A la découverte de Benjamin Godard avec Eliane Reyes

par

0126_JOKERBenjamin GODARD
(1849 - 1895)
Sonate pour piano n°2 op.94 - "Sonate fantastique" op. 63 - Promenade en mer op. 86 - Sur la mer op. 44* - Au matin op. 83* - Conte de fée op. 62*
* premier enregistrement mondial
Eliane Reyes (piano)
2015-DDD-69'40''-Textes de présentation en anglais, français, allemand-Grand Piano GP683

Reyes2Rêve vécu op. 140 - Nocturne n°1 op. 68 - Nocturne n°2 op. 90 - Nocturne n°3 op. 139 - Nocturne n°4 op. 150 - 3 Morceaux op. 16 - Fantaisie op. 143 - Renouveau op. 82 - Fragments poétiques op. 13 
Premier enregistrement mondial
Eliane Reyes (piano)
2016-DDD-69'40''-Textes de présentation en anglais, français, allemand-Grand Piano GP684

Est-ce le travail du Palazzetto Bru Zane qui s'attache à sortir de l'oubli les oeuvres romantiques françaises ? Est-ce un heureux hasard ? Toujours est-il que des enregistrements de Benjamin Godard fleurissent un peu partout... et il reste beaucoup de travail pour faire le tour de son oeuvre : 3 symphonies, 4 concertos, 8 opéras, 3 quatuors à cordes, 4 sonates pour violon et piano, de la musique de chambre, 2 sonates et quantités de petites ou plus grandes pièces pour le piano, quantités de mélodies. Mais qui le connaissait jusqu'à aujourd'hui ? Ses contemporains. Il était considéré alors comme un des compositeurs français les  plus prometteurs et était adulé tant dans son pays que dans toute l'Europe. Que s'est-il passé? Il composait à l'heure où Wagner régnait en maître, et, d'origine juive, il éprouvait de la haine pour ce compositeur et ne se gênait pas pour le dire et éviter son influence. De plus, ses oeuvres, contemporaines de l'écriture innovante de Debussy et Ravel, ne répondaient pas à l'ambition de la modernité. Egalement excellente plume pour croquer les événements sur le ton humoristique et poète -il mettra certaines de ses poésies en musique- Benjamin Godard a de nombreuses connections avec la Belgique que prolonge ici Eliane Reyes : son opéra le plus célèbre, Jocelyn, fut créé à la Monnaie de Bruxelles en février 1888 et sa Sonate n°2 était dédiée au pianiste belge Auguste Dupont.
A l'écoute, on est ravis. Benjamin Godard a la facilité d'écriture de Mendelssohn, ses Nocturnes sont autant de Romances sans paroles, les couleurs de ses atmosphères le rapprochent de Brahms ou parfois encore Schumann, l'Intermezzo de la Fantaisie op. 143 nous rappelle les Impromptus de Chopin. Mais ne pensez surtout pas qu'il y a là pastiche car la plume de Godard reste personnelle et gageons que, quand son oeuvre sera plus connue, on reconnaîtra facilement le compositeur parmi les siens.
Le premier CD comporte les deux grandes sonates du compositeur dont la 2e, en quatre mouvements, comporte pour chacun un titre descriptif (Les Génies de la forêt - les Farfadets - la Fée d'Amour - les Esprits de la mer) qui n'échappe pas à Eliane Reyes par le ton tantôt mutin, tantôt menaçant qu'elle traduit par un toucher toujours en éveil, des couleurs changeantes, une virtuosité bienvenue. Dans les petites pièces dont la plupart sont des premiers enregistrements mondiaux (Joumi Somera avait déjà enregistré l'opus 86 en 2012 pour un label finlandais confidentiel), elle nous conte à chaque fois une histoire avec aisance et naturel. Une très belle découverte servie par une très belle pianiste.
Bernadette Beyne 

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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