L’Orchestre Symphonique de Singapour à la Philharmonie de Berlin

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Invité du Dresdner Musikfestspiele, l'Orchestre Symphonique de Singapour sous la direction de Lan Shui et le violoncelliste Jan Vogler le 23 mai à la Philharmonie de Berlin © Oliver Killig

L’orchestre Symphonique de Singapour entamait, dans le cadre prestigieux de la Philharmonie de Berlin, une tournée européenne qui va le mener à Munich, Dresde, Prague et Mannheim avec des programmes ambitieux.
Fondé en 1979, ce jeune orchestre s’est rapidement imposé comme une référence en Asie. Sous la direction de son directeur Lan Shui, il avait attiré l’attention des commentateurs par ses disques publiés par le label Bis et par des tournées, dont une apparition acclamée aux BBC Proms de Londres en 2014. Fort de 20 nationalités différentes et représentants de prestige d’une ville multiculturelle et ouverte sur le monde, la phalange peut compter sur des renforts internationaux, ainsi l’altiste Ning Shi, chef de pupitre et soliste à l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et professeur à l’IMEP de Namur, a été convié à rejoindre le pupitre d’altos pour cette tournée.
Le concert berlinois était particulier car, outre le prestige de la salle (où l’orchestre de Singapour s’était déjà produit en 2010), il était proposé par le Festival de Dresde qui bat actuellement son plein sous la houlette de Jan Vogler son charismatique et communicatif directeur.
En ouverture de concert, l’orchestre offrait la pièce Of An Ethereal Symphony  du jeune compositeur de Singapour Chen Zhangyi. De forme brève, cette partition, bien écrite témoignait d’une sensibilité entre le monde occidental (Chen Zhangyi a étudié aux USA) et l’Asie dans le raffinement des timbres orchestraux. On percevait une belle maîtrise de l’instrument orchestral qui ne demandera qu’à s’affirmer avec le temps. Très populaire en Allemagne, le violoncelliste Jan Vogler interprétait le Concerto pour violoncelle de Robert Schumann avec un sens rhapsodique et narratif qui convient à cette œuvre. Devant le succès public, le musicien revenait pour un extrait d’une Suite de Jean-Sébastien Bach.
La seconde partie se voulait un feu d’artifice de valses avec la grande suite du Chevalier à la Rose et la Valse de Maurice Ravel. Destinées à faire briller les pupitres, ces deux partitions trouvent, en l’Orchestre de Singapour, une phalange affutée et répondant aux sollicitations de son chef. On appréciait particulièrement les dynamiques de l’orchestre et la qualité d’écoute des pupitres (en particulier des vents). Ces deux œuvres plantureuses et triomphatrices ne rassasiaient pas un public qui en redemandait et qui se voyait remercié par la pétaradante « Marche » des Métamorphoses Symphoniques sur un thème de Carl Maria von Weber de Paul Hindemith.
On ressortait de ce concert séduit par la qualité et le potentiel d’un orchestre qui va, sans nul doute, continuer de nous captiver.
Pierre-Jean Tribot
Berlin, Philharmonie, le 23 mai 2016

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