Hommage à Corbetta, guitariste des rois, tressé par I Bassifondi

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La Guitarre Royalle. Francesco Corbetta (1615-1681) : extraits de De gli scherzi armonici, Varii caprricii per la ghittara spagnuola, La Guitarre Royale (Paris 1671, 1674). Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : La Généralle de la Garde françoise. Robert De Visée (c1650-c1732) : Tombeau de Mr. Franc.que [Livre de Guitarre dédié au Roy]. I Bassifondi. Simone Vallerotonda, guitare, colachon, théorbe. Stefano Todarello, colachon, théorbe, chitarra battente. Gabriele Miracle, percussion, colachon. Bor Zuljan, guitare. Monica Piccinini, Francesca Boncompagni, soprano. Davide Benetti, basse. 2023. Livret en anglais, français, italien. 55’45''. Arcana A556

L’Elisir d’amore de Donizetti à Londres, une éclatante réussite 

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Gaetano Donizetti (1797-1848) : L’elisir d’amore, opéra en deux actes. Nadine Sierra (Adina), Liparit Avetisyan (Nemorino), Boris Pinkhasovich (Belcore), Bryn Terfel (Docteur Dulcamara), Sarah Dufresne (Giannetta) ; Royal Opera Chorus ; Orchestre du Royal Opera House, direction Sesto Quatrini. 2023. Synopsis en anglais. Sous-titres en anglais, en français, en allemand, en italien, en japonais et en coréen. 139’00’’ + 9’ d’extras. Un DVD Opus Arte OA1385D. Aussi disponible en Blu Ray. 

Œuvres pour violon solo de Johnan Helmich Roman interprétées par Sue-Ying Koang : Une découverte enthousiasmante !

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Johnan Helmich Roman (1694-1755) : Œuvres pour violon solo : Övning en ut mineur BeRI 339 Övning en mi bémol majeur BeRI 332 - Övning en fa majeur BeRI 348 – Assaggio en mi mineur BeRI 312 - Övning en la majeur BeRI 337 – G.B. Pergolesi : Stabat Mater (Amen) transcription de J.H. Roman - Assaggio en fa dièse mineur BeRI 313 - Assaggio en la majeur BeRI 317 - Övning en mi mineur BeRI 347 -  Övning en sol mineur BeRI 336 - G.B. Pergolesi : Stabat Mater (fac ut ardeat cor meum (transcription de J.H. Roman).  Sue-Ying Koang, violon. 2023. Livret en français et en anglais.  67’29. Indesens Calliope IC038.

Baroque de stars chez Warner avec  Nemanja Radulović et Alison Balsom

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : “Sicilienne” de la Sonate pour flûte BWV 1031, Concerto pour hautbois et violon BWV 1060R, “Prélude” de la Suite pour violoncelle n°1 BWV 1007 ; “Erbarme dich” de la Passion selon St Matthieu BWV 244 ; Concerto pour violon en ré mineur, BWV 1052R ; “Badinerie” de la Suite pour orchestre n°2. Nemanja Radulović, violon ; Stéphanie Fontanarosa, clavecin ; Sébastien Giot, hautbois ; Philippe Jaroussky, contre-ténor ; Double Sens. 2024. Livret en français, anglais et allemand. 61’16’’. Warner Classics. 5021732399549. 

Baroque concertos. Concertos pour trompettes d’Antonio Vivaldi (1678-1741) ; Tomaso Albinoni (1671-1751) ; Alessandro Marcello (1673-1747) ; Georg Philipp Telemann (1691-1767) ;  George Frideric Handel (1685-1759). Transcriptions pour trompette piccolo et orchestre baroque par Simon Wright. Alison Balsom trompette ; Pinnock’s Players, direction et clavecin : Trevor Pinnock.  2024. Livret en anglais, français et allemand. 63’36. Warner Classics.  50217323273291

Concert hommage à Gabriel Fauré : un dialogue raffiné entre Keigo Mukawa et Cristian de Sá

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À l’occasion du centenaire de la disparition de Gabriel Fauré, le pianiste Keigo Mukawa et le violoniste Cristian de Sá s’unissent pour un concert-hommage à Paris, dans le cadre intime et raffiné de la Salle Cortot. Ce programme, centré autour des deux Sonates pour violon et piano de Fauré, explore un demi-siècle de créativité musicale à travers deux œuvres contrastées par leur style et leur approche harmonique.

