL. Après Un Français à New York, parodie très réussie de Paul Lay d’après Gershwin créée il y a à peine une quinzaine de jours, voilà une autre commande avec Lo(i)re, brève pièce du compositeur français Aurélien Dumont, ex pensionnaire de la Villa Médicis à Rome et professeur de composition au CNSM de Lyon. Chanceux, le compositeur avait à sa disposition l’immense effectif orchestral exigé par la Première Symphonie de Mahler jouée après l’entracte. 

La musique de cet ancien élève de Gérard Pesson avant des études à l’IRCAM de Paris, intègre toutes sortes de modes de jeu dans un souci quasi naturaliste induisant une réflexion liée à l’écologie et « la problématique de l’Homme et de son environnement. » Lo(i)re, c’est bien sûr le fleuve majestueux dont la course s’achève à l’estuaire de Saint-Nazaire après un crochet à quelques kilomètres d’Angers, puis à Nantes, les deux ports d’attache de l’ONPL qui lui a commandé sa nouvelle partition. Quant à la parenthèse sur le « i », elle provient du terme « lore », un mot nouveau dérivé de « folklore », définissant l’histoire et les traditions autour d’un univers de fiction. Imaginant une histoire autour du fleuve sauvage qu’est la Loire, Aurélien Dumont a tissé un univers sonore fascinant utilisant l’orchestre traditionnel au grand complet avec une abondante percussion et des micro-polyphonies générées par des crépitements produits par le crin des archets, mais aussi avec l’emploi d’appeaux, créant une atmosphère de lever du jour (sans liens harmoniques et esthétiques avec celui de Ravel !) dans lequel surgit Fafner, le grotesque dragon wagnérien, figuré par un tuba. Cette courte pièce, suggestive et chatoyante par ses multiples bruissements, est des plus séduisantes. En présentant son oeuvre au public, Aurélien Dumont n’a pas manqué de rappeler la situation précaire de la culture dans notre monde tourmenté, particulièrement dans le département de Maine et Loire où les subventions ont été dramatiquement rabotées, créant un fâcheux modèle faisant peu à peu tâche d’huile sur le plan national.

Florian Noack fait swinguer les Années folles

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Tales of the Jazz Age. James Price Johnson : Charleston. Harry Akst (1893-1963)/Fats Waller (1904-1943) : Dinah. Fats Waller : Squeeze me ; Bye Bye Baby. Maurice Ravel (1875-1937)/Gil-Marchex (1892-1970) : Five o’clock Foxtrot. Francis Poulenc (1899-1963) : Valse, extraite de l’Album des Six ; Mouvements perpétuels. Clément Doucet (1895-1950) : Isoldina. George Gershwin (1898-1937) : Slap That Bass ; How long has this been going on ? ; What causes that ? Mischa Spoliansky (1898-1985) : Morphium. Kurt Weill (1900-1950) : Suite de L’Opéra de quat’sous, trois extraits. Erwin Schulhoff (1894-1942) : Suite dansante en jazz. Leo Ornstein (1893-2002) : Suicide in an Airplace. Florian Noack, piano. 2023. Notice en français, en anglais, en allemand et en japonais. 69’. La Dolce Volta LDV 137.

Magistral et grisant hommage à Sweelinck, pour consort de flûtes à bec

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The Orpheus of Amsterdam. Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) : Variations sur Ballo del Granduca SwW 319 ; Ab oriente venerunt magi SwW 153 ; Yeux, qui guidez mon âme SwW 231 ; Fantasia Fuga 7. Toni SwW 268 ; Onder een linde groen SwV 325 ; Marchans qui traversez tout le rivage More SwW 224 ; Fantasia a 3 SwW 275 ; Variations sur Malle Sijmen SwW 323 ; Pseaume 77 SwW 77 ; Fantasia d1 SwW 258. Jacob van Eyck (1590-1657) : Variations sur Onder de linde groene. Aspasia Nasopoulo (*1972) : Dans voor Orpheus van Amsterdam. Hester Groenleer (*1980) : Kettingreactie. The Royal Wind Music. Verena Barié, Francesca Clements, Kristy van Dijk, Hester Groenleer, Marco Magalhaes, Juho Myllylä, Filipa Margarida Pereira, Daniel Scott, Paul Schauenburg, Irene Sorazabal Moreno, Anna Stegmann, flûtes à bec. Hester Groenleer, Maria Martinez Ayerza, direction artistique. Livret en français, anglais, allemand. Novembre 2023. 59’43’’. Pan Classics PC 10462

Mendelssohn de raison avec Lahav Shani 

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Felix Mendelssohn (1806-1847) : Symphonie n°3 en ma mineur, MWW N18 “Écossaise” ; Mer calme et heureux voyage MWW P5 ; 3 Lieder sans paroles (orchestration de Lahav Shani). Rotterdam Philharmonic Orchestra, direction : Lahav Shani. 2022 et 2024. Livret en : anglais, français et allemand. 60’23’’. Warner Classics. 5021732 723253. 

