Le père et le beau-fils à la fête !

par

Josef SUK
(1874-1935)
Fantaisie en sol mineur pour violon et orchestre op. 24
Antonin DVOŘÁK
(1841-1904)
Concerto pour violon et orchestre en la mineur op.53
Romance pour violon et orchestre en fa mineur op. 11
Christian Tezlaff, violon, Helsinki Philharmonic orchestra, dir.: John Storgårds
2016-SACD-66'32''-Texte de présentation en anglais, allemand et finlandais - 1 CD Ondine ODE1279-5

On reste en famille puisque cet enregistrement contient, à l'exception de la mazurek op. 49, toutes les œuvres pour violon et orchestre écrites par Antonin Dvořák et par Josef Suk, le mari de sa fille Otilie (1878-1905).
Ce n'est pas un hasard si Christian Tezlaff a mis ce pseudo concerto de forme libre qu'est la fantaisie de Suk en première piste de ce CD : son vibrato sert à la perfection la grandeur romantique de l'œuvre. Les Josef Suk forment une dynastie. Josef Suk (1827-1913), le père de celui qui nous concerne ici, était maître de chapelle à Křečovice. Josef Suk (1874-1935), le beau-fils de Dvořák est le père de Josef Suk (1901-1951) et le grand-père de Josef Suk (1929-2011), le violoniste bien connu de la seconde partie du XXème siècle qui, avec Karel Ančerl, nous avait déjà donné dans les années 60 cette fantaisie trop méconnue couplée avec le concerto de son arrière grand-père.
La qualité des concertos de Dvořák a évolué avec son métier du compositeur. Ses deux premières symphonies sont déjà écrites lorsqu'il compose en 1865 son premier concerto pour violoncelle en la majeur qui, de la main du compositeur, n'existe que sous forme de manuscrit avec réduction de l'orchestre au piano. Postérieur de plus de dix ans, son concerto pour piano en sol mineur reste relativement marginal et n'est jamais réellement entré au répertoire des grands concertos. Avant la totale réussite du concerto pour violoncelle en si mineur de 1895, le concerto pour violon en la mineur de 1880 enregistré ici n'a pas non plus la notoriété de celui de Brahms, de Tchaïkovski ou même de Bruch. C'est pourtant un chef d'œuvre d'équilibre. Les trois mouvements sont de durées égales (autour de 10 minutes). Pour reprendre les termes de Guy Erismann, un des biographes de Dvořák, le premier mouvement d'une généreuse expressivité mélodique précède une sorte de prière d'une tendre et noble élévation avant de conclure par un allegro giocoso, un furiant d'un rythme endiablé éclatant de vie. Le CD est complété par la romance op.11, une version retravaillée pour violon et orchestre du mouvement lent du 5ème quatuor en fa mineur op.9.
De toutes ces compositions, Christian Tezlaff offre des versions superbement structurées et engagées dans un parfait dialogue avec l'orchestre en y mettant toute la personnalité et la maturité qu'on lui connaît. Une version à recommander sans réserve.
Jean-Marie André

Son 9 – Livret 8 –  Répertoire 10 – Interprétation 10

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