Si Keigo Mukawa est connu des mélomanes français et belges grâce à ses deuxième et troisième prix respectivement aux concours international Long-Thibaud (2019) et Reine Elisabeth (2021), Cristian de Sá, d’origine italo-portugaise et de nationalité anglo-portugaise, n’est pas encore familier de nos publics. Pourtant, il est nommé « Jeune star classique » par Classic FM, il mène une carrière internationale à Amsterdam, Londres, Salzbourg, Bucarest, Lisbonne, Madrid et tant d’autres villes. 

Les deux sonates pour violon et piano de Fauré, composées à près de quarante ans d’intervalle, témoignent de l’évolution stylistique du compositeur et des bouleversements artistiques de son époque. La Première Sonate op. 13, écrite en 1876, est empreinte d’un lyrisme post-romantique et d’une grande richesse mélodique. En revanche, la Seconde Sonate, op. 108, composée en 1917, s’inscrit dans une esthétique personnelle, marquée par un langage plus introspectif. À travers ces deux œuvres, Mukawa et de Sá dévoilent non seulement la continuité dans l’écriture fauréenne mais aussi les nuances, plus raffinées et délicates, qui émergent avec le temps.

Pour compléter ce programme, les deux musiciens interprètent également la Sonate posthume de Maurice Ravel, une œuvre rare du répertoire. Bien que distincte des sonates de Fauré, cette pièce révèle un hommage discret au maître par Ravel, son ancien élève. Dès les premières notes, Mukawa et de Sá instaurent une atmosphère d’une grande sensibilité, mettant en valeur les subtilités harmoniques et les variations d’intensité de l’œuvre. Les deux interprètes, par leur approche à la fois précise et poétique, font vibrer la richesse de cette sonate méconnue avec une sensibilité proprement ravélienne.

Recueillement pascal dans le répertoire baroque d’Allemagne du nord

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A German Passion, 17th Century Music for the Time of Lent and Easter. Œuvres de Dieterich Buxtehude (1637-1707), Johann Christoph Demantius (1567-1643), Heinrich Schütz (1585-1672), Hans Leo Hassler (1564-1612), Jacob Handl (1550-1591), Dieterich Becker (c1623-1679), Johann Michael Bach (1648-1694), Andreas Hammerschmidt (1611-1675), Matthias Weckmann (1616-1674), Heinrich Scheidemann (1595-1663), Samuel Scheidt (1587-1654), Johann Crüger (1598-1662). Margreet Rietveld, Marjon Strijk, soprano. Helena Poczykowska, alto. Kevin Skelton, ténor, co-direction. Gunther Vandeven, baryton. David McCune, basse. Marit Broekroelofs, viole, direction. Margaretha Consort. Sietze de Vries, orgue. Livret en anglais et allemand ; paroles en allemand et traduction en néerlandais, présentation détaillée des pièces en néerlandais sur le website de l’ensemble. Février 2023. TT 75’11. Naxos 8.55148

Découvertes posthumes

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La récente découverte d’une sérénade de Mozart et d’une valse de Chopin, toutes deux inconnues jusqu’alors mais authentifiées, m’incite à revenir sur l’éternel débat sur les dernières volontés de nos chers compositeurs. Dukas ou Duparc nous ont rendu un grand service en détruisant tout ce qu’ils ne voulaient pas voir exhumé après leur mort. Mais ce sont des exceptions. Tous les grands compositeurs font l’objet de cette chasse à l’exhumation, souvent malsaine quand elle devient trop inquisitrice. Périodiquement, quelques feuillets beethovéniens inédits passent dans des ventes prestigieuses. On en trouvera encore dans un siècle ou deux. Même chose pour Debussy, grâce (ou à cause) de la générosité de sa veuve qui distribua aux fans de son défunt mari des pages inédites, souvent sans discernement. On a déjà pu reconstituer une bonne partie de La Chute de la Maison Usher, le trio et la symphonie pour piano à quatre mains, sans compter de nombreuses mélodies ou des pièces pour piano. Le cas de Rodrigue et Chimène est plus compliqué. La Symphonie inachevée de Schubert n’est toujours pas terminée, malgré plusieurs tentatives très sérieuses mais peu convaincantes de Brian Newbould. À l’écoute de la Fantaisie pour piano et orchestre de Schumann, on comprend pourquoi il l’a remaniée pour en faire le premier mouvement de son concerto. Mahler n’a pas terminé sa Dixième Symphonie dont l’orchestration d’Ernst Krenek et Franz Schalk pour l’Adagio ou les différentes versions “terminées” de Deryck Cooke ou de Yoel Gamzou pour l’ensemble de l’œuvre me semblent parler une autre langue que celle de l’auteur du Chant de la terre. On sait quels dommages (bien intentionnés) Rimski-Korsakov a causés à l’œuvre de Moussorgski. Quant au Concert à quatre de Messiaen, il se chuchote qu’il serait davantage de la plume d’Yvonne Loriod que de celle de Messiaen. Dois-je poursuivre? Tchaïkovski et sa Septième Symphonie, Bartók et son Concerto pour alto, sans compter les fantasmes autour d’œuvres dont l’existence ne tient qu’à des témoignages ou à une lecture entre les lignes de lettres et écrits divers (Dixième Symphonie de Beethoven dont Barry Cooper a recréé un premier mouvement assez laborieux, Huitième Symphonie de Sibelius, Huitième Symphonie également de Prokofiev). Sans parler de l’intelligence artificielle…