À la découverte d’un Bizet moins fréquenté ou inédit, mais indispensable

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Georges Bizet (1838-1875) : Djamileh, opéra-comique en un acte ; Vasco de Gama, ode-symphonie ; Le Retour de Virginie et Clovis et Clotilde, cantates pour le Prix de Rome ; Musique chorale ; Mélodies ; Pièces pour piano. Karina Gauvin, Cyrille Dubois, Adèle Charvet, Reinoud van Mechelen, Isabelle Druet, et une dizaine d’autres chanteurs ; Célia Oneto Bensaid, Nathanaël Gouin, Florian Caroubi et Anthony Romaniuk, piano ; Flemish Radio Choir, Chœur de l’Opéra de Lille ; Orchestre national de Lyon, direction Ben Glassberg ; Le Concert de la Loge, direction Julien Chauvin ; Les Siècles, direction François-Xavier Roth ; Orchestre national de Metz, direction David Reiland. 2022 à 2024. Notices en français et en anglais. Textes chantés reproduits, avec traduction anglaise. 304’ 40’’. Un livre-disque de 4 CD Bru Zane 1059.   

Le festival Pianopolis à Angers : des générations d’âmes au clavier 

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Le festival Pianopolis a eu lieu du 27 mai au 1er juin. Pour cette troisième édition, deux temps particulièrement forts ont été offerts par deux femmes appartenant à deux générations éloignées : Elisso Virsaladze et Arielle Beck.

Récirtal d’Elisso Virsaladze : une leçon de piano

Le vendredi 30 mai, Elisso Virsaladze, née en 1942, qui a joué dans les salles les plus prestigieuses du monde, donnait son premier récital aux Greniers Saint-Jean d’Angers. Son art, unique, est tout un monde et impose le respect. Tout au long de la soirée en compagnie de Chopin, nous sommes frappés par ses rubatos extrêmement ondoyants, dans des mesures qui restent absolument rigoureuses. Ces mouvements subtils surprennent parfois par leurs originalités rythmiques ; ils sont si prodigieux qu’on se dit sans réserve qu’elle est peut-être la seule capable de produire de telles merveilles. Deuxième miracle : le son compact. À l’intérieur d’une dynamique très restreinte, elle exprime toutes les nuances que la partition exige. Ainsi, une montée vers une nouvelle section — notamment vers le début de la longue coda dans la Polonaise-Fantaisie ou de la Sonate n° 3 — ne débouche pas sur une explosion libératrice, mais la musique reste retenue en un certain sens, laissant à l’auditeur le soin d’entendre sa propre nuance. Dans la Troisième Sonate, sous ses doigts, plusieurs voix s’entrelacent et tissent une polyphonie aussi parfaite que celle de Bach, notamment dans la partie médiane du scherzo. Il s’agit d’une élaboration constante de la musique qui se déroule en direct, comme si elle se créait à nos oreilles. Les Nocturnes, Mazurkas et Valses suscitent la même sensation, avec un rubato encore plus mis en évidence. Les « refrains » de la Grande Valse op. 42 sont prodigieux d’agilité, de légèreté et de nuances. Chez elle, aucun pathos, aucun romantisme exacerbé, et pourtant, chacun les ressent intérieurement, guidé par la force de la musique — celle de Chopin, mais aussi celle qu’Elisso Virsaladze nous transmet à travers lui. Quelle leçon de piano !

Arielle Beck, jeunesse et maturité

Le lendemain, en fin d’après-midi, Arielle Beck, 16 ans, nous confirme que la maturité musicale n’est pas une question d’âge. Son programme — la Suite anglaise n° 2 de Bach, la Sonate en la mineur D. 784 de Schubert, la Première Sonate en fa dièse mineur op. 11 de Schumann — exige un sens de la construction et de la synthèse dont elle fait preuve avec une efficacité redoutable. Chaque pièce de la Suite anglaise est parfaitement bien cadrée dans son propre style, interprétée avec une rigueur admirable, même si elle ne laisse pas encore beaucoup de place à la fantaisie. Son Schubert est tout aussi solidement construit, chaque mouvement étant joué dans un tempo adéquat. Si l’expression de l’éternité et de l’intériorité propres à la musique du compositeur est encore à venir, Beck sait déjà mettre en avant la notion de temps suspendu, et celle du chant, si essentiels chez Schubert. À travers la Sonate de Schumann, elle fait montre d’une rigueur d’architecte. Telle une façade ou un intérieur contrasté par des éléments variés savamment introduits, elle exprime la douceur ici, la passion là, où l'inquiétude à un autre endroit. Bref, elle entre aisément dans le langage schumannien, fait d’oscillations d’humeur. Après un tel programme, la pianiste joue en bis les Variations sérieuses de Mendelssohn, avec une maîtrise ahurissante de précision et de structure. Là encore, son sens de la construction fait merveille : la longue montée vers la fin, avec une accalmie chorale au milieu, puis le retombé final, exprimant une sorte d’introspection après tant d’agitation… Tout y est mis en place avec une intelligence stupéfiante, rendant cette œuvre le sommet de la soirée.