A l’OSR,  le pianiste Paul Lewis à la rescousse  

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Pour sa série de concerts ’Espressivo’, l’Orchestre de la Suisse Romande invite un chef letton, Andris Poga, actuel directeur musical de l’Orchestre National de Lettonie et, en soliste, le pianiste britannique Paul Lewis. 

Et c’est lui qui ouvre les feux avec le 27e Concerto en si bémol majeur K.595 de Mozart en bénéficiant des demi-teintes tragiques d’un canevas instrumental ne comportant que huit premiers et huit seconds violons pour imposer un phrasé sobre qui masque le cafouillage des bois et une ligne de chant élégante qui, sporadiquement, se voile de tristesse. Le Larghetto est développé dans un son racé qui, dans le cantabile, épouse le phrasé des vents, tandis que le rondò final contraste par une apparente espièglerie que sous-tend une énergie pré-beethovenienne. Et c’est justement au maître de Bonn et à ses Bagatelles op.126 qu’il emprunte un bis empreint d’une indicible mélancolie.

En seconde partie, est présentée la Sixième Symphonie en la majeur d’Anton Bruckner, l’une des partitions souvent laissée de côté par rapport aux monumentales Cinquième et Septième, bien mieux connues. A la tête d’une formation imposante comportant à raison vingt-quatre premiers et seconds violons, Andris Poga aborde le Maestoso initial avec une retenue précautionneuse que lacère l’intonation erratique des cors afin de faire émerger la grande phrase lyrique des archets. Mais la raideur des tutti rend le développement massif comme du granit. Beaucoup trop oratoire, l’Adagio aux couleurs exacerbées attendant l’apparition du troisième thème  pour que l’échange des motifs de cordes amène finalement une relative transparence. Sur un dessin précis des basses s’échafaudent le Scherzo puis le Finale opposant d’astringents blocs sonores dépourvus de réelle assise qui débouchent sur une péroraison triomphante sans impact émotionnel pour qui a entendu, sur la même scène, en mars dernier, Esa-Pekka Salonen et le Philharmonia Orchestra dans une Septième de Bruckner mémorable... Triste !                

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 27 novembre 2019

Crédits photographiques : Johan Jacobs

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