Picture a Day Like This de George Benjamin à l'Opéra Comique

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L’œuvre, qui s’étend sur un peu plus d’une heure, est traversée par une atmosphère perpétuellement mystérieuse et inquiétante. Au commencement, un silence. Ce silence dense et troublant précède le début de l’histoire, instaurant une attente qui saisit l’auditoire. La scène, faiblement éclairée, dévoile un enclos aux parois de miroirs, renvoyant à chaque personnage le reflet de sa propre image.

La protagoniste, une mère en deuil, exprime d'abord la perte de son enfant avec un détachement apparent, presque distant, avant que la douleur ne l’envahisse. Elle lit alors dans un livre : « Trouve une personne heureuse en ce monde et prends un bouton de la manche de son vêtement. Fais-le avant la nuit et ton enfant vivra ». Commence alors son voyage initiatique, ponctué de rencontres singulières : Les Amants en extase, L’Artisan fier de ses créations, La Compositrice au sommet de sa gloire parcourant le monde, Le Collectionneur qui détient tous les chefs-d’œuvre du globe, et Zabelle habitant son jardin-paradis. Tous se disent heureux, mais finissent par révéler une angoisse profonde et un malheur qu’ils ne parviennent pas à apaiser. La Femme trouvera-t-elle alors ce qu’elle est venue chercher ?

Le livret se compose de phrases courtes, parfois hachées, évoquant le déchirement intérieur des personnages. Ces fragments de texte prennent vie dans une musique construite sur des micro-intervalles ou de larges sauts d’intervalles, signature caractéristique de l’écriture de George Benjamin. D’une atmosphère calme rendue par les micro-intervalles surgissent parfois des éruptions de sentiments intenses, soulignées par ces écarts soudains. Benjamin affine également la caractérisation de chaque scène et personnage grâce à des choix instrumentaux subtils : pour la scène des Amants, par exemple, il recourt à un instrumentarium particulier comprenant des flûtes ténor et basse ainsi qu’une clarinette contrebasse.

Josef Krips, Mozart mais pas que !  

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Josef Krips Edition. Volume 1 1947-1955. London Symphony Orchestra, London Philharmonic Opera, Wiener Philharmoniker, Concertgebouworkest, direction : Josef Krips. Livret en anglais. 22 CD Decca  484 4780

Josef Krips Edition. Volume 2. 1955-1973. London Symphony Orchestra, Wiener Philharmoniker, Wiener Symphoniker, Concertgebouworkest, Israel Philharmonic Orchestra, direction : Josef Krips. Livret en anglais. 21 CD Decca  484 4829. 

Tap virtuoso à La Fab. 

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Entourée de tableaux de la collection d’Agnès b. dont certains sont décrochés des murs au fur et à mesure que le public prend place dans ce nouvel espace, une scène surélevée fait face aux spectateurs. Bientôt les œuvres de Bach, de Scarlatti, de Beethoven ou encore de Chopin se mélangeront aux rythmes des « chaussures magiques » d’Aurélien Lehmann, créant des lignes polyphoniques insoupçonnées.

D’octobre à juin, la galerie d’art contemporain La Fab. présente, en complicité avec Sylvie Valleix, sa propre saison musicale ponctuée par quatre performances, toutes dédiées au piano.

Pour cette première expérience, La Fab. a accueilli un duo pas comme les autres. Accompagné de Vessela Pelovska, pianiste des répétitions et chef de chant du ballet pour le ballet de l’Opéra national de Paris depuis 1999, le tap dancer virtuose Aurélien Lehmann a proposé une révision de nos classiques. Il a ainsi chorégraphié la marche turque de Mozart ou encore imaginé une promenade de Schubert dans les rues de Vienne au son des claquettes imitant les bruits d’une calèche. Bien sûr, nous avons eu droit à « I Got Rhythm » de George Gershwin, et le plus étonnant est que cette tradition venant de Broadway n’a pas du tout habillé Bach en paillettes. Bien au contraire, elle a su s’intégrer dans sa polyphonie, jouant aussi bien sur les nuances que sur les différents motifs contrastants.